Chapitre 9 : L'accord ✓

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Après avoir rempli ses devoirs de parfait gentleman, William s'était empressé de s'éclipser dans sa chambre afin de pouvoir profiter d'un peu de tranquillité. Enfin...

Malgré la fatigue accumulée ces derniers mois, le jeune homme passa une nuit fort agitée. Se retournant sans cesse dans son lit, il n'arriva pas à trouver le sommeil. Quelque chose pesa sur son esprit et la présence des Dames Deroy n'y était pas pour rien.

Il soupçonnait que la conversation qu'il tiendrait avec Élisabeth le lendemain n'allait pas tourner uniquement autour de l'entreprise. Non... Cela concernerait aussi sa fille, sinon pourquoi aurait-elle été présente au bal ?

Il semblerait que le décès d'Arthur ait profité aux desseins de sa sœur. Il lâcha un petit rire sarcastique face à l'absurdité de la situation.

Comprenant qu'il ne parviendrait pas à dormir, William se dirigea vers la fenêtre et l'ouvrit. L'air frais de la nuit s'engouffra dans la chambre, chassant la lourdeur qui s'y était accumulée pendant la journée.

Il s'accouda sur l'appui de fenêtre et tenta de faire le vide dans sa tête. Peine perdue...

Le visage de Marina lui revenu en mémoire, s'imposant de lui-même dans ses pensées, ce qui eut le don de l'agacer profondément. Il secoua la tête comme pour l'évincer de son esprit mais elle y resta obstinément. Bon sang !

Alors, l'intuition se transforma en certitude. Il fut certain qu'Élisabeth allait lui demander d'épouser sa fille.

Ses pieds semblèrent peser maintenant une tonne et, avec un long soupir, il se jeta sur son lit.

Si cela était vraiment ce que Madame Deroy allait lui proposer, qu'allait-il bien pouvoir lui répondre ?

Cela n'avait guère été la première fois que Lisa organisait des bals dans le but de lui trouver une femme. Mais, essuyer les demandes d'étranger était complètement différent de celle venant d'un ami proche, surtout de la famille d'Arthur.

William avait eu beaucoup d'affection pour Arthur Deroy, le considérant presque comme un oncle. Le duc était né avec une cuillère en or dans la bouche ; il n'avait pas eu à se battre pour avoir ce qu'il possédait. Alors qu'Arthur, lui, était issu d'une famille de paysans.

Beaucoup l'avaient critiqué et regardé de haut, jugeant qu'un tel homme ne pouvait se permettre de côtoyer la haute société et encore moins le roi. Contrairement à eux, William avait toujours admiré son ami. Son intelligence et sa persévérance l'avaient guidé vers sa réussite. Il avait fini par s'imposer comme un leader dans le marché du rhum, couvrant son nom de prestige.

Cet exploit n'avait pas manqué de susciter bon nombre de jalousies et de complots pour tenter de faire couler l'entreprise. Mais, sa femme et Arthur avaient toujours tenu bon, combattant vents et marées. À deux, on peut soulever des montagnes !

À deux... Pourquoi cela n'avait-il pas fonctionné pour eux ?

William se souvint de la fois où Arthur lui avait confié qu'il aurait été ravi de l'avoir pour gendre. À ce moment-là, son torse s'était gonflé de fierté de savoir qu'un tel homme lui accorderait sa bénédiction. Cependant, il savait que Marina ne voulait pas se marier, et lui non plus d'ailleurs.

Après le décès de sa femme, William n'eut jamais l'envie ni même songé à se remarier. Après elle, il n'y avait pas de place pour une autre dans son cœur, alors à quoi bon ?

Sa qualité d'homme et son statut lui permettaient de jouir de son libre arbitre, d'être maître de tous ses choix. Il fut toutefois bien conscient qu'Élisabeth et sa fille ne profitèrent pas d'un tel luxe.

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