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Les paysages familiers de ma ville natale : Beverly Grove ont permis de m'apaiser. Je tourne mon regard vers la vitre de la voiture tout en tenant la main de Aaron qui se trouve à mes côtés. Mon regard se pose sur les panneaux indiquant la capitale, je déglutis difficilement. L'aventure vient tout juste de commencer. Je ne pourrais pas dire de quoi Aaron parlait, mais je sais qu'il voulait être rassurant avec moi. Après de longues heures de trajet, ma mère s'exclame :

- On y est !

Je sursaute avant de tourner mon regard vers ma mère. Elle stoppe la voiture et j'acquiesce rapidement avant d'en sortir. Je ferme la portière derrière moi. Je marche pour me diriger vers le coffre et l'ouvre quand je sens des mains se poser autour de ma taille, Aaron dépose un baiser dans mon cou avant de se baisser pour attraper ma valise grise pailleté. Je prends mon sac et claque le coffre. Nous marchons dans la rue pour atteindre le bâtiment : l'élégance de ceux-ci m'impressionne vraiment. Je tourne mon regard et vois des parents d'élèves en train d'embrasser leurs enfants, des groupes d'étudiants de première année vêtu de la tête au pied en l'honneur de l'université. La fac est vraiment grande, j'espère que dans quelques semaines, je me sentirai chez moi.

Je me tourne vers ma mère qui insiste pour m'accompagner à la réunion des étudiants. Nous rentrons dans le bâtiment le plus ancien et nous nous asseyons sur les chaises pour attendre que cela commence. Je tourne de nouveau mon regard vers ma mère qui scrute le tableau noir, elle garde le sourire durant les trois heures de réunion. Aaron et moi écoutons tout en se regardant de temps en temps. Il va vraiment me manquer... La réunion se termine de longues heures plus tard, ma mère se tourne vers moi avant de me dire :

- J'aimerai voir ta chambre avant de partir. Je veux m'assurer que tout est comme il le faut.

Nous sortons de la salle. Je ne réponds pas et la regarde faire, elle jette un coup d'œil critique de partout. Nous marchons quelques mètres avant de nous arrêter devant un bâtiment moderne. Elle a le chic pour faire ressortir les mauvaises choses. Aaron, lui, garde toujours le sourire. Il détend l'atmosphère. Ma mère se déride doucement. Elle se tourne vers moi tandis qu'elle ouvre la porte du bâtiment.

- Je n'arrive pas à croire que ma fille unique rentre à l'université. Tu vas vivre toute seule.

Je soupir doucement avant de fermer la porte derrière nous. On marche dans les couloirs remplis de monde, suivi d'Aaron qui portes mes affaires.

- C'est en C44, dis-je tout en regardant la liste. Et nous sommes dans le bâtiment A.

Heureusement, j'aperçois après de très longues minutes un grand C peint sur le mur et indique à ma mère qui marche dans la direction opposée que c'est ici. Je tiens fermement mes vêtements, une couverture et mes mangas. Comme ça, Aaron n'a pas trop de chose à porter et aussi, je ne mettrai pas longtemps à ranger toutes mes affaires.

- C44, souffle ma mère.

Ses talons claquent sur le sol du couloir désormais silencieux. Je suis étonnée comme il s'est vidé aussi rapidement. Les chaussures de ma mère ne sont pas vraiment faites pour marcher. Au bout du couloir, juste devant ce qu'il me semble être les douches. Je sors la clé de ma chambre et la rentre dans la serrure d'une porte en bois blanc. La porte à peine ouverte, j'entends ma mère échapper un cri. La chambre est plus grande que je ne l'aurai pensé. Il y a deux lits, deux bureaux et deux placards. Au bout de quelque minute, je découvre la cause du cri de ma mère : une fille aux cheveux bleu est allongé sur le second lit, ses yeux sont soulignés d'un épais trait d'eye-liner noir. En nous voyant, elle se met en tailleur sur son lit.

