Plan Cul

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Le 25 mai, à 00:01
Ander et moi embarquions dans une promenade nocturne. Le premier pied posé sur le gravier du jardin de la résidence, on évite de se regarder dans les yeux.

Qu'est-ce que cette situation veut dire?

Concrètement, on couche ensemble, et dès que l'on ne se voit plus, on se manque? Les plans culs, ça ne marche jamais comme ça. Je cherche quelle question lui poser afin d'avoir une réponse dans laquelle je ne serais pas mentionnée. Ander est drôle, sarcastique, sans prise de tête, mais dès que nous parlons de sujets tabous ou qui fâchent, ou les deux (comme maintenant) je me sens toujours asphyxiée.

« Pourquoi tu n'es pas allé au club? »

« Parce qu'il fallait qu'on parle, toi et moi. »

Putain. Il a répondu du tac au tac, me laissant un minimum de temps pour lui répondre. « On... aurait pu en parler un autre jour, l'esprit calmé. »

« Je suis calme. Et toi? »

Je hausse les épaules. « Oui. »

« Alors, parlons-en? »

Bon, tourner autour du pot n'aura pas duré longtemps. Je me contente de hausser les épaules face au regard de Muñoz.

« Je ne sais pas quoi dire? » Ander souffle à mon propos. « Je veux dire... c'est toi qui a commencé. »

« Commencer quoi? »

« Cet après-midi. Lorsque tu as dit que le mieux c'était d'arrêter. D'arrêter de se voir. »

Il semble s'offusquer. « Je n'ai pas dit ça! Enfin... c'était une question. Puis c'est toi qui m'a dit 'oui, le mieux c'est de rester amis'! » M'imite-t-il. Je m'arrête dans ma trotte et commence à m'agacer.

« Comment tu veux que je sois ton amie?! On s'entend qu'au lit! Dès que je parle, tu me corriges et dès que tu parles, je t'incendie! Les amis, ça ne marche pas comme ça. »

« C'est ce que tu as dit. » Dit-il en haussant une épaule, les mains dans la poche.

« Mais je le pensais pas! » Répliquais-je. Je le regarde droit dans les yeux. Il me fixe, cachant pitoyablement son incrédulité dans ses prunelles brunes. « Pourquoi tu as dit ça, alors? » je ne réponds. « Pourquoi tu as menti? »

« Ander, est-ce qu'on est amis? » Questionnais-je.

Il souffle légèrement par le nez, baisse la tête en direction de ses souliers et murmure: « N-non. » Le bouclé se remet à marcher. Je le suis, et il poursuit: « Pourquoi tu as dit ça, alors? »

« J'avais peur. » J'avoue.

« Peur de quoi? » Il me lance quelque regards tandis que je regarde tout droit.

« Peur d'être prise pour une conne. Je crois... je crois que je voulais avoir le dernier mot dans l'histoire. »

« Ce n'était pas intelligent. »

« Ce que tu as dit n'était pas plus intelligent. »

« N'importe— »

« Alors pourquoi tu es venu en discuter? »

Il ne répond pas, se contente de regarder les lampadaires et souffle. "Je me fiche que Valerio le sache."

"Tu sais très bien qu'il ne gardera pas cette information pour lui," lui rappelais-je, "tu tiens à ce que tout le monde le sache?"

Il fronce les sourcils et me jette un regard incompréhensif. "Mais à qui cette situation gêne le plus, Siro? À toi ou à moi? Je te répète que je m'en fiche."

Promiscuité - Ander MuñozOù les histoires vivent. Découvrez maintenant