Promiscuité - Ander Muñoz

Pressentiment

Le 9 avril, à 13:34
La dernière semaine était passée à la vitesse de la lumière. Mardi dernier, Nadia a surpris son père l'espionner depuis sa supérette. Elle se doutait de quelque chose lorsque Omar envoyait plein de messages où il lui demandait comment elle allait, alors qu'ils se voyaient tous les jours. Elle n'était pas étonnée car son père est de nature protecteur. Tellement protecteur qu'il n'avait pas digéré avant plusieurs jours la possibilité que sa fille soit enceinte. Par contre, la brune jugeait le comportement de sa mère bizarre. Elle, à contrario, était d'habitude très intrusive dans la vie de Nadia, alors n'avoir aucune nouvelle de la femme l'a fait mal.

« Elle a tellement toujours eu l'habitude de tout savoir de ta vie que d'apprendre ça, à ses dépends, elle s'est vexé. Enfin, c'est ce que je pense. » Lui ai-je dit.

Elle a haussé les épaules. « Je dois leur parler. »

Et ils ont parlé. Même beaucoup. Le résultat de cette discussion a été une énorme valise et deux sacs de courses remplis d'habits et de produits hygiéniques le lendemain, au pas de ma porte.

À mon réveil, pour aller en cours, elle a dressé une table copieuse remplie de croissants, tartines et jus pressé pour me remercier. Elle a tendu ses bras pour que je m'y niche.

« Merci pour tout ce que tu as fait. Je n'ai jamais eu de meilleure amie, et je sais enfin ce que c'est. Je ne te remercierai jamais assez pour m'avoir hébergé et aidé avec mes problèmes personnels. »

« C'est normal, Nadia. »

« J'y vais. Remercies aussi Lu. Mais pas trop, sinon elle va prendre la grosse tête. » Aussitôt avoir sorti un gloussement, elle prenait ses sacs à la main et ouvrait la porte. « On se voit quand tu veux. »

Ce jour là, j'avais gagné une meilleure amie.

Lucrecia n'avait passé qu'une soirée à la maison, et c'était Lundi. Sinon les autres jours, je ne la voyais qu'aux réveils. Un coup elle avait un rendez-vous avec un garçon, un coup elle allait en boîte ou alors son père est venu lui rendre visite. Alors, je me suis retrouvé très seule. Pour y remédier, Alba a dormi chez moi deux jours de suite où pendant ce séjour, nous avions parlé de tout ce qu'il s'était passé dans notre vie. Nous ne nous étions plus vues depuis quelques semaines.

« J'ai rencontré un garçon, il s'appelle Ruben. »

« Je crois l'avoir vu à une fête organisée par sa fraternité. Il est cool et très avenant. »

« Je l'ai aussi rencontré à une fête. Il m'a servi un verre puis a passé la soirée ensemble à parlé, puis... »

« Puis vous avez couché ensemble, on connaît la suite. »

« Non! » Elle avait soufflé dans la paille pour faire des bulles, comme une enfant avant de me répondre: « C'est la première fois depuis mon premier petit copain que je ne couche pas le premier soir! » Alba a fait sa première fois à quatorze ans, trois ans et demi avant moi. En réalité, nous n'avons pas grand chose en commun, mais elle est de bonne compagnie, et j'imagine qu'elle doit penser la même chose. On aime aller aux soirées ensemble, rester chacun de son côté, faire des soirées pyjama, puis ne plus se contacter pendant les vacances. J'avais fait mes premiers pas à l'université avec elle, et même si elle n'est pas comme moi, ça ne fait pas d'elle une fille méchante, loin de là. Elle est juste étourdie et toujours amusée par tout. Ses cheveux ont poussé et elle s'est posé des faux cils, ça met ses jolis yeux verts en valeur. « Et toi? Qu'est-ce qu'il s'est passé? Tu as passé ton concours? »

J'ai haussé les épaules. « J'ai failli ne pas le passer. »

« Pourquoi? »

« À cause d'Ander. »