Promiscuité - Ander Muñoz

La belle vue

Le 22 mars, à 19:45
Lucrecia débarque enfin dans l'appartement. Ce soir, nous sommes censées avec Nadia passer une soirée entres filles. Ma colocataire est partie acheter des pots de glace et du vin. Malgré la liste que nous lui avons donné, elle a tout de même trouvé le moyen de se tromper.

« Marshmallow? » Demandais-je en prenant le pot froid dans ma main. « Depuis quand je mange du marshmallow? »

Elle hausse les épaules. « Depuis maintenant. »

« Je déteste la vanille. » Informe Nadia.

« Je te trouve dure chérie, j'ai tout fait pour trouver un parfum halal. »

Je lève les yeux au ciel. « Lu... » Commençais-je d'un air entendu.

« Eh bien, il semble que tu n'ai pas assez bien cherché, chérie. » Riposte l'invitée.

« Vous n'allez pas commencer! Merci Lucrecia de t'être déplacée, et tant pis pour les parfums. Maintenant, on s'assoit sur ce foutu canapé et on regarde un truc. »

Elles obéissent. Lucrecia enlève son manteau puis ses chaussures. Nous nous asseyons toutes lorsque Nadia a rapporté le vin et trois verres à pied.

« Tu as l'air un peu sur les nerfs Siro. »

Je hausse les épaules à la mexicaine. « J'ai beaucoup de travail. En plus, les examens ne vont pas tarder. »

« Tu es sûre qu'il n'y a que ça? » Répond-t-elle.

Je me mords la lèvre et fronce les sourcils. « Qu'est-ce qu'il pourrait y avoir d'autre? »

Elle fait virevolter ses yeux noisettes vers l'invité puis moi. « Je ne sais pas... Ander. »

Je me crispe et sent Nadia s'agiter. Lorsque je la regarde, elle devient stoïque puis Lucrecia me regarde en attente d'une réponse.

« T'es sérieuse Lucrecia? » Dit Nadia. « Elle en a déjà parlé, on ne va pas remuer le couteau dans la plaie. »

« Quoi? Elle en a peut-être parlé avec toi, mais moi je l'ai appris de la bouche de Carla, car Ander lui a raconté. »

« Qu'est-ce qu'il lui a dit? » M'empressais-je de demander.

« Je suis d'ailleurs vexée que tu ne m'ai pas raconté. »

« Dis-nous! »

« Il a dit qu'il t'avait fait une blague et que tu étais tombé dans le panneau. Et que tu étais trop naïve et susceptible pour comprendre la blague. »

« Ah donc il ne riait vraiment pas lorsqu'il disait que pour lui c'était une blague. » Je m'esclaffe. « Quel con. »

Je m'attends à entendre un petit encouragement de la part d'une des deux, mais personne n'ajoute quelque chose.

« Quoi? Je n'ai pas raison? » Je les regarde une par une.

Je me tourne vers Lucrecia qui lève ses mains en preuve d'innocence. « Je ne connais pas tous les détails. Si je m'exprimais, je serai en toute honnêteté avec Ander. »

Je lui explique alors en détail toute l'histoire de mon point de vue: lui seul est véridique.

Elle oscille les sourcils. « Il peut être un vrai con parfois. »

« Siro, je ne dirais pas qu'il a raison sur toute la ligne, mais vraiment, et réponds honnêtement: tu ne t'attendais pas une seule seconde à ce que ce soit faux? »

Je fronce les sourcils, confuse de sa réponse. Je laisse le silence planer: « Non Nadia! Je pensais qu'il était digne de me dire la vérité. »

« On parle de Ander, durant tout le temps que tu passes avec lui, tu ne t'es pas rendu compte que quelque chose clochait? »