L'histoire se répète

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Cela faisait un mois que je vivais avec Lisa-Marie sans avoir aucune connaissance des raisons qui l'on fait atterrir ici, mais je me fichais pas mal de son passé. Le plus important était que nous étions redevenues proches l'une de l'autre. Nous étions de très bonnes amies. Depuis un mois, c'était la première soirée que je ne passais pas sans elle, j'étais avec Florian et un pack de bière, dans le même parc où il avait exorcisé Luna. On parlait de ma nouvelle vie, il savait déjà que c'était moi, il m'avait reconnue à ma voix. Ce qui semblait logique, je me rendais peu à peu compte que finalement c'était plus dur que je ne le pensais de cacher sa véritable identité. Cela nous fit rire. Florian était fier de moi et me rassura même en me disant que Dubstown avait l'air d'être de moins en moins infestée par les aberrations, Dubstown avait retrouvé un peu de calme.

Florian avait légué le coin de page, il ne voulait plus y travailler. Il le laissa à la fille d'un ami à lui, avec l'argent qu'il avait mis de côté il comptait partir en voyage. Il spécifia son envie de partir avec Nath', mais ne s'étendit pas plus à son sujet. Il savait que je ne voulais plus parler de lui. Après quelques bières Flo' devenait plus bavard. Il racontait sa vie, son vécu. Il parlait de son frère qui avait, lui aussi, connu une vie pleine d'aberrations sans vraiment savoir y faire face. Cependant il fut aidé de tous ses amis et il a réussi à s'en défaire. Cependant, cela a éloigné Florian de son frère, et parfois ça le faisait souffrir. Son frère était la dernière famille qui lui restait et il détestait se sentir séparer de lui. Ça me donnait envie de renouer des liens avec Belle, mais elle aussi vivait une nouvelle vie et n'était plus vraiment présente à Dubstown. Renouer des liens en holoconférence n'a jamais été une idée viable.

Alors que nous finissions le pack, Florian me proposa de voir un truc, je le suivis. Une fois dans sa voiture, il lança le pilote automatique, il n'avait pas le permis et bien que les voitures avec intelligence artificielle soient interdites à Dubstown, le dragon n'avait pas peur des chevaliers.

Une fois arrivé devant la Cathédrale de Dubstown, il m'emmena dans un passage secret qui permettait de rentrer dans la Cathédrale même une fois qu'elle était fermée. Une fois dans le lieu saint, il me guida jusqu'au toit. Depuis le haut de la cathédrale, on pouvait voir tout Dubstown, c'était magnifique. Les lumières semblaient être des lucioles volant dans un jardin d'acier. Je ne savais pas qu'il existait un endroit aussi haut dans Dubstown, la vue était magnifique.

« C'est ici que je vais quand je me sens patraque.

— Ton jardin secret est magique.

— Tu trouves ? Celui de mon frère est encore meilleur. »

Nous avons passé le reste de la nuit à fumer en regardant la ville. Puis, il me ramena chez moi où Lisa dormait déjà, j'étais fatiguée, mais ce jour de repos m'avait requinqué, j'étais prête à repartir. Je pris mon portable une dernière fois pour observer mes notifications. Et à ce moment-là je pus voir un message d'un numéro que je ne connaissais pas disant : « L'armée approche. », je savais très bien ce que cela voulait dire. Je soufflai un coup avant de me dire que de toute façon il fallait bien que ça arrive. Je me coucha, stressée, angoissée, mais sachant que j'étais prête.

Le lendemain, j'étais face à Ugajin, nous avions rendez-vous. Il était fier de moi, j'étais parfaite à ses yeux. Malgré son jeune âge, il se rendait compte du parcours que j'ai dû parcourir et était impressionné de me voir continuer de grimper malgré tout. Je n'étais pas prête d'abandonner, seul comptait ma vie de Mi-K désormais. Je savais que l'armée allait arriver, mon seul objectif était de profiter et de créer un maximum avant de prendre mon rôle au sein de la cavalerie. J'allais devenir le protecteur du futur roi comme Ikumi l'avait dit. Ugajin s'inquiétait de savoir si j'étais apte à endosser ce rôle, moi qui me suis battue pour ma liberté toute ma vie, mais j'étais heureuse de la vie de protecteur. Je préférais les libertés d'être un symbole aux enclaves d'une vie rongée par les aberrations. J'allais disparaître de ce monde, le masque ne réapparaîtra plus qu'aux côtés du futur roi, je deviendrais un agent particulier de la Galerie et Ugajin sera mon égal. Étrange d'avoir nommé pour ce rôle la fille dont l'aberration est d'échouer tout ce qu'elle entreprend au moment où cela fera le plus de dégâts pour ceux qu'elle aime. Ikumi me disait de ne pas m'inquiéter, et Luna m'avait dit que le masque était une barrière. Et il était vrai que depuis que je le portais, je n'avais croisé qu'une seule aberration et encore, ce n'était qu'un homme de main d'un Roi déchu. De plus, j'avais Lisa à mes côtés, d'une façon ou d'une autre, j'étais persuadée qu'elle me protégerait des hommes de Charlatown. C'était en quelque sorte mon abri personnel.

Après ce rendez-vous, je croisai Ikumi qui tenait une enveloppe. Elle vint à mon oreille et me chuchota : « On raconte que Sinclair est en ville. » Ce qui me fit frissonner. La lettre contenait un chèque avec une importante somme. Je le scannai sur mon téléphone et confirma avec mon empreinte rétinienne et la banque le comptabilisa aussitôt, je le détruisis directement après. Ikumi m'avait versé de quoi partir en « vacances » si je voulais m'isoler le temps que les aberrations finissent leur petit tour de la ville. C'était toujours vibrant de se sentir importante. Je me suis alors dépêchée d'aller chercher Lisa pour partir. Cependant, sur le chemin de mon appartement je croisai Luna, accompagnée de Sinclair. Elle vint à ma rencontre avec lui.

« Sinclair m'a demandé de retrouver son amie, et j'étais sûre que son amie c'est toi !

— Oh... génial, Yo Sinclair.

— Bonjour Mikaël.

Luna s'éloigna suite à un geste du blond.

— T'es devenu vachement cerné, tu vas mieux ?

— Oui je vais bien, merci. Je voulais juste te prévenir. Nise est mort, Nathanaël est redevenu le même, il veut récupérer ce que tu sais.

— Sa quête continuera éternellement j'ai l'impression.

— Il ne vit que pour ça. »

Je n'étais pas étonnée, et je n'avais pas peur.

Odeur de clopeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant