Chapitre 43 : L'auteur présumé (Partie 2) ✓

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Marco met fin à son monologue ce qui me tire brusquement de ma léthargie. Tremblante, je tente de mettre de l'ordre dans mes pensées, mais c'est impossible. Pendant sa longue tirade, j'ai essayé de me visualiser chaque scène, chaque personne, chaque expression, et plus il avançait dans son récit plus ça en devenait insupportable. Je comprends mieux pourquoi il hésitait tant à m'exposer son point de vue, car il incrimine directement un noble très influent et intouchable. Si quelqu'un d'autre que moi avait entendu de tels propos, le domestique serait surement déjà en chemin vers la potence.

— Avez-vous déjà confié vos soupçons à William, demandé-je sottement en essayant de reprendre mes esprits.

— Évidemment ! Il s'est mis dans une colère noire et m'a fait jurer de ne plus jamais en parler. À l'époque, il était beaucoup trop terrassé par son chagrin pour s'ouvrir à une autre éventualité.

— Le fait est qu'Élise est morte de ses propres mains... Que Henri ait interféré ou non dans sa décision, l'homicide a été commis de son propre chef. On ne peut donc pas l'accuser d'être le meurtrier.

— Je suis bien conscient de tout ça, mais ce que j'essaye de vous faire comprendre c'est que Henri est capable de beaucoup plus de choses que vous ne le croyez. Élise était une cible facile, car elle lui faisait confiance. ce qui lui a permis d'arriver à ses fins sans avoir à s'impliquer outre mesure. Mais, qu'en est-il de vous ?

Je déglutis difficilement tant ma salive me donne l'impression d'une boule feu qui s'écoule dans ma gorge. Instinctivement, j'enroule mes bras autour de mon ventre comme si leur simple présence allait protéger mon bébé.

— Donc, vous pensez qu'il pourrait m'assassiner ?

— Connaissant le passif d'Élise, continue-t-il, personne n'a véritablement été surpris de savoir qu'elle avait fini par passer à l'acte, même pas William. Henri s'en est sorti indemne, car il savait que personne ne le soupçonnerait. Mais dans votre cas, il faudrait qu'il soit plus malin, et probablement qu'il ferait appel à ses innombrables contacts pour l'aider à atteindre son but. Après tout, l'argent achète tout...

— Mais que suis-je censée faire alors ? soufflé-je, complètement terrifiée et encore embrouillée. Et puis, cela ne tient pas debout ! Henri a été le premier à pousser William à m'épouser !

Marco lâche un petit rire sarcastique avant de me répondre :

— Croyez-moi, avant vous, il s'est toujours débrouillé pour que William décline toutes demandes en mariage. Il était clair qu'il ne voulait pas voir son beau-frère se remarier, et on sait tous les deux pourquoi. Toutefois, quand votre mère est arrivée avec une proposition en or qui incluait une société leader en matière de rhum, le choix a été vite arrêté. Une telle alliance lui permettrait non seulement d'hériter du patrimoine des Decléssin, mais aussi celui de votre famille ! Le risque en vaut grandement la chandelle !

Estomaquée, je finis par m'assoir au pied de l'arbre. Quand nous avions proposé l'accord à William, nous savions que nous allions léguer nos biens à mon futur époux. C'était d'ailleurs l'essence même de la proposition puisque l'entreprise avait besoin d'être représentée par un homme. Mais un homme digne de confiance que nous avions choisi. Un homme que nous savions capable de gérer nos avoirs pour assurer leurs fructifications tant pour son intérêt que pour le nôtre. Part du marché que William a parfaitement respecté jusqu'à maintenant. Bien qu'il en soit le propriétaire, l'entreprise a conservé et est toujours représentée sous le nom des Deroy, mais qu'en serait-il s'il venait à décéder ? Que deviendrions-nous ? Est-ce que Henri nous chasserait de notre propre maison pour en récolter tous les bénéfices ? Tout avait été si minutieusement calculé !

Nos destinéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant