Étant donné que cela fait déjà une heure que William est dans son bureau, je décide de m'accorder un moment de détente en me prélassant dans mon bain, un bouquin à la main. J'attends que l'eau refroidisse complètement avant d'en sortir et de revêtir ma chemise de nuit.
En me dirigeant vers la commande de la chambre, je croise mon reflet dans le miroir de la coiffeuse et constate que mes cheveux sont — une nouvelle fois — dans un état lamentable. Peu ravie par la session interminable et intensive de démêlage en perspective, je m'installe sur mon siège et attrape mon flacon d'huile en soupirant. Me remémorant la technique de Maria, je m'exécute méthodiquement en appliquant généreusement le liquide visqueux sur mes longueurs et m'empare de mon peigne à dents larges. Que la torture commence...
Après quinze longues minutes, mes cheveux sont nettement plus présentables et je commence même à prendre du plaisir à les peigner. Tout en continuant de les lisser, je laisse mes pensées vagabonder vers William. Peut-être devrais-je aller dans son bureau afin de vérifier que tout va bien ?
Alors que je m'apprête à mettre mes idées à exécution, j'entends les escaliers craquer sous son poids puis la porte s'ouvrir peu de temps après. Il me gratifie d'un petit sourire tandis qu'il triture quelque chose entre ses mains. Au bout de quelques secondes, il me rejoint près de la coiffeuse et place l'objet dans la mienne : une clé.
Je redresse vivement la tête, le cœur battant tellement fort que je crains qu'il ne sorte de ma poitrine, et referme spontanément mes doigts dessus. Le visage de mon mari est dépourvu de quelconques émotions, seuls les tremblements de ses mains trahissent son impassibilité.
— William, je-
— Tout le monde dort. Je pense que c'est le moment idéal, lâche-t-il simplement en reculant de quelques pas.
Je dépose mon peigne sur la table et ne peux m'empêcher de fixer la clé, qui me parait tellement plus lourde qu'elle ne l'est vraiment. Les réponses à toutes mes questions se trouvent là, dans ma main...
William ne me quitte pas du regard tandis que je me plante devant lui, hésitante. Il semble tellement déterminé à se dévoiler maintenant alors que moi, je ne sais pas si je serais capable de supporter tant de révélations d'un coup. Je veux savoir, mais je suis consciente que ce que je vais découvrir cette nuit est loin d'être anodin et me laissera très probablement changée. Pitié, faites que je sois assez forte.
— Tu m'as dit que je n'étais pas obligé de le faire. Cela vaut pour toi aussi... Nous pouvons remettre cela à une autre fois, je-
— Non, m'exclamé-je vivement. Je vais le faire, on va le faire.
Après tous les efforts qu'il a faits pour en arriver à me donner cette clé, il est hors de question que je me comporte comme une lâche ! De toute façon, je serai incapable de fermer l'œil maintenant que nous sommes si près du but, et je lui ai promis tout mon soutient.
Déterminée, j'attrape le candélabre de la chambre et me dirige dans le couloir. Une fois devant la porte, j'inspire profondément et place la clé dans la serrure. William se contente de me regarder sur le pas de celle de notre chambre, le regard vide. J'imagine qu'il ne me suivra pas jusque dans la pièce, cela serait bien trop difficile pour lui.
Je lui lance un sourire que je veux rassurant et tourne la clé dans la serrure. Le cliquetis du verrou se fait entendre et j'ouvre la porte en la laissant se cogner contre le mur. Tout à coup, j'ai l'impression d'être coupée du monde. Seulement consciente du son de ma respiration et des battements de mon cœur martelant dans mes tempes, tout le reste me semble lointain et abstrait, y compris William.
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Nos destinées
Historical FictionEn l'an 1757, Marina Deroy, jeune bourgeoise de vingt-deux ans, voit son destin bouleversé du jour au lendemain lorsqu'elle apprend que l'entreprise de ses parents est au bord de la faillite. Le père de Marina, Arthur Deroy, décédé brutalement un a...