Chapitre 18 : Une balade sanglante ✓

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Cette nuit-là, William n'était même pas venu dormir avec moi. Apparemment, il avait décidé qu'on ferait déjà chambre à part. Avait-il au moins dormi ?

À mon réveil ce matin, j'ai la désagréable nouvelle d'apprendre qu'il est déjà parti. Mon mari s'en va pour deux semaines et il ne me laisse ni mot ni message en guide d'au revoir. Là, ce n'est plus du rejet, mais clairement un manque de respect. Il ne perd rien pour attendre, celui-là !

Vexée, je me dirige dans son bureau pour honorer ma promesse et écrire une lettre à mère :

Six août 1757, domaine des Decléssin.

À l'attention d'Elisabeth Louise Marchaux Deroy,

Très chère mère,

Je vous avais promis de vous écrire dès le lendemain de votre départ, mais je me suis laissée un peu déborder par les évènements. J'espère que vous ne m'en tiendrez pas rigueur et que vos cheveux sont encore tous sur votre tête.

Comme vous devez vous en douter en lisant cette lettre, j'ai survécu à ma nuit de noces. William s'est montré extrêmement compréhensif et doux. Je vais très bien, ne vous inquiétez pas.

Ici, tout est tellement différent par rapport à notre domaine.

Je suis perpétuellement couverte d'attentions par les domestiques. Bien que très sympathiques, cela me met énormément dans l'embarras mais j'imagine que je finirais par m'y habituer...

Oui, je vous vois venir et, non, je ne compte pas en arriver au point où ils devront me chausser !

William est déjà parti pour une mission de deux semaines au nord de la France. Vous me manquez tous terriblement.

J'espère de tout cœur que vous m'enverrez Joseph sous peu. L'ennui m'a poussé à parcourir la demeure au moins une dizaine de fois. Je la connais maintenant tellement bien que je pourrais m'y déplacer les yeux fermés !

Je compte sur vous pour transmettre toute mon affection à notre petite famille.

Dans l'attente d'avoir de vos nouvelles, ma très chère mère, je vous grée de croire en tout mon amour,

Marina Gisèle Deroy Decléssin.

J'ai bien envie de lui confier mes doutes concernant William, mais j'ai trop peur qu'elle ne soit rongée par la culpabilité si je lui avoue que je suis blessée par son comportement. Après tout, c'était elle qui m'avait poussé dans ses bras.

Je décide de me tourner vers Maria, ma confidente de toujours, et mets à plat mes sentiments sur papier :

Six août 1757, domaine des Decléssin.

À l'attention de Maria Geneva Lopez,

Très chère Maria,

J'imagine que maman va s'empresser de vous donner de mes nouvelles. Toutefois, je tiens à vous écrire une lettre toute particulière et, que j'espère, vous saurez garder sous silence. Mais, je sais que je peux avoir une confiance aveugle, vous qui me comprenez toujours si bien.

On m'avait prévenu que la vie de jeune mariée n'était pas toujours évidente, mais je ne pensais pas en avoir un avant-goût dès le deuxième jour.

Ne vous m'éprenez pas, je suis dorlotée et William se comporte comme un parfait gentleman.

Cependant, j'aimerais vous faire part de mes doutes et sentiments concernant ma toute nouvelle situation.

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