Cher futur époux 2 : 7
Khadija Ndoye
Je sortais de la douche, portant une robe de grand-mère avec les cheveux mouillés et en bataille quand j'ai croisé Chérif qui venait de la cuisine, une brique de lait dans la main. Il n'arrêtait pas de me regarder en souriant et malgré ce sourire, je percevais une once de tristesse sur son visage ; trop bizarre tout ça, surtout pour un matin de bonheur.
· Pourquoi tu me regardes comme ça, en souriant comme un guignol? Je lui demande en venant à sa rencontre.
· Bah rien, je te trouve belle c'est tout. Me balance-t-il comme ça, genre blaise nature peinture quoi.
· Tu es sûr que tu es bien réveillé ? C'est toi Chérif qui me fait un compliment ? Je demande choquée et amusée.
· C'est parce que tu es bête comme ça que je ne te fais jamais de compliment, bouge de là.
· Bah là je te reconnais imbécile, en plus je n'ai pas besoin de tes compliments, je sais que je suis belle et que tu m'adore, pff.
· Bonne nuit. Grogne-t-il en retournant dans sa chambre.
Qu'est-ce qui lui arrive depuis hier ? Il est trop bizarre. Je connais le Chérif turbulent, imbécile, silencieux ou bavard selon ses humeurs, le Chérif sage mais celui-ci je ne le connais pas. Il a l'air tellement triste que je le ressens.
Je l'ai suivi dans sa chambre et bien sûr que je n'ai pas frappé avant d'entrer.
· Tu es malade Chérif ? Je demande en m'asseyant dans son lit. Il s'était recouché se couvrant entièrement.
· Quoi ? Non ! Je vais très bien, je t'ai même montré mon dernier bilan hier. Me dit-il en se levant pour s'assoir.
· Alors qu'est-ce qu'il y a et ne me dis pas rien parce que je te connais
· Disons que j'ai mal dormis hier et là je suis totalement claqué.
· Chérif ! Ne me fais pas tourner en bourrique s'il te plait, dis-moi ce qui ne va pas qu'on en finisse, tu ne peux pas me mentir, c'est moi.
· Ok ne t'énerve pas. Disons que hier je vous ai entendu avec Karim et comment te dire...je me sens tellement coupable et gêné !
· Mais de quoi et pourquoi ? C'est vrai qu'il s'est emporté mais à aucun moment il n'a parlé de toi, juste Faby et moi.
· Raison de plus de Didi, je suis ton frère et si on n'en est là aujourd'hui c'est forcément parce que j'ai foiré quelque part.
· Mais qu'est-ce que tu racontes enfin ? Tu as foiré quoi ? Je te rappelle que tu n'as que 6 mois de plus que moi et tu n'es pas responsable de mes bêtises.
· 6 mois ou 6 ans tu restes ma sœur et je suis ton ainé en plus d'être l'homme du groupe. Hier Karim n'était pas que fâché, il était déçu Didi et avec raison ! Mets-toi à sa place, on collectionne les bêtises alors que lui-même est à peine plus âgé que nous et avec toutes les complications dans sa vie il est toujours derrière nous à réparer nos erreurs et à s'inquiéter pour nos vies, ce n'est pas juste. Dis-moi sincèrement, tu voudrais avoir des enfants comme nous ? On fait là une Didi. Des familles brisées, des relations détruites, des enfants innocents embarqués dans une guerre sans fin, hôpitaux, prison...on dirait un film. Je ne sais pas toi mais moi j'aimerais juste avoir une vie ordinaire et ennuyeuse parce que là je suis vraiment à bout. Je ne t'apprends rien, on a perdu notre père Sophie et moi très tôt et tu sais comment on s'en est sortit alors que maman n'avait aucun travail ? Karim ! Oui Didi, Khadija ton père est celui qui paie mes études depuis la mort de mon père. C'est grâce à lui qu'aujourd'hui je suis dans l'une des meilleures universités et l'une des plus chères du Sénégal.
