Cher futur époux 21
Cela faisait maintenant une semaine depuis que l'anniversaire de Khadija s'est transformé en drame et jusqu'à présent on ne pouvait pas dire que les choses allaient en s'améliorant ; que cela soit du côté de l'hôpital ou de la justice.
Les familles concernées étaient toujours dans l'angoisse la plus totale et Chérif refusait toujours de donner signe de vie. Maya, la petite sœur de Karim était à Dakar depuis cinq jours maintenant et s'ils avaient cru que sa présence allait être bénéfique pour Khadija, pour le moment rien ne semblait faire effet sur elle. Elle était là sans vraiment être là et plus le temps passait plus l'inquiétude grandissait pour tout le monde.
Aujourd'hui encore, comme à son habitude, elle était dans la chambre de Chérif couchée dans le même lit depuis l'aube en train de lui parler sans jamais se fatiguer. Ses amis avaient beau se relayer à longueur de journée pour être là pour elle, ainsi que sa grande famille, cela ne changeait rien à ses nouvelles habitudes. Elle devait sortir de l'hôpital en début de semaine mais comme Karim, elle ne comptait pas quitter les lieux sans sa moitié et personne n'avait réussi à lui convaincre du contraire. La clinique Rahma n'avait jamais été aussi triste, même Zayn lui-même se surprenait des fois à se battre pour ne pas verser des larmes en regardant Khadija de loin ou en l'écoutant rappeler à Chérif des souvenirs sans jamais se fatiguer. Karim lui n'avait plus de vie et eux tous s'intuitaient pour lui parce que chaque jour il sombrait un peu plus.
La mère de Chérif après avoir essuyée ses larmes toqua doucement à la chambre de son fils avait d'entrer. Son regard croisa directement celui de Khadija, couchée comme à son habitude à gauche de Cherif lui tenant la main. Elle lui offrit un sourire triste qui lui serra le cœur mais elle ne pouvait pas craquer devant elle.
· Ça va mon bébé ? Murmure Tata Samia en s'adossant contre la fenêtre en face d'eux.
· Je ne sais pas. Répondu Khadija sincèrement après avoir jeté un timide coup d'œil sur son ami.
Cette fois-ci Samia n'a pas pu se retenir. Tout le monde souffrait de cette situation mais sa peine à elle était double. Elle avait élevé Khadija comme son enfant et elle l'aimait autant que ses deux enfants, c'est exactement ce qu'elle était pour elle, son enfant. Et depuis une semaine maintenant, elle se tenait là impuissante et elle regardait ses deux jumeaux partir petit à petit ; ils étaient là sans vraiment être là et c'est ce qui était le plus difficile.
· C'est quand-même bizarre n'est-ce pas tata Samia ? L'interpelle Dija, la tirant de sa léthargie.
· Quoi donc mon bébé ?
· Chérif, quand on était petit il ne faisait jamais de sieste et maintenant il ne veut pas se réveiller ?
Samia se mit à rire à travers ses larmes tant par les souvenirs et aussi la mine boudeuse de Khadija lui rappelant sa bouille de bébé.
· Et toi Khadija, tu faisais la sieste ?
· Plus que lui en tout cas.
Elles ont toutes les deux rigolé avant que le silence ne revienne d'un coup.
· Tu te rappelles de quand j'ai eu mes menstrues pour la première fois tata Samia ? On était à l'école et je me suis retrouvée dans une situation sans nom, embarrassée est bien un petit mot pour d'écrire la situation. Mais Chérif comme toujours a pris la situation en main. Il a enlevé sa chemise blanche qu'il aimait plus que tout et me l'a donné, puis il m'a tenu la main et m'a accompagné jusqu'à l'infirmerie. Et une fois là-bas, lorsque l'infirmière m'a demandé ce que j'avais je me suis mise à pleurer, incapable de sortir le plus petit mot. Et là aussi il a dû tout faire à ma place alors que c'est un garçon. Il a tellement fait pour moi ! Allant même jusqu'à m'acheter des serviettes hygiéniques. Des fois je suis dehors avec des amis et je le vois débarquer les mains chargées, m'apportant à manger, des chaussures plus confortables ou juste pour voir comment je vais. Il me connait plus que je me connais et c'est pour cela que je ne vois pas ma vie sans lui, je ne peux pas tu comprends ?