Cher futur époux 26
Il était minuit et quart et quelque part à Dakar, une fille se faufilait comme une souris pour sortir de la maison après avoir passé la nuit à attendre que ses parents dorment.
Elle avait tellement fait cela que désormais elle maitrisait toutes les tactiques, mais cela ne l'empêchait d'angoisser à chaque fois. A l'angle de la rue, son duo de tous les jours l'attendait en priant pour que leur copine ne se fasse pas choper ; les risques étaient énormes. En la voyant venir elles lâchèrent un ouf de soulagement.
· Tu vas me donner un AVC un de ces jours. Se lamente Astou en tournant le dos à son amie.
· Wallah le jour où Pa Allemand va te chopper ici j'espère que je serais loin deh. Rajoute Codou en riant le plus discrètement possible.
· Je t'ai dit d'arrêter d'appeler mon père Pa Allemand et toi Astou arrête de me faire la tête, tout ça c'est de la faute de ton fou de ton cousin. Comme si cela n'était pas suffisant de me voir la journée.
· Ma chérie quand vous avez décidez de vous mettre en couple je n'étais pas présente deh et tu connaissais tout ce que cela implique, maintenant il faut assumer. Déjà c'est quoi votre problème aujourd'hui encore ? Wallah je te préviens, moi je sors pour m'amuser pas pour jouer aux Nations Unies. Rétorque Astou.
· Comme si je savais ce qu'il me reproche encore, il est tout le temps sur les nerfs ces derniers temps et je suis fatiguée de prendre sur moi. Explique la jeune fille en troquant son voile contre une perruque qu'elle garde toujours chez son amie.
· Non moi les voilées de nos jours m'épatent. Si tes parents pouvaient te voir là en robe super sexy et en perruque ! Ce sont les personnes comme toi qui donnent à Satan du pouvoir. Rigole Codou.
· Ta gueule Codou, là j'ai d'autres préoccupations. Il arrive quand Astou ? Aujourd'hui je dois entrer tôt, demain la famille de Malik va passer pour fixer la date du mariage. Dit-elle laconique.
· Pardon ? Et tu n'as toujours rien dis à Serigne ? Aby tu joues à quoi ? Je t'aime bien tu le sais mais Serigne est mon frère et il t'aime plus que tout, je ne vais pas te regarder le mener en bateau depuis des mois maintenant sans rien dire.
· Parce que moi je ne l'aime pas ? Je te signale que cela fait six ans que nous sommes ensemble et à part me donner à lui, j'ai tout fait pour lui. Je vous le redis pour la dernière fois, je ne veux pas de ce mariage, je n'aime pas cet homme même si on est d'accord que c'est l'homme dont rêve toutes femmes, mon cœur est déjà pris mais je suis prise au piège. Pleure-t-elle.
· Mais ne pleure pas toi aussi. Je sais que c'est dur tout ça et je compatis ma chérie, seulement on sait tous qu'il n'y a pas d'issue. Tes parents ne badinent même pas avec ça et là ils ont déjà donné leur parole. Et sans vouloir te vexer mais tes parents se croient un trop au-dessus des autres, moi-même ta mère n'aime pas qu'on traine ensemble à cause de ma caste donc tu sais que ton mariage avec Serigne est impossible, autant accepter l'évidence et le libérer.
· Et moi ce qui me préoccupe c'est plutôt toi Aby. Ton futur mari là ce n'est pas le genre à tolérer ton mode de vie et là il croit qu'il s'apprête à épouser une sainte alors que toi et moi on sait. Tu peux mentir à tes parents mais tu ne peux te mentir à toi-même et tu t'apprête à te lier à cet homme pour la vie, tu penses que tu pourras continuer à feindre pendant combien de temps ?
· Mais je n'en sais rien moi et déjà pourquoi vous me jugez ? J'aime Serigne et oui je me fais passer pour celle que je ne suis pas mais ceci n'est pas un crime à ce que sache et je ne suis pas la première à le faire. Au Sénégal ici on sait que le voile est plus un accessoire qu'autre chose et moi je n'ai pas choisi de le mettre, on me l'a imposé.
