Sacrifices

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Le 11 avril, à 13:12
Des examens et une opération ont eut lieu les jours suivants mon arrivée. Il avait fait un infarctus du myocarde. Une crise cardiaque, en gros. Quand ma mère a appris ça, elle ne pouvait s'empêcher de culpabiliser. Car après que le docteur ait posé les mots justes sur ce qu'il s'est passé, il a confié que c'était en grande partie à cause de la cigarette et du fait qu'il soit ouvrier alors qu'il à soixante cinq ans. Ma mère s'en voulait parce qu'elle le laissait fumer. Parce qu'elle travaillait trop pour bien s'occuper de son mari, de la maison en général. Et je l'ai remarqué lorsque je suis arrivée à la maison, le soir après le premier examen.

Un bordel sans nom. L'huile était dans le frigo, des miettes oubliées d'être ramassé, la table désordonnée... Ça ne nous ressemblait pas. Le panier de linge était remplie depuis plusieurs semaines et puait la transpiration. J'avais l'impression de vivre avec Valerio. Des papiers jonchaient sur toutes les tables de la maison. Des papiers de banques, de l'hôpital, du travail, des lettres a moitié ouvertes par peur que l'on réclame de l'argent.

Papa ne pouvait toujours pas bouger de l'hôpital. Mais il scande qu'il doit repartir travailler.

« Ça va, ce n'était qu'un petit coup de mou, faut pas s'inquiéter. »

« Monsieur Chávez, si vous êtes en observation, ce n'est pas pour rien. »

« Ce n'est pas vous qui nourrissez ma famille! Comment je fais si je suis ici? »

« Papa, » Lui dis-je, « pas besoin de s'en prendre au docteur, il n'y est pour rien. »

Il fait ce qu'il faut faire. La fautive, c'est moi et mes caprices. Mon caprice d'aller dans l'université la plus prestigieuse de Madrid pour faire des études qui peuvent se faire n'importe où. Et mon appartement avec son loyer hors de prix, et mes sorties nocturnes. Je ne mérite pas tout ça. Je ne fais pas ce qu'il faut. Je n'aide pas mes parents, alors qu'ils sont endettés jusqu'à la nuque. Je ne rejette pas la faute sur Fran car déjà, il a eu la meilleure bourse, et parce que ses études le mèneront à quelque chose de concret. Astrophysicien, c'est beau comme futur. Ça claque.

Moi? Je me vois finir dans une boîte d'architecture de la ville, à ne pas aimer ce que je fais. Quitte à savoir que je ne vais pas aimer la prochaine tournure de ces évènements, autant tout arrêter maintenant, non?

« Bon, monsieur Chávez. Vous avez besoin de repos. Dans l'après-midi, on vous fera faire votre première séance de sport. » Mon père grogne lorsqu'il entend ça. Ma mère bâille, elle a du mal à dormir en ce moment. Sur le moment de me retourner pour prendre mon sac, mon père m'interpelle.

« Hija, où tu vas? »

« Je rentre à la maison, je vais faire le ménage. »

« Ce n'est pas à toi de le faire. »

« Ça ne me dérange pas, papa. » Je m'approche de lui et lui colle un bisou sur son front chaud. Il est bien fatigué.

« Tu restes? » Je chuchote à Fran. Il acquiesce.

Ma mère prend sa clé et dit « Je te ramène. » J'acquiesce et je salue mon père. Lorsque j'ouvre la porte de la vieille Toyota Corolla, le pare soleil de mon côté est ouvert et épingle un papier. Je le prends entre mes mains le temps que ma mère s'installe pour allumer le moteur. Je lis le papier affichant des horaires de travail tardives, au nom de Susanna.

« C'est quoi ça? » Elle ne me répond pas et se contente de passer la vitesse. « Maman. »

« C'est rien, c'est... un petit... stage rémunéré que j'ai dégoté. »

« Ne me mens pas. Tu as un deuxième travail? »

Elle souffle longuement. « Ça te regarde pas. »

« Bien sûr que ça me regarde! » M'écriais-je.

Promiscuité - Ander MuñozOù les histoires vivent. Découvrez maintenant