Lisa-Marie était de nouveau à mes côtés, mais surtout, Nise était face à moi. Le Roi des Copieurs, l'être qui à ce jour, m'impressionnait le plus. Ce démon. Il avait l'air sévère et n'avait pas vraiment eu envie de coopérer avec Nathanaël, mais la situation le demandait. En l'observant plus cette fois-ci, je remarquais qu'il possédait beaucoup de points communs avec Nath', mais ça ne me donnait aucune raison de l'apprécier. Il était un ennemi pour moi et s'il n'était pas le mari de Lisa, je n'aurais pas eu de peine à demander à ce qu'on le laisse se débrouiller seul. C'était la raison pour laquelle Nathanaël avait proposé qu'on les héberge. Si Lisa-Marie ne comptait pas pour moi, il n'aurait pas pris la peine de les escorter.
Nise, arrogant comme il était, demandait de quoi s'équiper pour partir à la chasse aux androïdes, lui aussi. Cependant Sinclair imposa son refus. Pour lui, Nise n'était pas un allié et nous n'avions aucune sûreté qu'il ne se retourne pas contre nous, que tout ça ne fasse pas partie de son plan. Nise insista, disant que de toute manière, Nathanaël était plus dangereux pour lui qu'il ne l'était pour nous, de plus, Zulum était de notre côté et Damgaard était son ennemi, il n'avait aucun intérêt à faire un pas de travers. Nathanaël prit la parole à travers son écouteur pour dire qu'il était d'accord pour que Nise le rejoigne, ce qui surprit tout le monde. Mon brun avait un coup d'avance sur tout le monde. Je lui fis entièrement confiance et confia l'équipement qui restait à Nise qui ressortit pour épauler son adversaire. L'objectif était de retrouver le tas de ferraille qui se baladait dans la forêt.
Je regardais les images que le drone filmait à travers l'écran de l'ordinateur. Lorsque Nise rejoignit Nathanaël, les deux coupèrent leur micro. Je ne compris pas et cela accentuait le stress que je ressentais déjà depuis trop longtemps. Cependant, mon corps restait particulièrement calme, comme si rien n'était grave, comme si le fait que Nise et Nathanaël travaillent de paire me soulageait. Je ne pouvais qu'observer les deux ennemis se parler, dans un silence profond. Lisa était à côté de moi, Sinclair aussi, Laureline fouillait la forêt avec le deuxième drone, de son côté. Après quelques minutes de conversations où Nathanaël semblait profondément énervé, les deux se mirent à courir en direction du cœur de la forêt. J'avais l'impression de courir avec eux, mon cœur battait vite. Beaucoup trop vite. Et alors que je regardais, sans aucun pouvoir, quelque chose me frappa en plein cœur. Une sorte d'illumination : Je n'étais pas faite pour ce monde. Je n'étais pas faite pour vivre à leur côté. Je n'étais pas faite pour avoir peur constamment.
Et c'était ça la vérité.
Je vivais dans un monde qui ne m'appartenait pas. Plus rien n'avait de sens pour moi. Je ne pouvais pas soutenir Nathanaël plus longtemps. Je ne pouvais pas continuer ainsi. Il fallait que j'arrête.
Mes mains ses posèrent sur la table en bois. Je me redressai. Sinclair tourna son regard dans ma direction, il comprit vite. Il regarda à nouveau l'écran en disant : « Je ne te retiendrais pas. », Lisa-Maria, alertée par les paroles du blond, me regarda et me prit par le bras.
« Où tu vas ?
— Je pars.
— Mika' ! Qu'est-ce qu'il t'arrive ?
— Je suis désolée. »
Je pris les escaliers pour rejoindre l'étage. En arrivant devant ma chambre, je pus voir Garden Lone Hope qui m'attendait.
« On s'en va ?
— Tu ne m'appelles plus "mademoiselle" ?
— Tu aurais pu y arriver.
— Je ne veux pas. »
Avant même qu'il ne put répondre, je chassai son image d'un geste de la main et entrais dans la chambre. Un sac en main, rangeant mes affaires, je regardais celle de Nath'. Son téléphone était posé sur la table. Je le pris et l'écran de verrouillage apparut, c'était une photo de nous deux. Mon cœur se serrait, mais je ne faiblis pas. Je reposai le téléphone, et une fois mon sac fait, je partis. Sans dire au revoir, sans dire adieu. Ce monde n'était pas fait pour m'accueillir à la base, il n'y avait aucun intérêt à le prévenir de mon départ. Je pris le tunnel. Long et étroit. Il était fait pour être traversé en voiture. Je marchais au centre de la route, fixant la lumière au bout.
Et je pensais : « Pardonne-moi Nathanaël. Pardonne-moi d'être faible. Pardonne-moi de t'abandonner. Pardonne-moi d'être lâche. »
C'était la fin. Mon ultime échec. Je n'avais pas réussi à tenir face aux aberrations, elles étaient trop fortes... car ma douleur était trop forte. Je ne voulais pas atteindre le point de non-retour. Je ne voulais pas être piégée pour toujours avec de tels monstres. Nathanaël allait devoir quitter Dubstown, l'idée de ne plus le revoir me rassurait, je pensais que j'allais l'oublier plus facilement ainsi. Je n'étais pas prête à le faire, à l'effacer de ma mémoire, mais j'étais prête à me lancer sur la route de l'oubli.
La lumière était de plus en plus éblouissante. Elle me tendait la main. Elle voulait m'envelopper, me réchauffer, je sortais du maelström, je sortais hors de l'eau. La tempête était loin, je n'étais plus là. Je n'étais plus avec eux, dans les abysses. Je m'envolais, je partais, j'y allais, ça y est, le monde s'ouvrait, les routes, le grand ciel libre, je rouvrais mes ailes.
Le tunnel était passé. Je pouvais voir les campagnes de la zone agricole, les montagnes au loin. J'avais quitté les ténèbres. Et face à toute cette grandeur, Garden Lone Hope réapparu.
« Où vas-tu aller, maintenant ?
— Je... je ne sais pas. Chez mes parents, je suppose ?
— Qui sont tes parents ?
— Mes pa... »
Alors que j'allais répondre naïvement, je compris sa question. Je n'avais aucune idée de ce que ma famille était devenue. Je ne savais rien. Sans repères, je n'étais nulle part. Pourtant j'étais libre, alors pourquoi avais-je encore la sensation d'être derrière des barreaux ? Pourquoi le goût de la liberté s'évapora aussi vite qu'il m'était apparu ? Pourquoi avais-je cette sensation horrible que je n'avais pas bougée des abysses ?
« Parce que la prison, c'est moi. »
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Odeur de clope
General FictionJe n'ai jamais cessé d'être celle que vous attendiez que je sois. C'était ma seule condition pour accepter de me croire exister. Voilà comment se dépeint Mikaël, jeune fille d'un milieu aisé qui rêve d'art et de passion mais délaisse rapidement le c...