- Salut, dit-elle avec un large sourire. Je m'appelle Emily.

Elle est vêtue d'un jean noir et un croc-top qui s'arrête au niveau de la poitrine. Je tourne doucement mon regard vers Aaron qui ne se dérange pas pour regarder sa poitrine. Je fronce les sourcils avant de lui donner un coup de coude dans les côtes, ce qui lui fait rapidement baisser les yeux sur moi.

- Salut. Moi, c'est Rose, dis-je d'une voix douce.

- Salut Rose, dit-elle. Je suis ravie de te connaître. Bienvenue, les chambres sont grandes mais les fêtes sont géantes !

Le sourire de la fille aux cheveux bleu profond s'agrandit. Elle rejette la tête et éclate de rire en voyant l'expression de ma mère. Elle garde la bouche grande ouverte. Aaron reste silencieux depuis le début, il ne fait que se rapprocher de moi. Emily se redresse sur son lit avant de se diriger vers moi et me prendre doucement dans ses bras. Je reste stoïque durant de courtes secondes avant de lui rendre son geste amical. Aaron se baisse pour déposer les sacs sur le sol quand on frappe soudainement à la porte. Emily se dirige vers la porte et l'ouvre rapidement, deux garçons entrent. Des garçons dans les dortoirs des filles ? Je ne vais pas chercher une nouvelle chambre, vu l'expression de ma mère... elle va me faire la morale.

- Salut, t'es la nouvelle coloc d'Emily ?

Ce garçon a un mélange de mèche rouge sur ses cheveux noir. Ses bras ont des tatouages et ses boucles d'oreilles qui pendent sont magnifique. Je suis fan !

- Oui. Je suis Rose.

- Moi c'est Tom ! Ne t'inquiète pas tu vas te plaire ici.

Il me dit ça en souriant, il s'avance vers moi et dépose doucement sa main sur mon épaule. Son expression est chaleureuse et accueillante. Emily se dépêche de prendre son sac noir et dit :

- Je suis prête !

Je tourne mon regard et il se dirige vers un grand au cheveux décoloré blond appuyé contre le chambranle de la porte. Mon attention s'attarde sur son t-shirt noir puis sur ses bras aussi couverts de tatouages. Mais contrairement à Tom ils sont noirs. Il est grand, mince et il est sexy.

- À plus, Rose, déclare Tom.

Tous les trois sortent de la chambre, la porte se ferme et je pousse un soupir.

- Tu vas changer de chambre ! Et tout de suite, gronde ma mère.

- Je ne peux pas. Tout va bien, maman.

Je fais de mon mieux de ne pas écouter les rires qui sont font entendre de l'autre côté de la porte. Moi aussi, j'ignore comment les choses vont tourner mais il est hors de question que ma mère fasse un scandale dès mon premier jour ici. Je tourne mon visage vers elle avant de continuer :

- Je suis sûre qu'elle ne sera pas là souvent, de toute façon.

Ma mère me regarde droit dans mes yeux avant de froncer les sourcils.

- Certainement pas, on va faire le changement maintenant.

La colère déforme son visage.

- Tu ne vas quand même pas partager ta chambre avec une fille qui laisse entrer des garçons comme ça.

Je retiens ma respiration et plonge mon regard dans ses yeux puis me tourne vers Aaron.

- Maman, s'il te plaît, attendons de voir comment ça se passe. Je t'en prie.

Je n'ose même pas penser au bazar que ça ferait si j'essayer de changer de chambre à la dernière minute. Sans parler de mon humiliation. Ma mère m'observe puis tourne de nouveau son regard vers la chambre avant de pousser un soupir théâtral. À ma grande surprise, mais sur un ton acerbe, elle déclare :

- Comme tu voudras. Mais il va falloir que nous ayons une petite conversation avant que je m'en aille.

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➤ LuiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant