Chapitre 24 - 1

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Aussitôt, j'appelle ma sœur. J'ai besoin de parler de tout ça. Elle décroche dans la seconde.

« Salut mon chat, comment vas-tu ?

— Bonjour Lauren... Ecoute... Pas fort.

— Il y a un problème à Paris ? Ton studio ? Tu me disais que c'était parfois compliqué mais que tu t'en sortais non ?

— Disons qu'il y a eu des événements plus perturbants...

— Dis-moi Jérémy ! S'il te plaît...

— J'ai emménagé dans une colocation avec Marshall, que tu connais sous le nom de Malcom. Notre relation est tendue parce qu'il semble vouloir plus que ce qu'on vit actuellement.

— C'est trop récent avec Arnaud, c'est ça ?

— Clairement. Et je n'ai pas envie d'avoir une liaison avec un acteur...

— Ah... c'est plus complexe effectivement...

— Mais le problème n'est pas là...

— Ah bon ?!

— J'ai revu Romain.

— Romain de ton collège ? Il était adorable, je me souviens.

— Il a essayé de me forcer à... »

Notre silence mutuel en dit long sur les émotions mêlées et complexes que nous ressentons. Je reprends mon souffle et continue.

« J'en ai parlé avec ma psy, mais j'ai l'impression que ça ne suffit pas. Ou du moins que ce n'est pas exactement ce dont j'ai besoin. Elle a bien vu que malgré tout je n'étais pas traumatisé.

— C'est ce qui t'inquiète, n'est-ce pas ?

— On m'a donné un tranquillisant le jour en question. Je pense que mon cerveau s'est déconnecté de la réalité.

— Ce n'est pas le cas, vu que tu m'appelles pour me dire que tu ne comprends pas ta réaction ».

Je rigole face à cette simple remarque qui résume assez bien mon fonctionnement.

« Tu oublies aussi qu'encaisser les coups est, en quelque sorte, ta spécialité. Tu n'as pas qu'une carapace, qu'une protection. Au contraire. Tu t'en es forgé des dizaines. Et ce connard n'a même pas fait vaciller l'une d'entre elles ».

Ce n'est pas faux, au fond. Entre mes parents, mon entreprise, les épreuves personnelles, voilà bien longtemps que je suis capable de prendre du recul sur tout ce qui se passe. Comme si la réalité n'était qu'un fragment de ce que je ressens réellement. Comme si elle ne pouvait pas atteindre mon être dans son entièreté.

« Merci Lauren. Merci de m'avoir rappelé tout cela. Ni lui ni personne ne pourra m'empêcher de faire ce que je veux.

— Et si je le croise, je lui démonte la tête ».

Lauren et son calme olympien.

Vie et mort d'un acteur (B&B)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant