Chapitre 17 : Une proposition indécente ✓

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Je finis enfin par atteindre le bureau de William avec l'aide de Héloïse. En réalité, il n'est pas bien loin de la salle à manger et se situe de l'autre côté du couloir, proche de l'entrée. Évidemment, j'avais commencé ma visite dans la mauvaise direction.

J'avais secrètement espéré qu'il me propose de me faire visiter la maison lui-même, mais j'ignore s'il m'aurait accordé suffisamment de son temps pour cela. D'ailleurs, est-ce que je peux me permettre d'aller le déranger pendant qu'il travaille ? Je suis sa femme après tout...

— Dites-moi, Héloïse. Est-ce que William accepte qu'on le dérange, habituellement ? la questionné-je tout de même.

— Normalement non, Madame. En général, c'est Monsieur qui vient vers nous lorsqu'il a besoin de nos services. Mais j'imagine qu'il n'y verra aucun inconvénient si c'est vous, me rassure-t-elle avec un petit sourire.

Avant que je puisse décider de quoi que ce soit, la porte s'ouvre à la volée sur Marco, surpris de nous voir toutes les deux chuchoter derrière la porte.

— Madame ! Vous tombez à pic. Je comptais justement partir à votre recherche. Monsieur le duc m'a demandé de vous porter jusqu'à lui.

— Ah ! Euh, bien, me voilà ! m'exclamé-je gauchement.

Avec une courbette, il me fait signe d'entrer dans la pièce et referme la porte derrière lui.

Tout à coup, je me sens très intimidé à l'idée de me retrouver seule avec William. Que suis-je supposer faire ?

En tortillant nerveusement mes doigts, j'approche de son bureau.

La pièce est très confortable et chaleureuse. Un petit salon y est posé en son centre, et derrière le bureau, plusieurs bibliothèques jonchent le mur ainsi qu'un énorme tableau représentant William, arroché juste au milieu. Plutôt égocentrique...

Celui-ci, qui avait relevé son nez de ses papiers entre-temps, m'observe avec un petit sourire en coin.

— Vous devez vous dire que c'est bien présomptueux de ma part.

— Pour être tout à fait honnête, ça l'est ! m'écrié-je, toutes traces de timidité envolées.

— Je vous comprends. Je ne suis moi-même pas friand de ce genre de chose, mais c'est une coutume familiale. Tous les premiers fils Decléssin se font peindre le portrait et l'accroche ici, afin de ne laisser aucun doute sur l'identité du maître des lieux. À leur mort, le tableau est transféré dans un des couloirs de la maison pour lui rendre hommage. Ensuite, le prochain fils prend sa place, m'informe-t-il.

— Oh ! Je vois. Effectivement, j'ai pu jeter un œil sur eux lors de ma petite visite, tout à l'heure.

— Marco m'a fait un petit compte rendu de votre matinée, et je suis ravi de constater que vous avez été correctement accueillie. Cependant, j'ai pu entendre Marie marmonner dans les couloirs quant à votre soudaine disparition de la salle à manger, me taquine-t-il en se redressant sur la chaise, les mains posées sur son ventre.

— Eh bien, c'est-à-dire qu'ils sont tous d'une extrême gentillesse, mais je suis peu habituée à toute cette attention. Un valet m'a même déposé ma serviette sur mes genoux !

Il s'esclaffe à gorge déployée devant ma mine choquée.

— Vous savez, vous être leur maîtresse donc c'est à vous d'imposer vos limites. Si vous désirez qu'ils soient plus discrets, n'hésitez pas à leur dire.

Il se relève et vient à ma rencontre, le regard compatissant :

— Ne vous inquiétez pas. Vous allez finir par vous y habituer.

Nos destinéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant