Des décisions irréversibles

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Ander Muñoz

Le 14 mai, à 08:30
Je soupire avant de boire la dernière gorgée de mon café. J'ai mon train dans trente minutes. Je ne m'en rends compte seulement lorsque je déverrouille mon téléphone pour la première fois de la journée. Sous l'heure, il y est inscrit toutes les notifications que j'ai reçu depuis minuit.

Jorge Garcia pour Roland Beaugosse (Roland Garros, t'as compris?)
@Ander Muñoz Joyeux anniversaire queutard!!!

Pedro Sanchez pour Roland Beaugosse (Roland Garros, t'as compris?)
AHHHHH ON VA TE PAYER UNE ESCORTE

Matteo Sanchez pour Roland Beaugosse (Roland Garros, t'as compris?)
HAHAHA OU UN STRIPTEASER

Pedro Sanchez pour Roland Beaugosse (Roland Garros, t'as compris?)
T UN GÉNIE

Daniel Tamino
Joyeux anniversaire mon vieux

Nadia Shana
Joyeux anniversaire ❤️ ❤️

Omar Shana
Joyeux anniversaire mon pote! On a intérêt à faire un truc pour fêter ça!

Lu
Happy Birthday bro 💕

Guzman
Mon frère je t'aime, 20 ans!!

10 autres notifications non lues

Je réponds vaguement la même chose, un « merci d'y avoir pensé :) » et pour mes amis un « on le fêtera! » Sauf qu'aujourd'hui, je le fête chez mes parents. Et ça ne va pas être drôle, loin de là. Je me lave les dents puis quitte l'appartement. Après quelques minutes de trajet, j'arrive à la gare et je branche mes écouteurs.

Arctic Monkeys, Frank Ocean, Travis Scott, tous mes artistes préférés sont passés à la trappe dans la tentative de me relaxer. Qu'est ce que je suis anxieux. Mes parents vont me tuer lorsque je vais leur dire. Après tout, ils ont raison? C'est complètement suicidaire de vouloir arrêter la seule chose qui me permet d'aller à la fac. Sans le tennis, sans le sport, je ne suis rien. Je ne suis pas un cerveau comme Nadia, ou un stratège comme Carla ou Lucrecia. J'arrive enfin à la gare du trou où vivent mes parents. Mes pas résonnent dans le réseau ferroviaire au même rythme que ma musique. La meilleure partie allait commencer lorsque j'entends ma mère m'interpeller et à faire de grands signes dans les bras de mon père, une fois dehors.

« Salut. » Leurs dis-je.

Je reste devant eux, coincé et ma mère me regarde les yeux brillants avant de s'approcher de moi et de faire une embrassade. « Bon anniversaire mon bébé. »

« Maman... » Grognais-je. « Merci. »

Elle se détache et mon père en profite pour me faire la bise. « Alors, qu'est-ce que ça fait d'avoir vingt ans? »

Je hausse les épaules. Je ne sais pas vraiment, puisque je les ai depuis à peine dix heures. »

« Tu vas voir, c'est là où tu vas réaliser que le temps passe vite et— »

« Est-ce qu'on peut continuer la conversation à la maison? Il fait froid ici. » Interrompt ma mère. J'acquiesce et nous la suivons jusqu'à sa voiture. Assis sur la banquette arrière de la berline, je fais tourner mon téléphone entre mes pouces. Je le prends, le déverrouille et écris:

Merci de m'avoir souhaité mon anniversaire, mais je le passe avec mes parents cette année.

Je reste sur la conversation en attendant que quelqu'un réponde. Je déteste les surprises et au moins, je les prends de court cette année.

Promiscuité - Ander MuñozOù les histoires vivent. Découvrez maintenant