Chapitre 63 : La confrontation (Partie 2) ✓

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Ivre de rage, William arpenta la pièce comme un rat pris au piège et ordonna à son beau-frère de continuer.

— Ils ont marché dans la combine jusqu'à ce que l'annonce de la grossesse atteigne leurs oreilles. Là, tout est devenu un véritable enfer.

Le léger film recouvrant les tempes d'Henri se transforma en grosses gouttes, dévalant son visage dans un sillon humide jusqu'à s'échouer dans le creux de son cou. Sa respiration se fit plus lourde alors que des larmes emplirent ses yeux.

— Ils ont complètement perdu la raison ! Ils voulaient impérativement se débarrasser d'Élise. Encore une fois, j'ai essayé de les en empêcher en leur disant que nous valions plus que cela, que nous n'étions pas des meurtriers ! Le marquis Deville était de mon avis, mais les autres n'en démordaient pas. Pour tenter de déboucher sur un commun accord, le duc Rousseau a soumis l'idée de se débarrasser de l'enfant, car c'était lui la véritable entrave à notre but.

— Comment ? lâcha le duc avec une douceur feinte après quelques minutes.

— William...

— Dis-moi comment !

— Étant donné ma relation avec la famille, il a été évident qu'ils me confient la sale besogne. Je ne voulais pas le faire, William. J'ai tout fait pour m'y opposer, mais ils ont commencé à me menacer moi aussi. Ils savaient où trouver François et Lisa. Je n'avais pas le choix.

William tiqua sur le dernier mot et enfonça ses ongles dans les paumes de ses mains. La douleur physique lui permettrait peut-être de rester maître de ses émotions.

— Ils ont profité de l'aubaine de ton absence pour mettre leur plan à exécution. C'est alors qu'ils m'ont confié un mélange de plantes hautement toxique pour les femmes en gestation. Ils disaient qu'ainsi ma volonté de ne faire aucun mal à Élise serait honorée en plus de parvenir à leurs fins. Et je l'ai fait... Presque tous les jours, je l'ai regardé boire cette horreur. Presque tous les jours, j'ai regardé cette jeune femme innocente s'intoxiquer pendant qu'elle fabriquait un magnifique petit ourson pour son enfant à venir, et je n'ai rien fait pour l'en empêcher...

« Puis, un jour, lors d'une de mes visites, elle m'a confié ne plus sentir son bébé bouger. La petite étincelle de vie qui s'était créée ces derniers mois dans ses yeux s'était éteinte ce jour-là. Malgré tout, j'ai essayé de la rassurer en lui disant que cela arrivait à de nombreuses femmes de ne plus sentir leur bébé bouger et que cela ne voulait rien dire. Mais elle avait compris que son enfant ne verrait jamais le jour... Quand je suis parti, elle m'a assuré que tout irait bien et qu'il ne fallait pas s'inquiéter pour elle. Toutefois, à partir de moment où je l'ai vu caresser la peluche inachevée avec un air paisible, j'ai tout de suite compris ce qu'elle allait s'apprêter à faire et je savais que rien n'aurait pu la détourner de son ultime but. La suite, tu la connais...

L'homme commença à sangloter alors que William se figea devant la fenêtre, son grand corps entravant partiellement les rayons du soleil voulant pénétrer la pièce.

— Pauvre Élise, couina-t-il, le souffle erratique. Elle ne méritait pas ce qui lui est arrivé !

Le jeune homme vit rouge et, aveuglé par sa propre fureur et douleur, il se jeta sans ménagement sur son beau-frère et l'attrapa par le col. Le corps du petit homme se retrouva projeté contre le mur tandis que William pressa son avant-bras contre sa gorge.

— Ne prononce pas son nom ! hurla-t-il. Je te l'interdis ! Tu ne fais que le souiller !

Henri ouvra et referma la bouche à plusieurs reprises afin de tenter d'insuffler une goulée d'air salvatrice dans ses poumons maintenant douloureux.

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