Odeur de clope

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Après deux jours de préparation intenses, le festival a débuté. D'après les règles de Laureline, le lundi étant le jour le plus éloigné de notre représentation, si on voulait faire un bad trip c'était aujourd'hui où jamais. Autant dire que nous l'avions très bien compris, car aucun de nous n'a plus eu un seul souvenir de la veille lorsque nous nous sommes réveillés mardi après-midi. Lorsque nous sommes sortis de nos sacs, Laureline, Timer et moi, les deux derniers n'étaient pas là. L'alcool et les drogues qui nous avaient assommés ont fait que j'ai mis du temps à remarquer leur absence. Ce n'est qu'après avoir vomi le petit déjeuner que je venais à peine de manger que j'ai remarqué qu'il manquait Nath' et Kvmo. Les souvenirs des vigiles étaient encore clairs dans ma tête. Prise d'un coup de stress immédiat, je retournai dans la tente et demanda aux autres d'appeler les deux absents. Aucun des deux ne répondait. Le stress montait et me mordait le ventre. Laureline tentait de me calmer jusqu'à ce que Nath' m'envoie un message : « On est aux courses, stop spam svp j'essaie d'appeler Kvmo, il est introuvable dans les rayons. » Puis le stress devint colère. Je lui demandais pourquoi il n'a pas pu envoyer une « putain de message », mais il ne me répondit que dix minutes après en disant qu'il n'avait pas pensé qu'on s'inquièterait avant dix-huit heures. Il me tapait sur les nerfs, mais une fois la rage passée, je me sentais soulagée qu'il ne lui soit rien arrivé. Je ne me souvenais pas en avoir reparlé avec lui, de ces vigiles, mais je comptais bien demander des explications. J'étais inquiète pour lui, j'avais peur, pourquoi était-il si angoissé lorsque l'on parlait de Charlatown ? Qui étaient ces mecs ? Pourquoi ont-ils parlé de masque ? Comment cela se faisait-il que Nath' eu compris de quoi ils parlaient ? Ces questions tournaient en boucle dans ma tête et malgré l'ambiance du festival je trouvais le temps long. Il mettait du temps à revenir et mon inquiétude commença à revenir.

C'est une heure plus tard que Nath' et Kvmo revinrent avec d'énormes sacs de courses pleins d'alcool, de sodas et de confiseries. Kvmo sortit une plaquette de Hasch de son sac et Nath' accompagna le mouvement en chantant : « On a la frappe ! ». Tout de suite, le sourire me revenait. Nathanaël était drôle naturellement. Il l'était encore plus quand Kvmo était avec lui. Il était fantastique quand il était avec nous. Il était majestueux quand on était en festival. Il s'organisait très bien, savait quoi prendre pour faire plaisir à tout le monde, finançait tout de lui-même et n'acceptait que la participation de Kvmo, et surtout, il arrivait à garder l'ambiance en haut. Bien qu'il y ait eu ce court passage avec les vigiles, Nath' donnait l'impression de suinter la bonne humeur. Alors que nous étions tous cassés par la soirée de la veille, Nathanaël semblait en pleine forme. Euphorique même.

Après quelques verres, deux ou trois chansons, nous étions repartis pour danser. Chacun d'entre nous allait vers les scènes qui lui plaisaient le plus, et malgré le fait que j'avais envie de rester avec Nath'. Je n'étais pas du tout attirée par la scène cyberpunk, de ce fait je suis allée vers la scène house pour siroter mon verre tranquillement. Dans la foule j'ai pu danser avec deux jolies filles superbes qui venaient de Charlatown. Et je me souviens très bien m'être dit : « Bordel, mais elles sont bonnes là-bas. », subjuguée par mes deux compagnes du son. Et au fur et à mesure des rencontres je me rendis compte que Dubstown était bien fade par rapport à Charlatown. Contrairement à ma ville natale, Charlatown semblait être une ville haute en couleur. Chaque personne originaire de cet endroit était différente, que ce soit dans la manière de parler ou dans le style vestimentaire, ils étaient tout le temps originaux, comme s'ils sortaient tous d'une BD gigantesque. D'ailleurs Sinclair était là-bas pour ça, la pensée me traversa alors que je parlais avec un musicien de Charlatown, je lui demandai alors s'il connaissait un Sinclair blond aux yeux bleus.

« Quoi ? Sinc le zinc' ? Bah ouais ! Il est connu à Dubs' ? Me demanda le musicien.

— Ouais, de fou ! C'est un grand peintre ! Il a même exposé à Hirano ! Titubais-je, évidemment frappée par l'alcool.

— Hirano ?! P'tain ! Le bâtard ! Je ne savais même pas, c'est lourd de fou. »

Cependant la conversation fut de courte durée, après ça il se sentit permis d'investir ma zone de confort, mais même saoul je n'étais pas prête à me laisser approcher par qui que ce soit excepté Nathanaël. Alors que j'essayais de refuser les avances du garçon, Timer apparu et me lança : « Ouais bébé, on se taille ? » en se mettant entre moi et le mec.

« Tu te fais passer pour mon copain maintenant ? lançais-je à Timer une fois éloigné du gars.

— Ouais, mais c'était pour te sortir de la Mika', hein, ce n'est pas tu vas dire des trucs à Nath' et tout, hein ? me répondit-il en rigolant.

— Merci, tu gères vraiment.

— Haha ! t'inquiète, on est là pour la famille ! D'ailleurs, ils sont où les autres ?

— Nath' est au Cyberpunk...

— Ouais, logique.

— ... et les autres j'en ai aucune idée.

— Putain, ils gèrent pas c'est Kvmo qu'a le shit. Vas-y, ça va me saouler, t'es chaude on va récup' un bout à la tente ? »

Je n'avais évidemment aucune raison de refuser et nous sommes alors partis en direction de la tente. Mais en arrivant je fus horrifiée de voir du sang par terre. Il y avait une énorme flaque rougeâtre, des taches sur le rideau de la tente. Timer me regarda et me dit de ne pas bouger, il courut à l'intérieur de la tente.

Du sang, il y avait du sang. Ils venaient de faire couler du sang. Ça tournait dans ma tête, je ne savais quoi faire, tremblante et larmoyante, il fallait que j'entre dans la tente.