Chapitre 38 : Parce que tout n'est pas toujours noir ✓

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— Madame, réveillez-vous, s'il vous plaît !

Une voix teintée d'angoisse me ramène petit à petit à la réalité. Mes paupières, lourdes comme une masse, peinent à s'ouvrir. Après une longue lutte, mes yeux finissent par m'obéir et le visage d'Héloïse, d'abord flou, devient plus en plus net au fur et à mesure que je reviens à moi. Ses traits déformés par l'inquiétude se transforment en un sourire rempli de soulagement quand elle m'entend parler :

— Héloïse ? Que s'est-il passé ? Où suis-je ?

— Vous êtes dans votre chambre. Marco m'a dit que vous vous étiez évanouie dans le bureau. Comment vous sentez vous ?

Bonne question... J'ai l'impression que tous mes muscles ont été remplacés par du coton et mon crâne par du plomb.

— Comme une poupée de chiffon...

— C'est normal, intervient une voix qui ne m'est pas inconnue, vous devez encore reprendre des forces. Essayez de manger quelque chose, vous vous sentirez mieux après.

Le docteur Dubois débarque dans mon champ de vision et m'aide à me mettre en position assise sur le lit.

— Tenez, dit-il en me tendant un petit pain beurré.

Malgré la nausée qui me soulève l'estomac, j'obtempère et commence à grignoter.

— Avez-vous déjeuné ce matin ? me demande-t-il en allant retourner s'asseoir sur la chaise à côté de mon lit.

— Euh, non, pas vraiment. William est parti tôt, puis une chose en a entrainé une autre et je n'ai pas vu le temps passer.

Et puis, ce n'est pas la première fois que je jeûne le matin...

Le docteur Dubois continue son interrogatoire en me demandant si j'avais remarqué des changements particuliers dans mes habitudes ou anatomie. Je le regarde interdite en ne sachant que lui répondre. Comment veut-il que je remarque de telles choses !

— La robe que nous avions commandée pour le bal du roi était devenue trop petite le jour venu, intervient ma dame de chambre en jugeant bon de faire savoir ma prise de poids au médecin. Ou les résultats d'une personne mal attentionnée !

— Aussi, Madame a pris l'habitude de se réveiller aux aurores ce qui n'était pas le cas jusqu'à tout récemment, continue-t-elle naïvement, en se fichant bien de respecter ma pudeur.

— Je doute que ce genre de détails insignifiants méritent d'être mis en lumière ! déclaré-je avec humeur en lançant un regard rempli de reproches à la concernée.

— Détrompez-vous, Madame, ce genre de détails est très important. Votre dame de chambre a bien fait de m'en faire part. À quand remonte la dernière fois où vous avez été indisposée ? s'enquit-il, le plus naturellement du monde.

Pétrifiée de honte, je ne trouve plus mes mots et me sens incapable de me rappeler à quand remontent mes dernières saignées. Avec tous les bouleversements arrivés dans ma vie ces derniers temps, je n'avais même plus prêté attention à cette particularité purement féminine. Je balbutie de rapides excuses, mais Héloïse, fidèle à elle-même, intervient encore une fois :

— Il y a un moment. Je dirais un peu plus de deux mois.

Tout ça ? Pourquoi ne m'en a-t-elle pas informée ?! Quand elle croise mon air interpellé, elle s'empresse de se justifier :

— Je n'étais pas sûre de moi, alors je ne voulais pas vous donner de faux espoirs ! Vous ne présentiez pas les autres symptômes annonciateurs d'une grossesse. À part le retard, c'est tout ce que j'avais, puis il y a eu l'incident avec la robe et...

Nos destinéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant