Chapitre 7 : Des préparatifs épuisants ✓

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Une semaine plus tard.

J'ai l'impression de n'avoir eu le temps de cligner des yeux qu'une seule fois entre le moment où mère m'avait trainée de boutique en boutique à aujourd'hui, le redouté jour J.

Le bal aura lieu ce soir, et on peut dire que l'adjectif nerveux est un euphémisme pour décrire l'état dans lequel je me trouve actuellement. Paniqué serait plus exact.

Haletante comme un chiot au bord de l'évanouissement, je tente de survivre aux assauts de Maria qui ne cesse de serrer mon corset plus que de raison. Les mains plaquées contre la petite table de ma chambre, je geins :

—   Maria, si vous continuez comme ça, vous allez me briser les os ! 

—   On vient à peine de commencer que vous vous plaigniez déjà ! Pour faire bonne impression à William, il faut mettre vos atouts en valeur ! me dit-elle en lançant un regard satisfait sur ma poitrine qui flirte dangereusement avec mon menton.

—   Je doute qu'un malaise en plein milieu de la réception contribuera à faire bonne impression... 

N'ayant jamais participé à ce genre de mondanités, mon ancienne nourrice et mère se sont montrées infernales tout le long de la semaine.

Déjà, lors de notre petite sortie pour trouver la robe idéale, elles n'ont cessé de se chamailler par rapport au choix de celle-ci. Tandis qu'une adorait les dentelles qui bordaient les manches d'une des robes, l'autre trouvait qu'elles l'alourdissaient et ne la mettaient pas en valeur. De là, s'en était suivi un nombre incalculable d'essayages, avec des robes passant d'une simplicité déconcertante à une originalité plus que douteuse, frisant le mauvais goût.

Alors que j'allais succomber au désespoir, car rien ne semblait convenir à leurs exigences - une me tassait trop, une autre comprenait trop de fanfreluches, la suivante ne m'allait pas au teint... -, elles ont fini pas se mettre d'accord sur la dernière robe que j'avais essayée. Je devais reconnaitre que j'étais moi-même tombée sous le charme.

C'était une magnifique robe en satin d'un rouge profond. Le décolleté en forme de V soulignait délicatement ma poitrine et les petits détails au niveau du corset mettaient ma taille en valeur. De fines manches tombaient élégamment sur mes épaules, réhaussant le teint de ma peau. Vue de dos, elle était on ne peut plus simple, se terminant par une traine en forme de pointe.

—   Ah ! On la tient ! avaient proclamé mes accompagnatrices à l'unisson, exultant de joie.

—   Évidemment, il faudra reprendre tout ça, renchérit mère. La traine est trop longue. Il faudra aussi resserrer au niveau de la taille, et aussi... 

La couturière, au bord du collapsus, m'avait lancé un regard rempli de détresse quand mère lui avait annoncé qu'elle n'aurait qu'une semaine pour apporter la longue liste de modifications à la robe. Impuissante, je lui avais renvoyé un sourire navré.

Pour ce qui avait été des accessoires, le choix fut heureusement bien plus rapide. Nous avions jeté notre dévolu sur une parure finement travaillée et incrustée de rubis qui s'accordait parfaitement avec la robe.

Exténuée, je m'étais mise au lit dès que nous étions rentrées. Tombant comme une masse, j'aurais pu donner n'importe quoi pour sombrer dans un sommeil éternel si j'avais su que les jours suivants allaient être bien pires encore.

De fait, dès mon réveil le lendemain matin, elles s'étaient toutes les deux liguées pour m'assaillir de divers conseils -qui sonnaient plus comme des ordres- pour m'aider me tenir comme il se doit en haute société.

Nos destinéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant