Odeur de clope

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 Tout ceci n'était qu'un rêve. Ou plutôt un cauchemar. Rien n'avait été réel et pourtant ce cauchemar qui m'avait marquée à vie représentait extrêmement bien ma situation à ce moment-là de ma vie. Cette horreur m'avait angoissée, mais j'étais en quelque sorte soulagée. Dans un sens cela m'avait permis de mettre des mots nets sur ce qui me tourmentait. C'était une image horrible, certes, mais c'était une image. Garden Lone Hope m'avait bien aidé. Dans la vraie vie, ce n'était pas lui qui dirigeait l'hôtel, et il ne s'appelait pas vraiment Garden Lone Hope, mais Garry. C'était écrit sur son badge.

Je n'ai évidemment pas raconté mon rêve à Laureline, mais elle me fit remarquer que j'avais été plus ou moins bruyante dans mon sommeil cette nuit. Nous devions partir désormais. Je faisais mon sac, Laureline m'attendait devant l'ascenseur, j'étais encore perturbée par mon cauchemar. Tout semblait si réel et la mémoire de cette vision onirique était tellement ancrée dans mon esprit que j'avais du mal à penser que tout ceci n'était pas arrivé. Une fois mon sac fait, je rejoignis Laureline, l'hôtel semblait parfaitement normal.

Lorsque nous sommes arrivés à l'accueil, Garry était là, c'est à ce moment que j'avais remarqué son badge et aperçue le véritable patron. Garry semblait nous attendre, avec le même sourire que d'habitude. Arrivées à porter de sa voix, nous fumes appeler par l'agent qui nous lança : « Bonjour, mesdemoiselles, je suis désolé de vous annoncer une mauvaise nouvelle dès le début de cette journée. Cependant il vous sera impossible de rejoindre Charlatown aujourd'hui. ». Choquées et dans l'incompréhension la plus complète nous avons alors demandé des explications. Ce à quoi il répondit sur un ton emphatique que la ville était fermée d'accès, car un terroriste connu des forces de l'ordre était actuellement en cavale et on supposerait qu'il attende des renforts. À l'annonce de cette nouvelle, j'étais encore plus angoissée. Un homme recherché qui attendrait des gens, Nathanaël me vint tout de suite en tête. Je chassais cette idée de mon esprit en me disant que non seulement Nath' était avec Timer, mais qu'en plus il était loin d'être un terroriste.

Garry nous proposa de rester un peu plus longtemps à l'hôtel, Laureline demanda à prendre sa décision un peu plus tard, avant ça elle voulait que nous allions voir le barrage policier, en espérant trouver une solution. Ni Nathanaël, ni Timer, et encore moins Kvmo ne répondaient sur leur téléphone. J'étais toujours autant inquiète, mais je commençais à savoir garder mon sang-froid. La panique n'aurait qu'aggravé la situation. Une fois dans le van, Laureline m'avoua que Garry l'angoissait un peu, que son regard était étrange. Je la fixai avec un air interrogateur, elle se mit à rire en me disant qu'elle ne croyait pas à toutes ces fantaisies comme Nath' ou moi.

En face du barrage on ne pouvait plus avancer, une petite dizaine de voitures de police étaient garées en ligne, la route était complètement bloquée et des camions militaires faisaient des rondes. Un policier, le même que la veille, nous reconnut et s'avança en direction du van.

« Encore vous, lança-t-il. Vous voulez rentrer ?

— On aimerait bien, répondit Laureline avec agacement.

— Ah, ça va être compliqué, on barre la route.

— J'ai vu ça.

— Revenez dans deux jours si vous voulez emprunter la manière simple.

Il se mit à sourire.

— Il y a une autre manière, demanda naïvement Laureline.

— Et bien oui, vous pouvez foncer dans le tas et espérer que ça passe, les routes ne sont pas cloutées.

— C'est illégal, ça.

— C'est bien vrai ça ! »

Le policier repartit en riant et Laureline exprimait une certaine frustration dans son regard. Nous fîmes demi-tour. Le ciel était clair, pas une goutte de pluie depuis le début du festival. Et pourtant, il semblait y avoir d'énormes nuages noirs un peu plus loin, vers le cœur de Charlatown, comme si la mer de nuages s'engouffrait dans cette ville.

Nous continuons notre route en direction de l'hôtel. Je n'étais pas à l'aise à l'idée d'y retourner et j'en fis part à Laureline qui me proposa de faire un tour pour trouver d'autres hôtels. Cependant les recherches furent vaines, tous les hôtels étaient complets. Chose étrange, les autres hôtels n'étaient pas aussi étranges que Le Vrai. Il était aussi le plus proche de l'entrée de Charlatown, est-ce qu'il y avait un lien à faire ? Dans tous les cas j'allais finir par le savoir, une fois que j'aurais retrouvé Nathanaël.

Une fois retournées à l'hôtel, nous fûmes accueillies par Garry qui avait profité de notre absence et de celle de nos affaires pour nettoyer la chambre personnellement et changer les draps et serviettes. C'était très gentil de sa part et étrangement, après avoir fait un tour avec Laureline, et aussi grâce au fait que nous étions en plein jour, Garry me semblait moins angoissant. Pourtant, il avait toujours ces tentacules qui se reflétaient dans ses iris verts. Malgré l'idée qu'il ne puisse être qu'un gars lambda, le fond de mes tripes était encore pris d'une légère angoisse quand je regardais son visage. Il nous rendit la clé de notre chambre et nous souhaita un agréable séjour. Laureline remarqua qu'elle avait payé encore moins cher que la nuit précédente, elle supposa que c'était dû au fait qu'on était là de force, une sorte de geste commercial. Le dernier regard de Garry m'avait laissée penser le contraire. Avant que l'ascenseur ne ferme ses portes, je crus pendant un instant revoir la même expression que Garden Lone Hope sur son visage.

Dans la chambre, j'écrivais sur mon ordinateur portable afin de me vider l'esprit. Ondes Négatives avançait difficilement, mon inspiration était troublée par tout ce qu'il se passait dans ma vie. Nous avions encore deux jours à tenir d'après le policier, Laureline espérait que cela dure moins longtemps, qu'ils trouveraient le terroriste avant. Je n'étais pas aussi optimiste, mais j'évitais de briser ses espoirs, elle aussi avait eu son lot d'émotions, elle aussi au fond, elle aimait Nath'.