Chapitre 39 : Comme avant (Partie 1) ✓

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Deux jours plus tard.

— Vous êtes prête ? me demande Marco pendant que j'enfile ma cape.

L'automne maintenant bien installé, les chaleurs insupportables, qui nous avaient accompagnés tout le long du mois d'août et une partie de septembre, ont enfin laissé place à une atmosphère beaucoup plus fraîche et respirable. Bien que la pluie se fasse toujours un plaisir de nous honorer de sa présence peu importe la saison à laquelle nous nous trouvons.

— Oui, je suis prête, répondis-je en entrant dans la voiture.

Au vu de ma récente condition, le docteur Dubois m'avait vivement conseillé de ne pas monter à cheval. Ainsi, c'est Damien qui s'est vu chargé de la responsabilité de m'accompagner jusqu'à la maison de mon enfance, assisté de Lunie et Tempête. À en juger par les hennissements de mécontentements de cette dernière, elle ne semble guère des plus ravies de participer à cette petite expédition nécessitant de se retrouver attacher à un carrosse.

— Fait bien attention sur la route, Damien, je compte sur toi ! l'averti le majordome en fourrant les pans de ma robe à l'intérieur pour ensuite refermer la porte.

Le jeune cocher acquiesce vivement en prenant place, le torse bombé de fierté de s'être vu octroyer cette tâche ô combien délicate...

— Je vous souhaite bon voyage, Madame.

Il pince ses lèvres comme s'il hésitait à me dire quelque chose. Ses yeux devenus fuyants, je les force à se reposer sur moi.

— Que se passe-t-il, Marco ? demandé-je en ayant déjà une vague idée de la réponse. Si vous vous tracassez par rapport à ma sécurité, je suis sûre que tout va bien se passer.

— Ce n'est pas ça... Mis à part votre mère, à qui d'autre comptez-vous annoncer la nouvelle ? finit-il par demander en me laissant coite de stupeur.

— Euh, seulement ma famille... Je souhaiterais que William l'apprenne de ma bouche, donc je ferais en sorte qu'elle n'arrive pas jusqu'aux oreilles extérieures.

— Très bien, souffle-t-il, soulagé.

— Vous savez, nous ne pourrons pas le cacher indéfiniment. Mon état finira par se voir bien assez tôt.

À mes mots, le regard du majordome s'obscurcit d'une résolution inébranlable. Alors qu'il me fixe intensément, la peur s'insinuant en moi provoque une multitude de frissons se répandant dans tout mon corps comme une trainée de poudre.

— Il est hors de question que je laisse les choses se reproduire une seconde fois, Madame.

Sans en dire plus, il donne deux coups secs à l'arrière de la voiture et celle-ci se me instantanément en branle.

Décidément, cette grossesse commence à tourner à l'obsession pour lui, sans compter que son agitation est des plus contagieuses...

Je comprends que le fait que je sois enceinte fasse remonter en lui des souvenirs liés à Élise et à notre condition commune. Il est vrai que William ne sera pas présent non plus pour cette grossesse, et que la pauvre jeune femme était décédée à cette étape de sa vie, mais la comparaison s'arrête là.

Ma situation est différente de la sienne en bien des points. Contrairement à elle, j'ai la chance de savoir prendre soin de moi et de distinguer le bien du mal. En outre, ma famille, vivant seulement à quelques kilomètres de chez moi, est d'un soutien sans faille et je sais que je pourrais compter sur elle quoiqu'il puisse arriver.

Ce qui semble le torturer le plus est toute cette histoire sur le présumé assassinat d'Élise qu'il s'est mis en tête depuis un bon bout de temps. Je me demande bien la réaction que William avait eue lorsque Marco lui avait fait part de ses doutes pour la première fois. Honnêtement, je ne sais pas ce qu'est le plus troublant entre penser que sa femme se soit donné la mort ou alors qu'elle se soit fait assassiner.

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