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J'essayais de me souvenir du chemin pour aller à la cité mais je n'avais fait le trajet qu'une fois avec Lilou. La drogue avait bousillé ma mémoire ce qui compliquait encore plus les choses. Je marchais sans trop savoir où j'allais mais je n'avais pas peur. J'étais même surexcitée, j'avais envie de socialiser, de parler... Peut-être avais-je déjà besoin de le faire depuis longtemps. Mais je n'osais pas et la drogue m'avait permis d'enlever cette gène et cette timidité qui m'encombrait. Christophe m'avait également aidé mais je ne devais pas penser à lui. Ça me mettait trop mal.
J'étais perdue dans mes pensées quand une musique attirait mon attention. Je relevais alors la tête et constatais que je me trouvais devant l'épicerie. Mais cette fois-ci, quelque chose avait changé. La dernière fois que Lilou et moi y étions allées, la rue était déserte. Ce soir, un gars était devant, capuche sur la tête et complètement absorbé par son téléphone. Il était très grand et avait l'air assez musclé mais il ne m'intimidait pas. Je le fixais sans m'en rendre compte, immobile, à quelques mètres de lui.
Soudain, le volume de la musique augmenta ce qui me fit sursauter et c'est la que j'aperçus d'où elle venait. Il tenait une enceinte JBL rouge. Malgré ma mémoire bousillée, je retenais certains détailles bien qu'ils ne soient pas importants et cette enceinte, c'était exactement la même que celle de Cédric. Je ne voyais pas la tête du gars avec sa capuche alors je me dis sur le moment que ce mec était peut-être Cédric. Je décidais de m'approcher et lui tapotais l'épaule. Il tourna lentement la tête vers moi mais ce n'étais absolument pas lui. J'aurais du m'en douter. Cédric avait beau être impressionnant, ce gars était deux fois plus baraqué que lui.
Je m'excusais et partis dans le sens inverse mais il m'attrapait le bras et me fit pivoter vers lui. Il devait avoir vingt-cinq ans minimum.
Je soutenais son regard mais il avait l'air mauvais. Il remarquait que je n'avais pas peur, alors que c'était ce qu'il recherchait. Mais j'étais trop insolente et inconsciente pour faire mine d'être terrifiée devant lui, histoire de m'éviter certains ennuis.
- Tu vas ou comme ça ?
Il avait une voix grave et un air pervers. Ça me répugnait mais je le fixais toujours.
- En quoi ça te regarde ?
Il resserrera sa main gauche autour de mon poignée et essayait de m'attraper le visage de son autre main alors je tournais la tête. Il se trouvait au bord de l'épicerie et ce que j'aperçus sur le côté en me dégageant me glaça le sang :
Cédric se trouvait par terre immobile. Je voulais hurler mais je sentis une pointe sur mon ventre. J'étais dorénavant paralysée de peur.
- Si tu cris, j'te bute.
Je tournais la tête en direction de l'épicerie mais le vendeur ne me voyait pas. Il était assis à la caisse lisant un journal. Je ne pouvais rien faire, je ne comprenais pas la situation mais j'avais le sentiment que c'était la fin.

The vicious circleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant