Je ne savais comment réagir alors je suis partie dans ma chambre pendant une heure ou deux sans que personne ne vienne me chercher. Tout le monde avait très bien compris ce qu'il s'était passé dans mon cœur. Au bout de deux heures, j'ai pris la décision d'appeler Sinclair. Il me demanda si vraiment cela changea notre relation le fait qu'il ait eu une histoire avec ma sœur. Il me dit que si nous venions à sortir ensemble, Nath' et moi, qu'importe les filles qu'il a rencontrées avant, le plus important c'est ce qu'il pense de moi. Mon grand blond savait comment me remonter le moral, il savait aussi comment me faire réfléchir. Et il avait raison en soi. Quelle malédiction égoïste m'étais-je lancée pour penser que son histoire avec Belle aurait pu changer ce qu'il se passait entre nous ? Si je décidais de lui faire confiance sur ce qu'il ressentait pour moi, il fallait que la confiance soit totale. Pourquoi accepter les mots d'amour si l'on n'accepte pas le passé ? Et puis c'est aussi une confiance envers ma sœur à adopter. Ma sœur ne me ferait pas souffrir, elle m'avait vu la première fois, elle avait compris que j'habitais là, elle devait se douter de ce qu'il se passait. Elle ne s'y serait pas prise comme ça si elle pensait que c'était une mauvaise idée. Alors je me suis relevée et j'ai repris mes esprits.
Après être sortie de ma tanière, j'eus le droit à une grande explication de la part de Belle, claire et concise. Ils s'étaient rencontrés via Tinder lorsque Belle était en pause avec Remy. Elle voulait l'oublier et tomba sur Nathanaël. Ils se sont aimé une courte semaine, mais dès que Belle eut un doute concernant sa rupture avec Remy, Nath' disparut aussitôt sans laisser de trace. Le problème n'était pas sa disparition soudaine vu qu'elle allait se remettre avec Remy, mais elle avait laissé des affaires chez Nathanaël lors d'une soirée et voulait les récupérer. Étrangement, cela ne me surprit pas. Connaissant à la foi ma sœur et Nath', tout me semblait logique.
Suite à ça nous prime l'après-midi pour discuter avec ma sœur qui fut tout de suite validée par LG2D. Je me sentais étrangement plus à l'aise après ça, comme si un soutien nouveau venait d'apparaître dans ma vie. Mais cela restait bizarre, elle tirait sur un joint, buvait des coups, elle qui était la petite fille pure de la famille, contrairement à moi qui n'étais qu'une imposture. J'eus le sentiment que j'étais moins bizarre que je le pensais. Après tout, ma sœur qui me faisait penser que j'étais différente, cassée, mauvaise, erronée, elle aussi était tombée dans les bras de Nath'. Ça ne pouvait donc pas être moi le problème. À moins que toutes les femmes agissent de la même manière avec lui, peu importe leur pureté ou leur vécu. Kvmo s'était directement épris de Belle. Ses cheveux blonds, ses grands yeux verts, malgré ses vingt ans, elle en paraissait encore seize, et étrangement, ça attirait beaucoup plus de garçons que je ne l'aurais pensée. Moi qui ai cru pendant longtemps que les hommes voulaient de vraies femmes.
Dans un désir de s'intégrer au groupe, Belle nous informa d'un évènement auquel elle allait participer. Que beaucoup de personnes populaires allaient y aller, un énorme festival sur les berges du Lac des Sirènes qui se trouvait Dubstown et Charlatown. Kvmo bascula légèrement la tête de haut en bas pour signifier à Nath' que c'était une bonne idée. Nathanaël n'avait pas très envie d'aller à Charlatown et accepta à la condition de porter un masque. Kvmo eut un grand sourire. Lorsque mon regard croisa celui de Kvmo, Nathanaël que j'observais du coin de mon œil semblait étrangement angoissé, voire presque mort de peur. Ce n'était pas la première fois que l'on parlait de Charlatown, à chaque fois ça le mettait dans le même état. Lorsque je regardais à nouveau Nathanaël directement, il me souriait.
Le nouvel objectif était donc de se préparer à aller au Festival des Sirènes, j'étais impatiente d'y aller. Nous avions tous des taches bien précises. Timer devait écrire trois ou quatre nouveaux sons qu'il ferait en solo et s'occuper de la logistique. Nath' et Laureline allaient s'occuper de différents médias du groupe, des photos et de tout le support technique dont ils auront besoin. Kvmo allait s'occuper des courses et de la musique au sens large. Il ne restait que moi qui devais m'occuper d'assister tout le monde dans chacune de leurs tâches et je commençai par Timer. Belle devait retourner se préparer pour son départ aussi de son côté.
Timer se trouvait dans la quatrième chambre qui avait été réaménagée pour faire un petit studio. Il y travaillait ses nouveaux couplets. Il était très poétique dans sa manière d'interpréter les textes qu'il écrivait, quelque chose de très doux, certains rappeurs comme Kvmo donnaient la nette impression de casser l'instru', Timer lui se couchait dessus et avait une maîtrise musicale qui donnait des frissons. Il était capable d'écrire un texte complet en une heure, mais pour le festival il avait décidé de prendre son temps afin de vraiment travailler ses écrits.
« Tu ne fais pas de musique, toi ? Me demanda Timer.
— Moi ? Non ! J'ai juste écrit une partie d'un texte de Nath', mais ça ne va pas plus loin.
— Tu devrais t'y mettre, ça soulage.
— Ah, tu fais du rap pour ça ?
— En partie, c'est aussi pour manger, hein. Je n'ai pas envie de vendre toute ma vie. Mais le rap à quelque chose que les autres formes d'art n'ont pas à mes yeux. Quand on rap, on peut dire ce qu'on veut, on laisse parler, il y a des règles, mais c'est tellement simple de jouer avec. Puis le rap, c'est le chant de l'homme, pas besoin de savoir chanter, tu peux gueuler, chuchoter, rire, pleurer. On ne peut pas manger en faisant tout ça avec un autre art, je pense. On ne peut pas vivre de nos émotions pures et simples. Un peintre peut réaliser un tableau de saleté juste pour passer le temps, mais qui va l'acheter ? Si c'est un génie ça va tourner, mais bof. Le rap, ça se partage, ça connecte les gens. N'importe qui peut poser un seize. N'importe qui peut raconter sa vie. C'est ça qui m'fait kiffer dans l'rap. »
C'était ce que je voulais entendre. Timer avait une vision de l'art très similaire à la mienne, très éloignée de celle de Nath', une vision simple : manger et se vider. On voulait simplement pouvoir vivre de nos émotions. Même si je n'étais pas d'accord sur un point avec lui, nous ne sommes pas payés pour nos émotions, mais pour notre manière de les interpréter. C'était une chose que Nathanaël pensait aussi. Nous avons cette opportunité, car nous savons faire un peu mieux que la plupart. Mais n'importe qui pourrait rattraper le retard.
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Odeur de clope
Художественная прозаJe n'ai jamais cessé d'être celle que vous attendiez que je sois. C'était ma seule condition pour accepter de me croire exister. Voilà comment se dépeint Mikaël, jeune fille d'un milieu aisé qui rêve d'art et de passion mais délaisse rapidement le c...