•37. Tourisme•

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Livaï

Comment un symbole aussi simple qu'un cœur dans un message peut-il faire office de somnifère parfait ?

Ce n'est pas difficile, si le message en question vient d'une personne que vous aimez.

J'avais eu comme une prise de conscience. C'était donc ça aimer ? Ce désir de vouloir bien faire, cette envie d'être avec la personne concernée à tout moment, de mieux la connaître, de se mettre contre elle et de ne plus jamais en bouger.

Je ressens tout cela avec Eren. Et tout ceci est très nouveau et excitant pour moi. J'en suis fasciné.

Mais dans l'instant présent je ressens une légère appréhension. Ainsi, après m'être lavé le lundi matin, j'enfile un blue jean's neuf ainsi qu'un maillot Levi's sous une veste en cuir noir avant de prendre la route afin de ne surtout pas arriver en retard.

Je pense avoir eu de la chance qu'il ai tolérer ma demande idiote de vendredi. Au stade où nous en étions, il n'y a plus de temps à prendre. De plus, s'engager dans quelque chose de "sérieux" avec moi, c'est prendre une sorte de risque pour l'étudiant, beaucoup ne le tenteraient pas.

Cependant, malgré ma conscience de tout ceci et ma forte envie de construire quelque chose de durable avec lui, je ne sais pas comment m'y prendre.

C'est en conduisant presque cinq heures que je pu réfléchir posément à tout ceci. Réfléchir à moi, à lui, à un hypothétique nous. Réfléchir aux trop nombreuses interrogations futiles qui me passaient à l'esprit.

Quand enfin la gare est enfin en vue, je me gare tranquillement sur une place de parking devant la bâtisse moderne, attirant bien des regards sur ma voiture impeccablement propre. Et pas vraiment discrète je l'avoue.

13h45. J'ai donc un quart d'heure d'avance.

Mon regard se porte sur le ville autour de nous. Je ne suis jamais venu en Alsace en dehors de mes concerts dans la région; pourquoi ne pas proposer à Eren de trainer ici une heure ou deux avant de rentrer ? De toute façon, il ne travaille pas aujourd'hui.

Quelques minutes plus tard, celui-ci sortie calmement du grand dôme de verre qu'est la gare de la préfecture du Grand Est. Il passa doucement son regard sur le parking avant de repérer aisément mon véhicule et de tirer sa large valise dans ma direction. Il est habillé d'un sweat et d'un pantalon noir bien ajusté avec de simples baskets. Un style qui le rendait vraiment attirant.

Je quitte doucement mon siège et sors de la voiture pour aller ouvrir le coffre.

- Salut, sourit l'étudiant en m'approchant.

- Salut gamin, ça va ? je répond en prenant sa valise pour la disposer dans le coffre.

- Je l'aurais fait, merci, et oui ça va, et toi ? La route c'est bien passée ?

- Longue mais ça me sors donc je m'en tape.

- D'accord, dis voir, je réfléchissais dans le train, on pourrait se trouver un petit resto et trainer un peu dans le coin avant de repartir ? il propose alors en se grattant la nuque.

Je laisse passer un sourire: nous avons visiblement eu la même idée.

- Qu'est-ce qui me vaut se sourire ? il demande en fronçant les sourcils.

- J'allais te demander la même chose, tu connais un peu le coin ?

- Pas vraiment, on va improviser ?

- Ouais, c'est rien, c'est la rue ?

Il rit légèrement à ma remarque puis nous montons ensemble dans la voiture.

Nous circulons ensemble une bonne dizaine de minutes en discutant de nos week-end respectifs avant de finalement abandonner la voiture pour poursuivre à pieds sur la Grande-île au centre de la ville, à la recherche d'un restaurant. Nous trouvons finalement bonheur à quelques rues de la Cathédrale Notre-Dame de Strasbourg, un immense édifice de style gothique avec une unique tour sur sa droite.

- C'est plutôt joli en fait l'Alsace, je remarque en m'asseyant à table avec Eren.

- Ça me fait trop penser à l'Allemagne, je prèfère le Sud moi.

- Je note.

- Pourquoi faire ?

- Pour t'y emmener, je lui souris fier.

Il lève les yeux au ciel et se penche sur sa carte.

- Moi je ne suis jamais allé en Allemagne, sauf pour un concert à Berlin je ne sais plus quand.

- Il y a deux ans.

Je croise son regard avec un air interrogatif.

- De quoi ?

- Le concert à Berlin, c'était il y a deux ans, il explique.

- Espèce de fan, je souffle amusé. Tu y étais ?

- C'était mon premier vrai concert sans mes parents, juste entre potes. On a dormi dans un hôtel là bas on s'est cuité comme des porcs à dix. Je t'explique pas le dégât, il se confesse.

- Toi, tu bois autre chose que de l'eau ? je me moque.

- Tu me crois si niais que ça ? C'est juste que je tiens absolument pas l'alcool, donc j'évite d'en consommer.

- Moi non plus je ne tiens pas très bien, t'inquiète, je souris amusé.

- Sérieux ?

- Oui pourquoi ?

- Toi qui boit souvent un fond de vodka ou de whisky le soir, j'aurais plutôt eu tendance à croire que tu es assez endurant niveau alcool.

- Eh bien non, pas tant que ça.

Le serveur nous interromp pour prendre nos commande.

- Ça me fais un peu bizarre d'être comme ça avec toi, il reprend une fois le serveur parti.

- Ah bon ?

- Ouais, il y a deux ans j'aurais jamais cru finir dans un resto en Alsace avec bah toi quoi.

J'hoche doucement la tête en guise de réponse et repose mes mains doucement sur la table, pensif.

- Et, j'ai eu beaucoup de chance pouvoir apprendre à te connaître ensuite

Suite à ses mots, il me prend doucement la main sur la table, m'arrachant un sourire satisfait.

Nous passons le reste du repas dans la calme, discutant de choses et d'autres sans gène. Puis nous sortons ensemble, main dans la main, du restaurant après nous être partagé la note sous la demande du jeune étudiant.

- On va trainer en ville ? il demande.

- Je te suis.

Il presse un peu ma main puis nous remontons la rue en direction de la cathédrale.

- Je me sens minuscule, je remarque une fois devant la haute bâtisse.

- Tu l'es, ne me rate pas Eren.

Je lui mets un soufflet sur l'épaule et nous reprenons calmement notre petite balade. Nous ne passions pas vraiment inaperçu, peut être est-ce parce que nous nous tenons par la main ? Ou que nous marchons l'un contre l'autre. Cependant, ni moi ni Eren ne prêtons attention aux passants étroits d'esprit.

Et si quelqu'un avait un problème avec moi, je n'aurais aucun problème à lui faire savoir que je l'emmerde profondément.

Nous nous promenons ainsi plusieures heures avant de retourner à la voiture aux alentours de cinq heure de l'après-midi.

Une fois assit dans la véhicule, Eren m'empêche de mettre la clé dans le contact.

- Livaï ?

- Oui ?

Il marque une légère hésitation puis lâche, comme une bombe:

- Moi aussi je veux être avec toi.

 No Name [SnK:EreRiren]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant