Cher futur époux 1
Je sortais de ma douche en chantonnant, étrangement de bonne humeur pour un lundi matin. J'ai esquissé quelques pas de danse devant le miroir, toujours en fredonnant, avant de me décider à chercher une tenue.
Ce que vous devez savoir à mon propos, c'est que je suis une fashionista, une vraie accro à la mode. J'aime être bien sapée, même à la maison ; je suis toujours sur mon trente et un, le visage bien maquillé, la tête bien coiffée et par-dessus tout, j'adore sentir bon. Cela me rassure en quelque sorte.
Je suis du genre à me maquiller juste parce que je m'ennui, et tout enlever après pour aller me coucher. Perte de temps vous dites ? Pas pour moi. On ne perd jamais de temps lorsque l'on fait quelque chose qu'on aime vraiment, et moi j'aime ça. J'aime être belle pour moi-même, me sentir bien dans ma peau.
Je terminais d'enfiler ma tenue du jour, et comme toujours je me trouvais des défauts. Je suis restée des minutes à contempler mon reflet. Je pensais qu'avec le temps ça irait mais il faut dire que certains complexes ne disparaissent jamais. J'ai été en surpoids presque toute ma vie, je suis cette jeune fille obèse de la classe et du quartier, que tout le monde pointe du doigt, qu'on traite de baleine et avec qui personne ne voulait jouer, et pour couronner le tout, j'avais un appareil dentaire jusqu'à mes 16 ans. J'ai très mal vécu cette période même si à la maison ma famille faisait tout pour me faire me sentir ordinaire et sans aucun défaut, les faits ne mentaient pas. Je n'arrivais jamais à porter la tenue que je veux, manger ce que je veux et comme je le veux, faire ce que je veux et surtout être celle que je veux.
J'ai toujours vécu ce complexe et mes camarades ne m'ont pas vraiment facilité les choses. Raison pour laquelle, des années après et avec beaucoup trop de kilos en moins je n'arrive toujours pas à m'aimer à ma juste valeur ; ma confiance en soi, mon estime de soi et mon amour de soi m'ont été arraché et piétiné à l'enfance et je peine toujours à les récupérer. Je sais que maintenant je suis différente, magnifique selon plusieurs, je fais même des envieux et je fais tourner la tête de plus d'un surtout qu'en apparence je semble être la fille la plus free qui soit. Mais en vérité, je n'arrive toujours pas à dépasser ce complexe et c'est pour cela que j'ai beaucoup du mal à accepter les compliments, en tout cas leur sincérité.
Pour ne pas arriver en retard j'ai finalement décidé de bouger de là et d'enfiler mon masque de la fille joyeuse et sûre d'elle, et surtout celle qui n'a rien à cirer de l'opinion des autres. Et croyez-moi je joue ce rôle à la perfection.
C'est avec grâce que je suis descendu les quelques marches pour aller retrouver ma jolie petite famille, attablée dans la salle à manger et en train de petit déjeuner dans un calme olympien.
· Bonjour tout le monde. Chantonnais-je comme à mon habitude. J'ai commencé à taper la bise par mon frère Karim qui était au bout de la table, puis ma reine et petite maman adorée Aicha Nathalie Gomez et enfin mon père Mohamed Saliou Ndoye.
Moi c'est Khady Louise Ndoye, la petite dernière de la famille et communément appelée Didi. Ma mère est une chrétienne convertie et avec mon père ils forment le plus beau couple que l'univers ait connu. J'ai une grande sœur, Maya, elle s'est mariée il y a deux ans avec un blanc et vit en Belgique avec son mari.
· Tout ça pour aller à l'école ? S'étonne mon frère en me reluquant de haut en bas. J'ai roulé les yeux et j'ai décidé de l'ignorer, comme à l'accoutumée.
· Laisse ta sœur tranquille Karim, c'est une femme maintenant. Intervient ma mère.
· Si tu le dis. Rétorque-t-il. Mais c'est quand-même l'école et avec cette tenue cela ne m'étonne même pas que tous les profs te tournent autour. Rajoute-il.
