Cher futur époux 22
FATOU BINTOU GOMEZ
Ce jour là encore maman était en voyage et pour ne pas me sentir seule toute la journée, après les cours j'ai demandé à Myriam de rentrer avec moi. Le chauffeur était passé nous prendre à l'école et on avait appelé sa mère pour lui prévenir et comme ce n'était pas la première fois, elle n'y avait vu aucun inconvénient. Myriam et moi étions amies depuis le jardin et c'est même à cause de nous que nos parents avaient finis par devenir amis.
On adorait ces jours où on finissait les cours tôt et on rentrait toujours ensemble chez moi pour faire des bêtises toute la journée. Ma mère qui était toujours entre deux vols et mon père toujours au bureau, il n'y a eu que le personnel de la maison et cela nous arrangeait parce qu'il n'y avait personne pour nous surveiller ou nous punir.
Je me rappelle que ce jour là on jouait aux mannequins, pour imiter les défilés de ma mère qui est une grande créatrice. On avait sorti tous mes habits et on avait pris le maquillage de ma mère et des accessoires et on s'était déguisées comme des clowns. Je m'amusais à relooker ma copine et on se marrait en prenant des pauses devant le miroir et en défilant autour de la piscine. Je ne savais pas que tonton Daniel, le grand frère de papa était à la maison, pour moi il n'y avait que nous et le personnel qui était de l'autre de côté de notre grande maison. Je me souviens avoir fait un saut dans les appartements de mes parents pour prendre des chaussures dans le dressing de ma mère et j'étais habillée en maillot de bain deux pièces. Je n'avais que 13 ans mais j'ai toujours été très précoce et beaucoup trop grande pour mon âge, de toutes mes amies j'ai été la première à pousser des seins et la première à voir ses menstrues et comme ma mère, j'avais des formes non camouflables. Bref, je fouillais dans les affaires de ma mère lorsque j'ai senti une présence derrière moi et j'ai hurlé lorsque je me suis retournée et que j'ai vu tonton Daniel adossé contre la porte en train me regarder d'une façon à me glacer le sang.
Je l'avais salué en essayant de me reprendre mais je l'avais trouvé bizarre ce jour-là, tant sur sa façon de me regarder que sur sa façon de me parler. J'avais même essayé d'écourter la discussion pour aller retrouver mon amie parce que j'avais duré plus que prévu mais c'est en essayant de sortir de la chambre que l'irréparable s'est produit. Je me rappelle juste mettre retrouvé plaquée dans le lit de mes parents, totalement immobile et incapable de sortir le plus petit mot à cause de ses grosses mains qu'il avait posé contre ma bouche.
Je me rappelle avoir prié Dieu de m'assommer à ce moment précis pour ne pas que j'ai à m'en rappeler. Ni mes larmes, ni mes supplications ne l'avaient ébranlé, il était devenu comme une bête sauvage et rien ni personne ne pouvait l'arrêter. J'étais même résignée et je subissais en silence jusqu'à ce que la porte s'ouvre malheureusement sur une Myriam estomaquée. Elle a ouvert la bouche pour parler mais aucun mot n'est sorti, à la place elle s'est mise à crier et à courir hors de la maison. Mon bourreau m'a immédiatement lâché et s'est mis à sa poursuite. Moi, il m'a fallu du temps pour retrouver mes esprits et ma mobilité et avant d'arriver au bord de la piscine où j'avais perçu leurs voix, l'irréparable c'était déjà produit. Avec horreur, j'ai vu mon oncle plonger ma copine dans la piscine en tenant fermement sa tête pour l'empêcher d'y ressortir et il ne l'a lâché que lorsqu'elle a arrêté de se débattre, raide mort. Et moi j'ai assisté à tout cela immobile et impuissante. J'ai vu ma copine flotter dans la piscine, vide de vie et je n'ai même pas pu pleurer tellement que j'étais terrifiée et traumatisée et surtout parce que je savais que mon tour n'allait pas tarder.
Il est sorti de la piscine, m'a lancé son regard terrifiant et m'a juste demandé si je voulais rejoindre mon amie. Terrifiée, j'avais juste hoché la tête négativement en tremblant comme une feuille. Il m'avait dit tout ce que je devais raconter aux autres si je ne voulais pas subir le même sort et c'est exactement ce que j'ai fait. J'étais une gamine et qui m'aurait cru ? Qui ? Mes parents n'étaient jamais là et il passait pour le tonton model de toute la famille, je n'avais aucune chance. Je l'ai donc regardé me gâcher la vie et arracher celle de ma meilleure amie sans rien pouvoir faire.