Chapitre 19 : Un sauvetage in-extremis ✓

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Lunie rentra seule au domaine. En réceptionnant la bête affolée et couverte du sang de sa propriétaire, il ne fallut guère longtemps au palefrenier pour comprendre que quelque chose était arrivé. Quelque chose de grave.

Paniqué, il hurla à son garçon d'écurie de s'occuper de Lunie pendant qu'il sella son cheval.

— Quelque chose de sérieux s'est passé avec Madame ! tonna-t-il, déjà sur son cheval. Mets-la dans son box, cours avertir les autres et va chercher un médecin ! Tout de suite !

Couvert de sueurs froides, le jeune homme n'attendit même pas d'être sûr que le garçonnet avait bien compris toutes ses instructions pour se ruer vers la lisière de la forêt.

Au vu du rapide retour de Lunie, Marina n'avait pas pu s'enfoncer bien loin dans les bois. Guidé par des cris masculins, l'écuyer ne mit effectivement que peu de temps à la retrouver.

— Aidez-moi, je vous en supplie ! s'écria l'individu à genoux aux côtés de sa maîtresse, les mains pressées contre sa blessure.

Le palefrenier, baptisé Rony, se jeta près de lui, tout ébouriffé, et rugit :

— Qui êtes-vous ? Que s'est-il passé ? 

— Un accident. Un terrible accident ! J'étais en train de chasser une bête puis... tout s'est déroulé tellement vite ! Cette dame est sortie de nulle part ! tenta-t-il d'expliquer, affolé. Je suis médecin ! poursuivit-il, en tâchant de reprendre son sang-froid. Je peux la soigner ! Savez-vous qui est-elle ? 

— Il s'agit de mon maître, le duc William Decléssin, Marina Decléssin ! Arhh, j'étais sûr que je n'aurais pas dû la laisser seule ! raga Rony, impuissant, en martelant le sol de son poing.

Le docteur, blanc comme un linge, jura grassement. Il essuya du revers de sa main les grosses gouttes de sueur qui avaient perlé sur son front en les remplaçant par des trainées rouges.

— Seigneur ! Monsieur, s'il vous plaît, calmez-vous. J'ai besoin de votre aide, d'accord ? Il va falloir la transférer, et ce, rapidement. Mais pour cela, je me dois de contrôler un minium l'afflux sanguin. Mettez vos mains à la place des miennes et pressez fort, mais ne faites surtout pas bouger la flèche ! 

Le jeune homme blêmit, mais se plia aux instructions du médecin. Celui-ci déchira sa chemise pour en faire un garrot.

— Où est votre demeure ? demanda-t-il plus calmement, en enroulant plusieurs bandes de tissus autour de la taille de Marina.        

— Pas loin, même pas à cinq minutes d'ici à cheval ! 

— Très bien ! Aidez-moi à la mettre dessus. Doucement... 

Ils attrapèrent les membres de la blessée pour la déposer délicatement en travers du cheval.

— Partez en avant ! Je vous rattraperai. Ma monture est juste un peu plus loin, dans le contrebas.  

Rony se hâta et arriva quelques minutes plus tard devant l'entrée grouillante de domestiques affolés, précédé de près par le médecin.

Marco sortit de la maison et se signa lorsqu'il vit le corps de la duchesse couvert de sang.

— Par tous les Dieux ! Que s'est-il passé ? s'exclama-t-il, sous la surprise.

Se souvenant que sa position ne lui permettait guère de se laisser aller à de telles émotions, il revêtit son masque de majordome et il hurla ses directives en reprenant le contrôle de la situation :

— Vous deux ! Dépêchez-vous de la monter dans une des chambres en attendant l'arrivée du médecin, ordonna-t-il aux valets.

Puis, il se retourna vers les bonnes et les somma d'aller chercher du linge propre et de faire bouillir de l'eau.

Nos destinéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant