Onze heures, nord ouest

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Le 18 mai, à 9:59
Je prends place dans l'amphi pour mon cours de philosophie. J'allume mon ordinateur et patiente le temps qu'il charge. Pendant ce temps, je tourne la tête et entrevois Ander, assis à quelques places loin de moi. Je gigote légèrement ma tête pour essayer de voir ce qu'il fait, ma vue étant obstruée par une personne. Un stylo remplace sa cigarette. Le stylo bille est coincé entre ses lèvres et tient seul. Une main est trop occupée à soutenir sa tête alors que l'autre s'amuse à faire un rythme en tapant ses doigts à la table. Il a l'air plus que concentré. Au moment où je me suis dit que je devrai le laisser seul, mon corps le guide vers le garçon. Rapidement, je me retrouve derrière lui avec toutes mes affaires dans les bras.

« Je peux? » Peinais-je à dire, en jonglant avec mon ordinateur et des papiers. Il se retourne et il est temps de pointer la place libre à ses côtés. Il a l'air dans les vapes puisqu'il secoue sa tête en moins d'une seconde avant de me dire:

« Oui, oui. Bien-sûr. » Ander m'aide en prenant mon ordinateur et en le posant sur la table. Je balance mon sac à dos avant de m'assoir, en soupirant.

Il se concentre de nouveau sur son papier qui se dresse face à sa bouille, prête à le manger.

Je fronce les sourcils, « Ça va? » Il me donne un regard avant d'acquiescer. « T'es sûr? Parce que ça a pas l'air. » Je ne lui donne pas le temps de répondre que je poursuis: « C'est quoi, ce papier? »

Il pose son coude pour se tourner vers moi, l'air amusé: « Tu n'arrêtes pas de poser des questions. »

J'arque un sourcil: « C'est une question? » Il glousse avant de s'humidifier la lèvre en la léchant. Le brun fixe sa feuille avant de finalement me répondre, en la pliant et en la cachant dans son sac.

« C'est rien. Ce sont des papiers administratifs. »

Il a peut-être rangé sa feuille, mais à mon plus grand plaisir, il a gardé le stylo. Il s'empresse de coincer entre ses dents le bout de plastique. Il le fait tourner avec ses doigts, en le mordillant. Je ne sais pas si quelque chose cloche avec moi, parce que là, tout de suite, je le trouve très attirant. Trop. Il est de profil et regarde la femme arriver pour animer son cours. Sa mâchoire se contracte légèrement et son grain de beauté lui va très bien. Sans parler de sa boucle d'oreille. Ça, je ne l'ai jamais caché, j'ai toujours dit qu'il s'habillait très bien, qu'il était même, finalement, le plus beau du groupe à mes yeux. Ouais. Aujourd'hui, à dix heures du matin, je le trouve sexy. Je me suis éclaircie la voix en dirigeant mon regard vers mon ordinateur, cramoisie.

Une vingtaine de minutes avant que le cours ne se termine, j'empoigne mon téléphone et pianote.

Siro
Bonjour, c'est Siro. Je pense terminer et donner le projet demain.

Je sens une paire d'yeux noisette fixer l'écran de mon téléphone. « Je sais pas si t'es au courant, mais t'as pas besoin de dire que c'est toi, dans le message. » Il pointe le haut de l'écran et continue. « Il est déjà écrit là. »

Je me tourne vers lui et me mords l'intérieur de la joue. « Si je me rappelle bien, je ne me souviens pas t'avoir donné la permission de fouiner dans mon téléphone. »

« Si ce que tu appelles 'fouiner' c'est lire par mégarde, alors je suis coupable. »

Je lève les yeux au ciel avant de recevoir une notification. Je déplace mon téléphone de façon à ce qu'il ne puisse pas lire.

Secrétaire de Rosón
Bonjour, monsieur Rosón sera en déplacement pour l'après-midi. Il est impératif de le rendre demain matin, 11h au plus tard, merci.

Je soupire avant de poser mon téléphone sur la table. Je dois le terminer à tout prix ce soir. Une dizaine de minutes plus tard, quelque chose me revient en tête.

Promiscuité - Ander MuñozOù les histoires vivent. Découvrez maintenant