Chapitre 6 : Réveil brutal ✓

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Bien trop agitée pour avoir dormi suffisamment la veille, je suis réveillée le lendemain matin par Noisette, perchée sur le haut de ma tête, occupée à lécher mes cheveux. Visiblement, elle a décrété que l'heure est venue pour moi de me lever...

Avec une migraine épouvantable, je me tire du lit en trainant les pieds pour aller ouvrir les rideaux. La lumière du soleil m'aveugle quelques instants et constate que tout le monde est déjà occupé par ses tâches quotidiennes.

Alors comme ça, personne ne s'est donné la peine de venir me réveiller...

Redoutant ma méchante humeur, ils avaient laissé le soin à Noisette de s'en charger. Je suspecte Maria d'avoir ouvert la porte de ma chambre exprès !

J'aperçois Rosita lessiver nos linges de lit non loin de Joseph, qui est en train de brosser consciencieusement Clarice, le cheval de mère. Ils se contentent de se jeter des œillades à la dérobade, les deux étant beaucoup trop timides pour amorcer le premier pas.

Que c'est beau l'amour...

Je reste là à les regarder avec un léger pincement au cœur en pensant qu'ils finiront probablement par se marier, amoureux et consentants. Alors que moi, je vais devoir me marier avec un homme surement plus en âge d'être un père qu'un mari, bedonnant et couvert de verrues.

Frissonnante de dégout, je me drape dans ma robe de chambre et descends en quête de nourriture.

La maisonnée est inhabituellement silencieuse. Je n'entends pas Annie s'affairer dans la cuisine, ni Maria astiquer l'argenterie comme elle en a la maladive habitude de le faire chaque matin.

Me redoutaient-ils tous au point de fuir ?

Je me sers une tasse de café encore fumant et me tartine deux tranches de pain grillé avec du miel. Quand j'entends des bruissements de papier provenir du bureau, je m'arrête de manger et me dirige vers la pièce.

—   Ça ne va pas du tout, mais pas du tout ! 

Mère grogne de frustration, aussi je me risque un coup d'œil dans la pièce. Comme d'habitude, une envie presque irrépressible de pleurer s'empare de moi dès que j'essaye d'entrer dans le bureau de père. Je peux presque encore sentir son odeur flotter dans l'air...

—   Quelle catastrophe ! 

Voûtée sur sa chaise, la tête entre les mains sur ses livres de comptes, mère semble elle aussi sur le point de s'effondrer. Finissant par être consciente de ma présence, elle relève la tête et me regarde tandis que je reste bêtement plantée dans l'encadrement de la porte.

—   Tu comptes te décider à entrer ? me lance-t-elle, agacée.

—   Je ne sais pas encore. Je suis en train d'y réfléchir. 

—   Arrête de réfléchir Marina et entre dans cette pièce ! Un peu de courage, bon sang, m'enjoint-elle, le regard glacial.

Ne voulant pas déclencher une nouvelle dispute, je fais ce qu'elle me dit. J'avance d'un pas, puis d'un deuxième, jusqu'à finalement aller m'assoir sur un des deux sièges en face du bureau.

—   Voilà, ce n'était pas si compliqué, non ? Tu peux aussi respirer, tu sais. 

Elle me lance un petit sourire et replonge son nez dans les comptes.

Je ne me suis même pas rendu compte que j'avais retenu ma respiration, jusqu'à ce que ma tête se mette à tourner et que des petites taches noires dansent devant mes yeux.

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