Chapitre 8 : Le bal ✓

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Paris, demeure des Duchateau.

Nous arrivons devant la demeure des Duchateau après ce qui m'a paru une éternité. Un petit coup d'œil à la montre à gousset de père m'indique que nous avons passé les deux dernières heures sur la route.

Je n'avais écouté que d'une oreille distraite les babillages incessants de mère en me contentant de les ponctuer d'un signe de tête de temps à autre.

Mon esprit n'avait pu que se focaliser sur le duc Decléssin, essayant de se l'imaginer des centaines de fois. Comment est-il ?

Mère me l'avait décrit comme un bel homme, mais j'ai appris à me méfier de ses goûts pouvant être on ne peut plus particuliers...

—   Vous êtes arrivées à destination, Mesdames. 

La voix de Joseph m'arrache brutalement de mes pensées et nous aide à descendre de la voiture.

—   Je vais vous attendre dans les parages. Nous pourrons repartir dès l'instant où vous l'aurez désiré, poursuit-il en me regardant avec insistance.

Nous le remercions et mère me tend un éventail... à plumes. Évidemment !

Amorçant notre parcours vers l'entrée, je suis émerveillée par la splendeur du domaine des Duchateau. Le nôtre détonne à côté de la grandeur des lieux.

La longue allée menant vers la résidence est décorée de divers fleurs et arbustes dans un style typiquement français. Les tours disposées sur les quatre coins du toit et les treize fenêtres recensées uniquement sur la face avant donnent au bâtiment des allures de château.

Terrifiée, je reste désespérément accrochée au bras de mère pendant qu'elle nous présente au valet.

— Veuillez annoncer l'arrivée des Dames Deroy, je vous prie. Nous avons été invitées personnellement par la maîtresse des lieux. 

Avec une révérence, le valet nous ouvre la porte de la grande salle et avertit l'assemblée de notre présence.

Tous les regards se posent sur nous et je manque de m'étouffer avec ma propre salive tant ma gorge est nouée.

La marquise abandonne les quelques personnes avec qui elle discutait pour s'empresser de venir nous accueillir.

Elle est une ravissante femme aux yeux bleus et aux cheveux vénitiens. Avec sa silhouette élancée, elle est magnifique dans sa robe toute en couleurs reflétant à merveille sa personnalité.

—   Élisabeth ! Je suis tellement heureuse de vous voir ! La route s'est-elle passée sans encombre ? 

—   Très bien, aucun incident à signaler. Je vous remercie de vous en soucier, mon amie. 

L'hôte de la soirée détourne bien trop vite son attention vers moi et me prend le visage entre les mains, l'examinant de son œil critique.

—   Marina, quelle belle jeune femme vous êtes devenue ! Il y a fort bien longtemps que je n'ai plus eu la chance de vous croiser lors de mes petites visites. À croire que vous essayiez de m'éviter, petite coquine ! 

Elle part dans un grand éclat de rire, accompagné par celui de mère alors que je ris jaune, tendue comme un arc.

De fait, je ne peux guère la contredire. Je m'étais évertuée à l'éviter soigneusement dès que j'eusse vent de son arrivée au domaine. Voilà plusieurs années qu'elle s'était mise en tête de me marier à son frère. Jusque-là, elle avait toujours été réfrénée par mon père et ensuite, par les incertitudes de ma mère.

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