➤ Lui

➤ 42

J'entends un bourdonnement se faire entendre dans la chambre. Pourquoi ne s'arrête-t-il pas ? Je me retourne en ouvrant les yeux. Je ne sais plus où je suis, je me rends soudainement compte que je suis dans le lit d'Emily et que Hayden dort dans le mien. J'avais complètement oublié sa présence. D'où vient ce bruit ? La faible lumière m'aide et je cherche la source du bruit et elle me mène à la poche du pantalon d'Hayden. Je le regarde, il est encore en train de dormir. J'hésite vraiment à passer ma main pour en extirper son téléphone. J'y suis presque quand j'entends sa voix se faire entendre :

- Qu'est-ce que tu fabriques ?

- Ton téléphone vibre, ça m'a réveillée.

*- Quoi ? demande-t-il brusquement. Non, je ne reviens pas ce soir, je suis chez un pote.

Mais qu'est-ce qu'il raconte encore ? Nous sommes de nouveaux potes ? Et déjà pourquoi me prends-t-il comme excuses pour ne pas retourner à une fête ? Je me redresse et le regarde tout en croisant mes bras sur la poitrine.

*- Non, tu ne vas pas dans ma chambre. Tu le sais très bien. Je me rendormir maintenant. Et ma porte et fermée à clé pas la peine de perdre ton temps à essayer de l'ouvrir.

Il raccroche et je reste là, à le regarder. Je me glisse dans le lit d'Emily en remontant la couverture.

- Désolé, que ça t'ait réveillée, c'était Elena.

- Ah !

Je me tourne sur le côté en soupirant. Il me regarde en souriant, comme s'il savait que je suis jalouse d'Elena.

- Tu ne l'aimes pas, hein ?

Ses cheveux habituellement en crête tombe sur son front. Je secoue la tête.

- Pas du tout, en effet. Mais je t'en prie, ce n'est pas la peine de lui dire. Je ne veux pas d'histoire.

Je sais bien que je ne peux pas lui faire confiance, mais si jamais elle a un problème on pourra le régler toute les deux.

- Moi aussi, je ne l'aime pas beaucoup.

Je laisse échapper un rire avant de dire :

- Je vois que tu ne l'aimes pas du tout !

- C'est vrai. Je veux dire elle est marrante et tout. Mais elle est plutôt casse-bonbons.

- Alors pourquoi, est-ce que tu n'arrêtes pas de dragués avec elle ?

Je m'assois et plie mes genoux.

- Et pourquoi je devrais arrêter ?

- Ben, si tu la trouve si pénible que ça, pourquoi tu continues ?

J'ai vraiment envie de savoir sa réponse.

- Ça m'occupe, je suppose.

J'acquiesce avant de prendre une profonde inspiration.

- Viens t'allonger près de moi.

- Non.

- Allez, viens. Je dors mieux quand je suis avec toi.

- Qu'est-ce que tu dis ?

Qu'il le pense ou pas, les paroles qu'il vient de dire, me fait fondre le cœur.

- Je dors mieux quand je suis avec toi, murmure-t-il.

Il baisse les yeux.

- Le week-end dernier, j'ai dormi comme un bébé, et je peux te dire que je n'ai pas fait ça depuis longtemps.

- C'était probablement à cause du whisky qu'à moi.

- Non, c'était toi... 

- Hum, bonne nuit Hayden.

Je m'allonge. Mais la voix d'Hayden se fait de nouveaux entendre.

- Pourquoi tu ne me crois pas ?

- Parce que tu fais toujours comme ça. Tu montres ton vrai visage avant de devenir moqueur.

J'arrête de parler et me cramponne à la couverture de ma colocataire. J'entends mon lit craquer légèrement et je sens les doigts de Hayden caresser doucement ma joue.

- Je ne le fais pas exprès.

J'ouvre les yeux et le fixe.

- Mais si, tu le fais exprès. Comme il m'as obligée de tout dire à Aaron. Ce soir, tu dis que tu dors bien avec moi, mais si je m'allonge près de toi, tu vas me dire que tu ne peux pas me supporter. L'autre jour, à la rivière... bon laisse tomber.

- Je t'écoute.

- Pourquoi tu aimes tant jouer au chat et à la souris avec moi. Tu es sympa et tout de suite après, tu es énervant. Tu dis à Emily que tu vas me détruire si je m'approche de toi.

- Je... je ne voulais pas dire ça... c'est juste que... parfois... je ne me comprends pas, dit-il en passant une main dans ses cheveux décolorés.

- Pourquoi tu as laissé tomber les cours ?

- Parce que tu ne veux plus que je t'approche, et il ne faut surtout pas que je m'approche de toi...

- Alors, pourquoi est-ce que tu le fais ?

Je me rends compte que l'atmosphère à changer. Nos visages sont à quelques mètres.

- Je n'en sais rien.

Il frotte ses mains sur ses genoux. Je voudrai dire quelques choses, n'importe quoi, mais je ne peux pas lui dire qu'il doit garder ses distances. Je sais très bien, que je vais penser à lui, chaque jour, il rompt finalement le silence.

- Je peux te poser une question à laquelle tu me répondras ?

Je hoche la tête.

- Je t'ai manqué cette semaine ?

J'ouvre la bouche, je ne m'attendais pas du tout à ça. Je cligne rapidement des yeux et j'éclaircis ma voix.

- Alors ?

- Ouais.

- Ouais, quoi ?

- Mais tu le sais, je ne fais que te répondre.

Je déglutis, m'attendant au pire. En revanche, je l'entends soupirer de soulagement ni le beau sourire qui illumine son visage.

- C'est vrai ?

Il ne me croit pas. Je confirme d'un signe de tête, ce qui me vaut un sourire timide.

- Est-ce que je peux me rendormir maintenant ?

- Seulement si tu dors avec moi. Dans le même lit, me dit-il dans un sourire.

- Hayden... tu ne peux pas dormir, tout simplement ?

Je me retourne en prenant bien garde à ne pas le toucher. Mais soudain, je pousse un cri quand il me tire par les jambes. Il me soulève du lit pour me jeter sur épaule. Il me porte jusqu'à mon lit sans prendre en compte les coups de pieds que je donne. Il pose un genou sur le lit et me pose doucement du côté mur avant de s'étendre près de moi. Je le fusille du regard sans dire un mot. Il tend le bras pour ramasser l'oreiller que je lui ai jeté à la figure un peu plus tôt. Il le met entre nous comme barrière.

- Voilà tu peux dormir en toute sécurité.

Je lui souris, c'est plus fort que moi.

- Bonne nuit.

- Bonne nuit, Ros.

Mon regard se pose sur le plafond, je n'ai plus sommeil. Quelques minutes plus tard, je sens l'oreiller bouger et Hayden entoure ma taille de ses bras et m'attire contre sa poitrine. Je le laisse faire.

- Tu m'as manqué aussi, murmure-t-il dans mes cheveux.

Un sourire se dessine et je sens la douce pression de ses lèvres sur le haut de mon front.

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