Chapitre 13 : Une nouvelle vie ✓

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Le 4 août 1757, demeure Decléssin

Lorsque nous étions revenus pour le dîner ce jour-là, William et moi avions déclaré à mère que nous souhaitions nous marier la semaine suivante, juste avant son départ pour une nouvelle mission au nord de la France. Ma génitrice avait failli en tomber de sa chaise :

— Si rapidement ? s'était-elle exclamée. Mais pourquoi, diable ? 

— Comme vous me l'aviez demandé, j'ai pu jeter un rapide coup d'œil aux comptes du domaine, et vos chiffres sont alarmants. Autant nous marier le plus rapidement possible afin de remédier à cette situation, avait-il déclaré.

— Mais nous n'aurons pas le temps d'organiser un mariage en aussi peu de temps ! s'était-elle indignée.

— Mère, William et moi souhaitons quelque chose de simple et de rapide. Il n'y aura aucun invité, alors inutile d'en faire des tonnes. 

— Comment ça, aucun invité ?

S'en étaient suivi de longues minutes de complaintes et tentatives affectives afin de nous faire changer d'avis, en vain. William était resté campé sur ses décisions, inflexible.

Finalement, nous étions parvenus à un accord avec mère, qui accepta notre souhait de simplicité à condition de nous marier dans une église en bonne et due forme.

C'est ainsi que nous étions arrivées chez William avec Maria, la veille du mariage. Le notaire de celui-ci vivant proche de son domaine, il avait été naturel que nous nous déplacions jusqu'à lui.

Mais enfin, qu'est-ce qui vous a pris de vous mariez aussi rapidement ? se plaint mère, visiblement encore accablée par ses émotions, en m'aidant à revêtir ma robe de mariée. Comment voulais-tu qu'on te confectionne une robe digne de ce nom dans un lapse de temps aussi court ? 

— Elle me convient parfaitement cette robe. Je ne vois pas ce que vous lui reprochez. 

— Elle est d'une simplicité déconcertante ! On dirait que tu t'apprêtes à aller dormir, et non à te marier... 

— Vous avez déjà vu des robes de chambre avec de la mousseline et des broderies en linon ? 

— Elle n'a pas tort... intervient Maria, prenant mon parti.

Ma robe est effectivement très simple, mais efficace. Fabriquée en mousseline de coton blanc, sa coupe est droite. Ses manches courtes ainsi que son discret décolleté carré soulignent joliment ma carrure, la mettant en valeur. Les seules fantaisies que je me suis accordée sont les broderies qui agrémentent la robe çà et là, en plus du fin ruban de satin blanc attaché sous ma poitrine.

— Moi, je vous trouve magnifique, Marina. Cette robe vous correspond parfaitement, me complimente-t-elle en déposant quelques gypsophiles blanches dans mon chignon pour rappeler celles de mon bouquet.

— Ces fleurs sont magnifiques ! Dominique a fait du très bon travail avec cette composition. Des pivoines et des gypsophiles blanches, très bon choix ! s'empresse-t-elle d'ajouter pour détourner la discussion vers un sujet moins épineux.

Bien que Maria soit la seule des domestiques à être présente pour mon mariage, ils m'ont tous témoigné de leur soutien et présence à leur façon :

Rosita m'a confectionné un porte-jarretelle en dentelle avec un petit nœud bleu. Annie, quant à elle, a brodé les initiales de Saphir et Noisette sur un mouchoir en guise de souvenirs de mes deux chats, qui ne pourront malheureusement pas m'accompagner dans ma nouvelle maison. Joseph m'a offert un magnifique médaillon sur lequel il avait gravé de ses mains les initiales de mon père, et Dominique a confectionné mon bouquet de fleurs.

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