Rot Beau

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 Alors que tout le monde se détendait dans le jardin, dans le salon ou dans sa chambre, j'étais face au la porte blanche qui menait à la cuisine. Ma main s'approcha doucement de la poignée et mon cœur s'accélérait. Je ne savais ce que je j'allais trouver une fois dans la salle au trésor. Voir un androïde en vidéo n'avait rien de spectaculaire, mais me retrouver face à cet assemblage complexe de circuits électroniques donnant l'illusion d'un humain était quelque chose qui s'annonçait fantastique.

Après une grande inspiration, j'ouvris la porte d'un coup et rentrée en la fermant derrière moi. Un homme se trouvait en face de moi. Il se retourna, c'était un jeune homme plutôt grand, blond aux yeux bleus. Il me regarda avec calme et me dit d'une voix très agréable : « Les humains ne sont pas autorisés dans cette zone. Je vais devoir notifier la sécurité. », j'avais du mal à croire qu'il n'était pas humain. Il semblait parfaitement « vivant ». Avant même qu'il ne continue, je lançai à pleins poumons : « C'est la première fois de ma vie que je peux voir un androïde, je ne pouvais pas manquer cette occasion, je suis désolée.

— Si aucun agent n'a vu la notification avant maintenant, personne ne la verra. Enchanté de faire votre connaissance, madame Beriault.

— Vous me connaissez ?

— Le manoir a intégré une base de données concernant chacun des résidents afin de vous servir au mieux.

— Vous êtes un vrai robot ?

— Je suis le modèle KLT-04, je suis conçu pour ressembler le plus possible à un humain, mais je suis entièrement synthétique.

— C'est vraiment bien fait.

— Je possède aussi une base de langage me permettant de converser comme un véritable être humain via le Deep Learning.

— Intéressant. Pourquoi êtes-vous revenu sur votre décision ?

— En analysant la situation j'ai conclu que vous laissez converser avec moi était plus rentable pour mon employeur que de faire se déplacer la sécurité.

— Je vois... d'ailleurs tout ce qui sort de votre cuisine est délicieux, que ce soit salé ou sucré ! Et vous travaillez vraiment vite, c'est impressionnant.

— Je vous demande de m'excuser, je ne suis pas l'androïde qui travaillait pour vous jusqu'à maintenant, je me dois donc de refuser vos compliments.

— C'est pour ça que le majordome est parti ?

— Mon prédécesseur s'est vu télécharger un virus et a dû se faire renvoyer en usine de dépannage.

— Un virus ? Par quelqu'un du manoir ?

— Effectivement.

— Comment est-ce possible ?

— Tout semble laisser penser que c'est l'un des six résidents étant donné que l'infection fut effectuée physiquement étant donné qu'il n'y a eu aucune intrusion sur le réseau.

— Pourquoi le majordome ne nous a rien dit ?

— La situation était urgente, ils n'eurent pas même le temps de me donner des instructions précises. Il semble que le virus en question soit très agressif. »

Après ces mots, l'androïde me demanda de quitter la cuisine, ce que je fis. J'étais perturbée, j'étais assez habituée aux aberrations pour comprendre qu'il se passait quelque chose d'assez étrange pour que je m'en préoccupe. Qui avait bien pu pirater l'androïde de la cuisine, et surtout, pourquoi ? Ma première réflexion me mena à chercher Timer. Je l'avais vu parler avec le majordome lorsque je me suis levée, il savait peut-être quelque chose. Mais lorsque je suis arrivée à sa porte, j'avais beau toquer il n'y avait aucune réponse. Je décidai d'ouvrir la porte doucement pour voir, elle n'était pas verrouillée. Une fois dans la chambre je compris qu'il était sous la douche et il semblait parler. Trop de curiosité était mauvaise donc je décidai de ne pas me rapprocher pour entendre ce qu'il disait. En regardant dans la chambre je ne trouvais pas kvmx. Chose étrange aussi. Parlait-il à kvmx dans la salle de bain ? Tout ceci était bizarre. Je refermai la porte toujours aussi doucement et me retourna pour fouiller ailleurs avant de lâcher un cri de surprise en étant surprise par Remy qui se trouvait derrière moi.

« Yo, Mika', t'aurais pas vu Belle ?

— Aucune idée.

— Arf, ce manoir est gigantesque, merci quand même. »

Cet imbécile m'avait fait stresser comme jamais. Je poursuivis ma recherche en allant dans le jardin. Il n'y avait que Nathanaël qui dormait sur une chaise longue pendant que Sinclair, lui, lisait dans l'herbe. Timer était sous la douche, Belle et kvmx étaient sûrement paumés dans des coins du manoir qui possédait aussi une gigantesque bibliothèque. Laureline ! Je décidai de descendre au sous-sol pour la trouver. Lorsque je suis arrivée dans la salle de jeu, Laureline était agenouillée dans un coin de la pièce et semblait tendre l'oreille. Lorsqu'elle me remarqua, elle me fit silencieusement signe de la rejoindre. Une fois à son niveau, je décidai de fermer les yeux pour écouter à mon tour. Tap-tap, boum, tap. Boum boum boum. Tap boum tap. Tap. Boum. Il y avait deux bruits de coup, léger et lourd. Lorsque ce dernier coup lourd frappait, la personne ou la chose qui tapait recommençait son schéma. C'était clairement du morse. Il ne fallut à Laureline que trente secondes de recherche sur Internet pour découvrir le mot que l'on pouvait découvrir une fois le code traduit. Elle alla directement prévenir Nath' qui lorsqu'il descendit pour écouter me regarda comme s'il savait que je savais quelque chose. Sinclair, lui, était allé prévenir Timer.

« Ce n'est pas un humain, lança froidement Nathanaël.

— Comment tu peux le savoir ? rétorqua Laureline.

— Le rythme est trop régulier, l'intensité des coups est toujours la même à chaque reproduction de schéma. C'est une machine ou du moins un mécanisme.

— On est au sous-sol, annonçai-je. On est sous la terre. Ça doit forcément être un mécanisme du manoir.

— Ce serait étonnant, répondit Sinclair qui venait d'arriver. Timer arrive, il se sèche. Ce serait étonnant qu'un mécanisme se trouve ici, techniquement nous sommes en dessous du bout du jardin. Et à par le faux rocher qui nous couvre, et encore cela m'étonnerait qu'il descende si bas, je ne vois rien qui puisse se trouver ici et produire le mot forêt en code morse, même par hasard.

— Alors c'est que ça n'appartient pas au manoir, conclut Nath'. Comment on sort dehors ? »

Encore une fois, Nathanaël allait plonger vers le danger au lieu de faire les choses patiemment. Il n'y avait pas d'urgence particulière, pour le moment il y avait juste un bruit étrange, personne n'avait signalé de danger. Mais lui sentait sûrement quelque chose que nous ne pouvions voir. Sinclair fut désolé d'annoncer que la seule sortie disponible était le tunnel qui nous avait permis de rejoindre le manoir, mais mon brun corbeau n'était pas d'accord. Nathanaël était persuadé qu'il y avait une autre sortie, une sortie de secours ou autre. Il disait que les riches pouvaient tout se permettre et qu'en aucun cas un vrai riche ne serait venu dans un endroit où on lui refuserait quelque chose. Il jugea Sinclair pour son manque d'assurance quand il a réservé le manoir et partit chercher cette fameuse sortie secrète.

Odeur de clopeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant