Fatale

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 Face à K je me retrouvais perdue. Le futur Roi me regardait avec interrogation, que pouvais-je bien penser, elle se demandait pourquoi le son de cette lettre me fit tant tressaillir. Je n'étais plus genre à m'effrayer pour beaucoup de choses, mais ce K. Je ne savais s'il était de bon ou de mauvais augure. Je ne savais même pas s'il fallait tirer quelque chose de profond venant d'une enfant. Mais encore une fois, il était difficile d'être au fait de l'endroit où se trouve la vérité. Entre interprétation et fait vérifiable, entre psychologie et mysticisme, le hasard avait envie me rappeler à quel point il pouvait être puissant. Je caressai les cheveux de K et lui dit que tout allait bien.

Après cet évènement, Ikumi me demanda de me reposer, elle me poussa à rentrer chez-moi quelques jours puis de revenir quand je sourirais mieux. Je ne refusai pas, j'en avais besoin. Je faisais partie du panthéon des puissants désormais, mais je ne venais de comprendre à quel prix. Le poids qui pesait sur mes épaules était bien plus grand que ce que j'aurais pu imaginer. C'était dur, mais je ne comptais pas abandonner, pas maintenant. Je pris ces jours de congés et m'en alla. Cependant, il aurait peut-être mieux fallu pour mon moral que je ne parte pas. Car lorsque je suis arrivée devant mon immeuble, des hommes de main m'attendaient. C'était les messieurs de Nise, néanmoins celui-ci était mort ou avait disparu. Cela voulait dire que quelqu'un occupai sa place, et je me doutais bien de qui cela pouvait bien être. Une fois face à eux, je leur demandai ce qu'ils souhaitaient. L'un d'eux me fixa en se penchant vers mon visage avant de déclarer : « Nous avons juste récupéré ce qui revient de droit au roi. Mon sang ne fit qu'un tour. Je plongeai entre les gros bras et couru jusqu'à mon appartement, entendant les rires de ces hyènes dans mon dos.

Une fois arrivée j'ouvris la porte d'un coup et me retrouva face à un logement vide. Tous les meubles étaient là, mais Luna et Lisa ne l'étaient pas. Mon cœur se déchira et les larmes commencèrent à monter. Une main vint me calmer, c'était Lisa.

« Mikaël ? Qu'est-ce que tu fais ici ? Pourquoi il y a ces mecs devant chez nous ?

— Il faut que j'y retourne.

— De quoi est-ce que tu parles ? Où est Luna ? »

Je me tourna et regarda Lisa-Marie dans les yeux : « Je dois retrouver Luna. », elle était morte de peur, elle me demandait ce que j'avais fait à mes pupilles et ce fut comme un éclair qui me frappa. Je scrutai Lisa-Marie à nouveau et lui répondit : « Je suis désolé, tout sera fini après ça, mais il faut que j'ailles à Charlatown, il a trouvé Lvna. ». Elle n'était pas d'accord, elle ne souhaitait pas que tout recommence. Elle avait déjà perdu Nise, elle n'acceptait pas de m'égarer moi, elle me lança : « Bordel, mais appelle les flics ! » et un nouvel éclat m'accabla. J'essayais de lui expliquer qu'elle savait très bien que ce n'était pas possible. Mais elle ne voulait pas, car elle était au fait de ce que cela provoquait de défier Nathanaël, Nise espérait reprendre ce qu'il avait abandonné, il en a cédé tout ce qui lui restait. Lisa ne souhaitait pas que ça arrive pour moi aussi. Mais je n'avais pas d'autre solution, il fallait que j'y aille.

En sortant de l'immeuble, je me suis retrouvée face à Timer. Il m'a regardé et m'a déclaré : « Je passe pile au bon moment on dirait. », sa parole avait quelque chose de différent, elle ne paraissait plus humaine. Malgré tout, je le suivis, je n'avais pas d'alternatives. Une fois en voiture, il mit le pied au plancher pour rejoindre Charlatown au plus vite. Je me permis de me renseigner sur sa voix, il confirma mes doutes, tout semblait clair. Il m'expliqua la folie qu'a acquis Nathanaël, que Nise, avant que tout le monde s'évade, l'avait torturé et avait tenté de le briser. Nathanaël développa une haine profonde envers tout le secteur des Sirènes et le Mauve Oeil, il avait prévu de tout faire exploser. Et pour ça il avait besoin du cas. Il avait soif d'une aberration assez puissante pour permettre à sa volonté de se réaliser. Il entendait provoquer le plus gros attentat terroriste de Charlatown et il fallait l'en empêcher. Mon crâne me faisait mal, cette aberration n'avait aucun sens et elle avait l'air trop influente pour moi. Timer me posa sa main sur l'épaule et me dit : « Tu sais, je pense vraiment qu'au fond, il veut juste qu'on l'arrête. » Mais cela ne me rassurait pas.

Une fois arrivés au niveau du barrage, Timer évita les voitures avec brio tout en me lâchant qu'ils étaient seulement là pour me remémorer le bon vieux temps. Pour que je puisse comprendre les valeurs sentimentales qui l'ont poussé à agir ainsi. Il avait déjà tout prévu pour que je vienne à lui. Il savait très bien ce qu'il se passerait entre Lvna et moi, il me connaissait par cœur. C'était fort de sa part, mais je ne comptais pas le laisser gagner si facilement, je n'étais plus la même, j'étais la Tueuse de Rois. Désormais, nous combattions à armes égales. Pendant que je tentais de me remonter le moral, je voyais l'entrée de la demeure de Nise se rapprocher, la barrière était grande ouverte. Il m'attendait. Comme Nise l'avait attendu. Tout n'était qu'une grande pièce de théâtre pour lui. Il s'amusait sûrement en me pensant arriver.

Sortie de la voiture, je me dirigeai directement dans l'immeuble et grimpai jusqu'à sa porte. Elle était ouverte et au centre, dans un appartement saccagé, aux mobiliers cassés, se tenait Nathanaël et Lvna. J'essayais de garder mon calme devant cette vision. Il portait un masque en bois. Luna, ne désirant pas donner le collier à Nathanaël, l'a absorbé. C'était pour ça qu'il avait dû l'emmener et me faire venir par la même occasion.

« Tu ne veux pas avoir à détruire ta création ?

— Allons, c'est notre enfant.

— Mais elle n'a pas l'air de souhaiter écouter son papa. En parlant de pères, tu as retrouvé le tien ?

— Il peut enfin trouver le repos, oui.

— Tant mieux. Relâche Luna et je te donnerais la dent.

— Je réclame ta corne, et ton masque.

— Pardon ?

— Ton pouvoir, cette puissance que tu as développée, cette discipline, c'est la mienne. Je souhaite que tu me le rendes.

— Ce pouvoir, cette esthétique, c'est mon travail !

— Mais pauvre imbécile, tu ne te rends pas compte que tu prends le même chemin que moi ? Tu t'es noyée dans le maelström, si ce n'est pas moi qui possède ton art, la boucle ne fera que se répéter. Pour mettre un terme à tout ça, il faut que j'obtienne la totalité de mon privilège.

— Je suis protecteur du Roi désormais.

— Rôle honorable. Abandonne-le.

— Rends-moi ma fille.

— Rends-moi mon pouvoir.

— Je te le rendrais. Rends-moi mon enfant. »

Il laissa Lvnx venir vers moi. Elle me sauta dans les bras. J'étais soulagée de l'avoir à mes côtés. Je sentais ma haine s'apaiser. Elle me regarda et s'apprêtait à sortir la corne de ses cellules de stockage quand un coup de feu retentit. Le bruit de Nathanaël qui tombe au sol. Je lève les yeux, complètement sourde. C'est Laureline qui a tiré.

Odeur de clopeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant