Nos destinées

Chapitre 35 : Le bal royal et ses énergumènes (Partie 1) ✓

— On dirait qu'elle a du mal à se fermer, se plaint Héloïse en essayant de joindre difficilement les deux pans de ma robe ensemble.

— Comment cela peut-il être possible ? Nous sommes allées la commander il y a peu ! Est-ce que c'est la bonne robe ? demandé-je en rentrant mon ventre autant que possible.

Si cela se trouve, cette bonne femme n'avait pas apprécié mon comportement de l'autre jour dans sa boutique. Elle a probablement modifié mes mensurations pour que je me retrouve avec un vêtement trop petit ! Cette enflure !

— C'est au niveau de votre poitrine qu'elle coince, souffle ma dame de chambre en tirant encore plus fort sur les lacets de mon corset.

— Arrêtez ou vous allez vous retrouver avec mon cadavre sur les bras ! crié-je en allant ouvrir la fenêtre de la chambre. De l'air !

Sacrebleu ! Nous sommes censés être chez le roi dans deux heures et je ne suis toujours pas prête. Ce qui risque fort peu d'être le cas un jour si cette fichue robe refuse d'obtempérer !

— Qu'allons-nous faire, Héloïse ? C'est un véritable enfer ! Pourquoi diable faut-il que cela arrive aujourd'hui et à moi ? À quoi cela sert-il que nous ayons passé toute la soirée d'hier à faire en sorte que mes cheveux et ma peau soient aussi doux que les fesses d'un bébé si c'est pour terminer comme ça !

J'arpente la pièce en hurlant comme une hystérique, mes bras brassant l'air et les mouches.

— Allons, allons, calmez-vous. Je suis sûre que nous allons trouver une solu-

— Mais oui, bien sûr, je suis tout ouïe ! Dites-moi ce que vous comptez faire, Héloïse ? m'exclamé-je, sarcastique, en me laissant tomber sur le lit.

Songeuse, elle reste quelques instants silencieuse avant de se diriger vers ma coiffeuse et farfouiller à l'intérieur. Que compte-t-elle trouver ? Une quelconque apparition divine ?

— Que pensez-vous de cela, Madame ? demande-t-elle en me mettant le résultat de ses recherches sous le nez. La broche de Maria !

Je me relève précipitamment du lit pour la serrer très fort dans mes bras, ma colère subitement évaporée pour laisser place au soulagement.

— Vous êtes un ange tombé du ciel ! Qu'est-ce que je ferais sans vous !

— Ne vous réjouissez pas trop vite, rigole-t-elle. Essayons d'abord de voir ce que cela donne.

Héloïse place la broche de telle sorte à pouvoir refermer la robe sans donner l'impression qu'elle est nécessaire à son maintien. En me regardant dans le miroir, la broche en argent épinglée sur mon buste se fond à merveille avec ma toilette couleur crème. Le tout encadré par mes cheveux qui retombent en cascade sur ma poitrine. Personne ne pourrait se douter que l'accessoire avait été rajouté.

— Voilà, tout est parfait maintenant, se réjouit-elle en tapant dans ses mains. Il n'y a plus qu'à...

Des coups à la porte la stoppent tandis que les intonations nerveuses de William parviennent jusqu'à nous.

— Marina ? Tu es prête ? Si nous ne voulons pas être en retard, nous ferions mieux de partir bientôt...

— Je suis prête, tu peux entrer !

Il rentre dans la chambre et je remarque tout de suite la petite boite qu'il tient dans sa main. Qu'est-ce que c'est ?

Ses yeux parcourent rapidement la pièce en me cherchant. Quand ils me trouvent, ils se figent un instant puis m'examinent de haut en bas, appréciateurs.