Chapitre 40 : Comme avant (Partie 2) ✓

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Le remue-ménage qui parvient jusqu'à mes oreilles me confirme qu'elles ont bien compris la nouvelle et qu'elle a fait mouche. Après avoir entendu les portes s'ouvrirent à la volée et leurs pieds marteler les marches, je me retrouve avec une Rosita dans les bras et une Annie au bord des larmes, toutes les deux folles de joie.

— Toutes mes félicitations ! s'écrie la première en me relâchant pour mieux m'admirer sous toutes les coutures. Comment vous sentez-vous ? Quand l'avez-vous appris ? me demande-t-elle, les yeux brillants. Joseph et Dominique vont être si heureux !

J'ai un sacré doute pour le dernier...

— Et le duc ? renchérit Annie. Je suis sûre qu'il doit être fou de joie !

Mon sourire s'estompe quelque peu à la mention de mon mari, mais je reprends vite bonne figure en leur confiant la vérité.

— À vrai dire, William ne le sait pas encore. C'est comique le destin parfois, j'ai appris que j'étais enceinte le jour où il est parti. C'est pour cette même raison que j'aimerais que tout ceci reste entre nous, dis-je en attardant mon regard un peu plus longtemps sur Maria. Je voudrais être la première à lui annoncer la bonne nouvelle.

— Mais tout naturellement ! me rassure la concernée. Vous pouvez compter sur nous, ma chérie. Tout ce qui est dans cette pièce le restera !

— Ah ! J'aimerais tellement pouvoir être une petite souris pour voir la réaction du duc quand vous le lui annoncerez ! s'exclame Annie en trépignant d'impatience. Moi aussi je me demande la réaction qu'il aura...

— Ne t'en fais pas, Annie, je suis certaine que Marina nous fera un petit compte rendu le moment venu, n'est-ce pas ? intervient mère en lançant une œillade complice à la domestique.

Fort heureusement, Maria ne me laisse pas le temps de répondre et tape dans ses mains pour rappeler tout le monde à l'ordre.

— Ce n'est pas tout, mais nous avons une heureuse nouvelle à fêter ! Rosita, va voir après le jeune garçon qui a accompagné Marina et Joseph. Dis-leur d'aller chercher Dominique et sa femme et de nous rejoindre.

— Tout de suite !

— Annie, continue mon ancienne nourrice, aide-moi à mettre la table. De plus, que dirais-tu que nous préparions un peu de ces biscuits que tu avais fait l'autre fois ? Un véritable délice !

Mère et moi regardons la vieille dame s'agiter et donner ses directives, tout pétillante de vie. Cela me fait tellement du bien de la voir aussi énergique. La dernière fois que je l'avais rencontrée, j'avais vraiment craint pour sa santé. Fort heureusement, le traitement que le médecin lui avait prescrit a fait des miracles.

— On dirait bien que Maria a retrouvé une seconde jeunesse, plaisante ma génitrice, ses pensées faisant échos aux miennes.

— Dites-moi, cela me met un peu mal à l'aise de voir tout le monde se mettre au travail, alors qu'une tâche ne m'a été assignée. Je peux tout de même me rendre utile, non ?

— Toi ? s'exclame-t-elle, ses sourcils flirtant avec le ciel. En vingt-deux années d'existence, tu attends d'être enceinte pour demander à te rendre utile ?

— Eh bien, répliqué-je piquée au vif, je trouvais cela justement anormale que ni Maria ni vous-même ne m'ayez donné quelque chose à faire.

Franchement, elle exagère ! Elle me fait passer pour une feignasse ! Bon d'accord, je veux bien avouer que je le suis un peu... mais un tout petit peu !

Alors que je boude dans mon coin, elle part dans un grand éclat de rire qui me laisse stupéfaite en me guidant vers une des chaises de la salle à manger. Depuis quand sait-elle être taquine ?

Nos destinéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant