Chapitre 26 : Dis-lui ✓

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Après le départ bruyant de Lisa et Henri, les deux jeunes mariés avaient soupé dans un silence presque total. Seuls le tintement des couverts et les froissements d'étoffe des domestiques se faisaient entendre.

William savait qu'il devait calmer la situation. Sa femme venait du lui annoncer qu'elle l'aimait, et il n'avait rien pu répondu à cela. Que devait-elle penser ? Sûrement qu'il était le dernier des goujats, et elle aurait bien raison.

Il avait tenté un bon nombre de fois de croiser son regard, mais elle s'obstinait à garder le sien rivé dans son assiette. Peut-être devrait-il lui laisser du temps ? Ou, peut-être devrait-il simplement s'excuser et tout lui expliquer une bonne fois pour toutes ? Je ne la mérite pas...

William se tritura l'esprit pour trouver le moyen d'amorcer la discussion avec les mots adéquats qui lui permettraient d'exprimer ce qu'il ressentait, mais il n'y arriva pas. D'ailleurs, que ressentait-il ? Comment choisir les bons mots pour exprimer la souffrance qui s'était logée dans son cœur depuis plusieurs années ?

— Marina, je-

Celle-ci le coupa brusquement en déposant ses couverts dans son assiette vide. Puis, se leva et se dirigea vers la sortie.

— J'ai terminé de manger, William. Je te souhaite une bonne nuit.

Et elle partit.

Le duc lança un coup d'œil sur son assiette à moitié vide et n'eut pas le cœur de terminer son repas. Il ne s'en formalisa pas plus que cela puisque deux petites boules de poils allaient de toute façon se faire un plaisir de le déguster à sa place.

Comme à chaque fois qu'il avait besoin de réfléchir, William alla s'isoler dans son bureau, loin d'éventuels regards et oreilles indiscrets. En entrant dans son cabinet, ses yeux se posèrent sur le tableau le représentant. Après un rictus dédaigneux envers sa propre personne, il s'installa sur un fauteuil en grommelant :

— J'ai bien envie de le jeter par la fenêtre.

La tête entre les mains, William n'arrêta pas d'entendre la voix de Marina en boucle dans sa tête :

« Je me demande comment j'ai fait pour tomber amoureuse de toi ! »

Moi aussi, je me le demande... se dit-il.

Amoureuse... que sait-elle de l'amour ? De ce sentiment qui prend non seulement possession de votre corps, mais aussi de votre âme. Ce sentiment ravageur qui peut vous combler de bonheur un jour pour ensuite vous tourmenter jusqu'à la fin des autres. L'amour vous domine, et vous êtes son esclave.

Non... Elle ne pouvait pas penser ce qu'elle avait dit. Elle ne pouvait pas ressentir cela pour lui. Elle était si jeune et elle méritait tellement mieux.

Certes, elle aurait pu tomber sur pire... pensa-t-il en tentant de se réconforter.

Dès qu'une personne sous-entendait qu'il pouvait avoir recourt à la violence pour asseoir son autorité, il se mettait dans une colère noire. Il fut bien conscient que ses réactions pouvaient conforter les gens dans cette idée de lui, mais il n'y put rien y faire. Pourquoi diable pensaient-ils qu'il puisse être violent ? Qui avait bien pu colporter ce genre de bruits ? Voilà des années que ces rumeurs lui collaient à la peau. Depuis Élise...

Le fait que Marina ait pu le penser lui avait fait bien plus de mal qu'il ne l'aurait voulu. William détestait tous ces énergumènes qui assouvissent leurs pulsions malsaines sur autrui, et encore plus lorsqu'il s'agit de femmes et enfants. Alors que sa propre femme puisait le penser...

De légers coups à la porte sortirent William de ses pensées moroses. Qui cela pouvait-il bien être ? Le moment était mal choisi !

Agacé, il se releva et alla ouvrir la porte. Marco.

Nos destinéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant