— Marina ? Mais, que faites-vous ici ?
Dominique m'accueille avec une expression de surprise collée sur le visage tandis qu'il ouvre le portail afin de me permettre d'enter avec Tempête.
Il me laisse à peine le temps de descendre de mon cheval qu'il me gratifie déjà d'une étreinte à couper le souffle.
— Comment allez-vous ? Ce n'est pas encore un peu tôt pour monter à cheval, p'ti bout ? s'inquiète-t-il en me regardant sous toutes les coutures.
— Je vais très bien, Dominique. Et puis, je ne suis pas venue seule. Je vous présente Rony, dis-je en me retournant vers le concerné qui entre timidement à son tour.
— Oui, je sais qui il est. C'est ce jeune homme qui est venu nous avertir de votre accident.
Mon palefrenier saute de sa monture et se penche promptement devant Dominique.
— Monsieur, je suis ravi de vous revoir dans de circonstances beaucoup plus joyeuses.
— Inutile d'être aussi formel, garçon, je ne suis qu'un homme de ferme ! rigole-t-il en tapant affectueusement l'épaule de Rony.
Sa fourche à la main, le vieil homme commence sa montée vers les écuries en nous enjoignant de le suivre.
— Alors, dites-moi ce qui vous amène aujourd'hui ? J'espère que vous ne fuyez pas déjà votre nouvelle maison, plaisante-t-il en me dévisageant de son regard perçant.
J'ai si mauvaise mine ?
— Euh... Eh bien, c'est que vous me manquiez beaucoup. Vu que je suis capable de me déplacer à nouveau, je suis venue vous faire une petite surprise.
— Hmm, murmure-t-il, pas dupe.
J'étais partie discrètement aux aurores en demandant à Rony de m'accompagner. Je n'avais aucune envie de croiser William et ma famille me manquait réellement.
Je suis miraculeusement sauvée de son inquisition par les cris de Joseph, sortant à toute hâte des écuries, afin de nous rejoindre. Peu habituée à ses élans d'affection, je reste bouche bée quand il me prend dans ses bras.
— Marina ! Je suis tellement heureux de vous voir en si bonne santé ! se réjouit-il, les larmes aux yeux. Marina !
La réaction de Joseph me touche énormément, et je me rends compte à quel point cela avait dû être dur pour lui de faire les aller-retour du domaine sans pouvoir me voir. Je réponds sincèrement à son étreinte, émue. Il est comme le grand frère que je n'ai jamais eu.
— Moi aussi, je suis heureuse de te revoir ! C'est triste que je doive passer à côté de la mort pour que tu daignes enfin m'appeler par mon prénom ! le taquiné-je alors que le rouge lui monte aux joues.
Avertie par les cris, Rosita sort à son tour des écuries, les yeux grands ouverts comme des soucoupes. Elle se jette dans mes bras en laissant couleur plusieurs larmes sur ma robe.
— Oh, mon Dieu, je... ne nous refaites plus jamais cela !
Je la réconforte du mieux que je peux en la prenant par les épaules, puis en essuyant l'eau saline de ses joues.
— Je suis contente de voir que ma mort en aurait affecté plus d'un !
— Mais évidemment ! Ne soyez pas ridicule, s'exclame-t-elle scandalisée par ma plaisanterie de mauvais goût.
Elle prend spontanément la main de Joseph dans la sienne, ce qui ne manque pas de m'échapper.
— Hm, je vois qu'il y a eu de l'évolution par ici... murmuré-je avec un clin d'œil.
VOUS LISEZ
Nos destinées
Historical FictionEn l'an 1757, Marina Deroy, jeune bourgeoise de vingt-deux ans, voit son destin bouleversé du jour au lendemain lorsqu'elle apprend que l'entreprise de ses parents est au bord de la faillite. Le père de Marina, Arthur Deroy, décédé brutalement un a...