Le 11 octobre, à 21h05
Niccoló est sur le pas de sa porte, me sourit avant de s'esclaffer. Je sens une présence et deux odeurs: une de transpiration et l'autre de pizza. Je me retourne, et je me retrouve face à face à un jeune livreur. Il a monté les cinq étages parce que les portes de l'ascenseur se sont fermées à son nez. Je m'excuse plusieurs fois à l'homme.« Je suis désolée monsieur. » Dis-je une dernière fois pendant que Niccoló insiste pour payer les deux pizzas. Je suis devenue cramoisie. Il s'écarte, tend son bras contre la porte pour que je passe. « Merci. » Je marche dans le couloir avant de voir la septième merveille du monde. Cet appartement doit être aussi grand que la maison de mes parents. Pendant qu'avec des yeux admirateurs j'examine chaque parcelle de ce logement, le garçon pose les pizzas sur l'îlot. Je ne savais pas qu'il avait tant les moyens.
Après tout, il a choisi l'université la plus chère du pays, donc finalement, ça ne m'étonne pas.
« Pose tes affaires! Te gêne pas. » J'acquiesce en posant ma veste. « Tu vas bien? »
« Oui, oui les cours m'ont fatigué. Et toi? »
Il fait une grimace montrant que il va plutôt bien. « Je t'ai pas demandé quel pizza tu aimais. Du coup j'ai pris une Reggina Bianca et une Napoletana. » Dit-il en prenant son accent naturel italien.
« Celle-là sera parfaite. » Indiquais-je quand j'arrive près de l'îlot. « Tu ne vas pas être déçu par ces pizzas? »
Il hausse les épaules et s'esclaffe: « On va bien voir ça. » Il me propose de m'assoir sur un tabouret. Nous le faisons. Je vérifie que j'ai bien laissé mon téléphone dans la poche de ma veste pour ne pas être dérangée. Toujours chaude dans le carton, je prends une part découpée par les soins de celui qui se tient face à moi. Je croque un morceau en pliant la pizza. « Oh Mamma Mia! » S'exclame-t-il lorsqu'il me voit blasphémer. J'avale ma bouchée avant de glousser.
« Quoi! » Dis-je en m'empêchant de rire.
Il prend sa part de pizza du carton. « Tu ne débutes pas par le centre, les coins où je ne sais quoi, mais par le bout! » dit-il et se met aussi à rire.
Je recopie ses faits et gestes quelque peu amusée. « Ça te va? »
« Nickel. »
Nous rions puis je lui avoue: « je ne savais même pas qu'on pouvait avoir un logement comme ça, il est magnifique. »
« Merci. Il m'a fait mouche quand je l'ai vu sur internet. »
Nous parlons quelques temps avant d'écouter la playlist Spotify qui joue derrière. Le garçon porte un t-shirt uni bleu foncé Levi's et un jean denim. Ses cheveux châtains clairs lui chatouillent la nuque et sa longueur les rends magnifiques. Il a un grain de beauté sur le haut de sa pommette.
« Alors, tu as déjà pensé à une stratégie? » Je lui demande pendant qu'il s'essuie ses commissures.
« En vrai, j'y ai pas vraiment pensé. »
Je m'esclaffe en pensant le samedi que nous passons à réfléchir sur des exercices qui nous sont inutiles.
Il s'affaisse sur sa chaise en croisant ses bras sur son torse. « On s'arrête jamais d'étudier finalement. » dit-il.
J'acquiesce. « Je t'avoue que je suis pas du genre à aller tous les soirs en club, mais sortir ne me ferait pas du mal. »
Il sourit et me raconte: « En Italie, j'arrêtais pas de sortir. Anniversaires, clubs. On faisait des fêtes sur le toit de l'école. »
« Et ça te rend nostalgique? »
Il approche son pouce et son index, les faisant presque toucher. Ça veut dire 'un peu'. Alors c'était vrai, les italiens gesticulent quand ils parlent. « Tu partages ton appartement? »
VOUS LISEZ
Promiscuité - Ander Muñoz
FanfictionLa notion de promiscuité désigne la grande proximité physique entre différents individus d'une même population ou de populations différentes. Dès lors que Siro Chávez pose le pied dans la plus grande université privée d'Espagne, elle se frotte et c...