Labyrinthe et confessions

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Le 15 mai, à 8:00
J'ouvre les yeux après avoir passé une bonne nuit. C'est le soleil au dessus de nos têtes qui m'a réveillé aussi tôt. Je tourne d'un coup léger ma tête pour apercevoir Ander et son air béat lorsqu'il dort. Toute la nuit, à chaque mouvement que j'effectuais, il s'accrochait à moi, comme pour ne pas que je le quitte. Alors, je tente avec agilité de prendre mon téléphone sans faire un bruit en étirant mon bras jusqu'à la table de nuit et j'y parviens. Doucement, je pose ma tête sur son torse en déverrouillant le portable. Il est huit heures du matin et nous sommes un jour férié. Je soupire: putain. Qu'est-ce que je peux faire durant son sommeil? Est-ce que je devrai partir avant qu'il ne se lève? Après tout, cette idée est moins folle que de regarder Ander droit dans les yeux à son réveil, incapable de justifier ce que je fous ici, incapable de justifier nos actions. Même si je sens au fond de moi que nous avons rien fait de mal en se rapprochant, mon cerveau s'acharne à me dire que je n'ai rien à faire là. Une nouvelle fois, je soupire. J'emmerde ma conscience en levant ma tête vers le garçon au dessus de moi, assoupi.

Ma main se balade sur la frontière entre ses cheveux et son front. Je dessine ses contours et traits doucement et avec un grand rictus. Dès lors que je passe un pouce sur ses lèvres rosies, il doit ressentir la pression sur celles-ci puisqu'il ouvre les yeux tout doucement. Il les plisse à cause des rayons de soleil qui s'éparpillent dans la chambre. J'adore sa chambre, son appartement. Il est tellement chaleureux. Je me sens à l'aise ici. Les murs sont personnalisés de photos avec ses amis. Il a pris soin de modifier la disposition des meubles faite par les dirigeants de la résidence.

« Quelle heure est-il? » Grogne-t-il.

« Huit heures. Il fait super beau! »

« Ah bon. » Il répond, toujours dans les vapes. Il referme les yeux, prêt à retomber dans les bras de Morphée.

« Eh, eh! Ne t'endors pas. »

« Pourquoi? On a rien à faire aujourd'hui. » Il m'encourage à reprendre mon sommeil en m'enroulant dans ses bras.

Cependant, je ne cède pas. « On pourrait faire un truc? Se balader... je ne sais pas! Mais je ne veux pas rester enfermée. »

Il plisse ses lèvres et cligne plusieurs fois des yeux. « Au moins, laisse moi me réveiller. » J'acquiesce et reste dans la même position mais entrain de naviguer sur les réseaux sociaux. Je sens son regard noisette épier mes gestes. Il m'interpelle après avoir vu une photo d'une fille sur Instagram.

« Elle me dit quelqu'un. »

Je lève la tête vers lui. « Elle? » Je m'empêche de froncer les sourcils. Il acquiesce en me demandant de confirmer si elle était bien à la fac.

« Non, c'est ma cousine. Pourquoi, tu l'as trouve belle? » Je pouffe.

Elle est blonde aux yeux noisettes. Bronzée parce qu'elle passe toutes ses vacances à Porto, je ne vois Alice qu'aux dîners à Noël. Et chaque année, elle s'embellit et change de copain. Du haut de ses dix-huit ans, elle a ramené trois garçons, dont l'un était un camarade de classe. Donc, Ander serait de mauvaise foi s'il disait qu'elle n'est pas belle.

Le bouclé tire une grimace en remontant sa pommette et un plissant les yeux: « Ehm... » Il réfléchit, « C'est pas mon genre. »

Je roule des yeux. « C'est vrai, toi tu préfères les brunes. »

« Pas forcement. » Se contente-t-il de dire avant de changer de sujet. Je sens son ventre se contracter lorsqu'il se redresse. « Bon, on mange un truc et on sort, ça te va? »

J'acquiesce en me levant. Il aime clairement les brunes. Du moins, il les préfère. Je me demande soudainement: si je me teignais les cheveux, il me trouverait belle? Je n'y pense plus lorsqu'il m'adresse la parole. Nous mangeons rapidement quelque chose avant qu'il ne s'habille et moi me rhabille de mes vêtements de la veille dans la salle de bain. Il part vers le meuble de l'entrée, prend son casque et ses clés, et je reste bloquée sur le pas de la porte.

Promiscuité - Ander MuñozOù les histoires vivent. Découvrez maintenant