Chapitre 53 : La mystérieuse lettre ✓

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Allongée dans son berceau, je regarde ma fille dormir en profitant de la sensation de bien-être que cela me procure. L'admirer est le seul moyen pour moi de ne pas me couper de la réalité et de sombrer dans une profonde mélancolie, prête à pénétrer mon âme au moindre signe de relâchement.

En vérité, je ne suis pas la seule pour qui cette activité est devenue la favorite ; Noisette et Saphir, n'ayant jamais rencontré d'humain miniature jusqu'ici, pourraient passer des heures à admirer et renifler l'odeur réconfortante du bébé, leurs pattes avants posées sur un des barreaux du petit lit.

En m'installant sur la chaise à bascule juste à côté du couffin, je laisse dévier mes pensées sur ces derniers jours.

Maria avait décidé de rentrer au domaine avec Joseph, Rosita et Dominique, qui s'étaient expressément déplacés pour l'enterrement, après les obsèques afin de ne pas encourir le risque de laisser l'entreprise trop longtemps inactive. Une journée, c'était déjà de trop...

— Pas de repos pour les gens comme nous, avait lâché le vieil homme en me serrant dans ses bras avec force, les yeux rougis.

— Encore toutes mes condoléances, Madame.

Joseph avait fui mon regard tout le long, comme si cela avait été trop difficile pour lui de me voir dans un état aussi déplorable.

— Tenez, voici des cadeaux de notre part et, évidemment, de la part de Annie et des autres domestiques qui n'ont malheureusement pas pu nous accompagner, avait déclaré Rosita en me confiant un panier rempli de petits vêtements et couvertures pour Eléonore, en plus des quelques biscuits dont je raffolais. Tout le monde aurait tant voulu être là pour vous soutenir...

Mon cœur glacé s'était légèrement réchauffé par tout l'amour que transportait ce petit panier. En plus de leurs tâches quotidiennes difficiles et éreintantes, ils avaient tous pris le temps de confectionner un ou plusieurs cadeaux pour l'arrivée de notre petit ange. Je les aime tellement.

— Je sais. Moi aussi, j'aurais voulu vous garder plus longtemps auprès de moi, mais je comprends. Je suis bien consciente que le domaine a besoin d'une attention constante, alors inutile de te justifier, lui avais-je assuré en la prenant dans mes bras. Merci pour tout ce que vous avez fait...

— C'est la moindre des choses. S'il vous plaît, quand tout se sera calmé ici, venez nous voir dès que possible avec la petite Eléonore. Sachez que vous avez toujours une famille qui vous aime et qui vous attend.

Je n'avais pu retenir plus longtemps mes larmes et, après quelques embrassades et paroles de réconfort, ils étaient partis en direction du domaine Deroy.

Là, je m'étais rendue compte de la chance que j'avais d'être entourée de personne aussi aimantes et pour lesquelles je pouvais avoir une confiance aveugle. Pas de coup bas ni de complot ou faux semblants. Des êtres simples, purs et sincères, sans le sou ni éducation, mais possédant pourtant la plus belle des richesses ; celle de leur cœur.

William méritait tellement de recevoir tout l'amour que je reçois encore aujourd'hui. À la place, il avait été meurtri, abusé, et ensuite trahi par son propre pays et famille.

Le besoin de pouvoir et de richesse pouvait guider le plus honorable des hommes aux pires bassesses et horreurs insoupçonnables.

Le pouvoir avait tué mon mari.

En sentant mon corps se mettre à trembler, je réouvre mes yeux et les pose sur ma fille en caressant sa petite joue joufflue de mon index. L'effet est immédiat, et les muscles de mon corps se détendent. Elle est comme mon talisman, le pansement de mon cœur, ma raison de vivre. Grâce à elle, j'ai une petite partie de William qui restera toujours à mes côtés. Merci d'être là...

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