Chapitre 48 : Le départ (Partie 1) ✓

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A la veille du départ de William, sa femme et lui-même avaient décidé d'organiser un diner d'adieu en son honneur. Les esprits n'étant pas à la fête, seul un petit groupe de personnes chères au cœur du couple avaient été invitées. C'est ainsi que William se retrouva dans le hall d'entrée, vêtu d'une de ses plus belles toilettes et accompagné de Marina, pour saluer sa sœur Lisa, son beau-frère Henri et sa belle-mère Élisabeth.

— Je voudrais déjà vous remercier de vous être déplacés, déclara-t-il solennellement. Aussi, je sais que l'heure n'est pas aux réjouissances et aux rires. Mais, je vous en conjure, je souhaiterais que cette dernière soirée se tienne loin de la tristesse et des larmes, et que nous puissions profiter de nos derniers instants ensemble comme à l'époque, comme avant, dit-il avec un petit clin d'œil entendu envers son beau-frère dont le demi-sourire se dessina sur ses lèvres.

— Tout ce que tu voudras, mon ami, lança ce dernier en allant enlacer chaleureusement le jeune homme.

— Évidemment, William. Votre requête est toute naturelle et compréhensible, ajouta Élisabeth. Vous êtes en train de vivre vos dernières heures de quiétude. Loin de moi l'envie de les ternir...

La mère ne put retenir un regard désolé pour sa fille qui semblait rayonner de bonheur dans sa robe beige, et ce, malgré les cernes violets profondément ancrés sous ses yeux. Le tableau de l'épouse comblée était accompagné d'un sourire de circonstance des plus convaincants. Décidément, sa petite Marina gérait déjà à la perfection les rouages de la haute société...

Les quatre paires d'yeux finirent par se tourner vers la dernière invitée, restée jusque-là étonnamment silencieuse. Quand celle-ci se rendit compte que l'attention était tournée vers elle, elle se reprit vivement et se composa une expression lumineuse dont elle seule avait le secret. Même si ses talents de comédiennes ne suffirent pas à masquer la profonde tristesse assombrissant ses yeux, autrefois pétillants de joie de vivre.

— Tu me connais, mon frère, je suis toujours prête à illuminer tous endroits de mon éternelle jovialité !

— En effet, je te reconnais bien là, ma sœur, rigola William de bon cœur. Allons donc nous retrouver autour d'un verre dans le petit salon.

— Ah ! Tu sais toujours aussi bien me parler, William ! s'exclama Henri en emboîtant joyeusement le pas de son beau-frère.

— J'ai justement en ma possession une nouvelle acquisition qui ne devrait pas manquer de te plaire...

Tandis que les deux hommes se rejoignirent autour du bar pour discuter alcools et arômes, Lisa tenta une approche se voulant réconfortante auprès de Marina, mais celle-ci la supplia de ne rien dire.

— S'il vous plaît, Lisa, ne faites rien. C'est déjà bien assez difficile de prétendre que tout va bien, murmura-t-elle la voix et les yeux chargés d'émotions.

La femme aux cheveux vénitiens échangea un regard avec sa meilleure amie qui semblait tout aussi désemparée qu'elle. À quoi rimait toute cette mascarade ? Comment William pouvait-il leur demander de prétendre que tout allait bien alors qu'elle était au plus mal ? L'ainée regarda son frère discuter avec son mari avec une innocence sincère, ce qui lui réchauffa instantanément le cœur. Il semblait véritablement heureux et détendu, comme si demain n'allait jamais arriver, comme s'il allait pouvoir couler des jours heureux à leurs côtés pour toujours...

Et pourtant, demain une des personnes les plus importantes aux yeux de Lisa allait partir loin de sa famille pour ne rencontrer que tristesse, mort et désolation. En effet, elle comprit pourquoi son frère n'avait pas envie d'emporter avec lui l'image de visages en pleurs, surtout pas ceux qui comptaient le plus pour lui. Finalement, elle ne fut guère étonnée que son frère se comportât de cette façon. Il avait toujours été si courageux malgré que la vie se montrait tellement injuste envers lui.

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