L'arroseur arrosé

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Le 17 mars, à 18:03
Toujours tourmentée mais un peu plus calmée que sur le trajet, je lui demande si elle désire quelque chose. Sur le point de répondre, elle se fait interrompre par sept coups parfaitement rythmés sur la porte. Il n'y a qu'Ander pour toquer comme ça, mais je crains frôler la folie à force de penser à lui.

« Ça doit sûrement être ton frère. » Lui dis-je en me levant, et en me dirigeant vers la porte. C'est bien Ander, qui me contourne et entre comme chez lui.

« Salut. » Me dit-il. Je fronce les sourcils, étonnée que désormais, nous nous saluons.

« ... Salut. » peinais-je à dire. Je pouvais l'insulter de tous les noms facilement, mais des mots respectueux, avec Ander, on ne s'en dit pas tous les jours, d'où la lenteur dont j'avais fait preuve pour le saluer. Je secoue la tête. « Qu'est-ce que tu fais là? »

« Qu'est-ce que tu as? » Lève la voix Ander vers Nadia, affalée dans le sofa dans la même position qu'avant. Elle se lève doucement et se place face au bouclé qui tient un papier. Je regarde ce dernier, interloquée. Ils se regardent et il ouvre ses bras, où elle part se nicher. Je vois son corps sursauter et sa voix vriller légèrement lorsqu'elle lui explique tout ce qu'il s'était passé. Il caresse tendrement son dos en la berçant tandis que je me crispe.

Je me déteste lorsque je me rends compte que je palis de jalousie. Pourquoi les autres ont-ils le droit de voir en Ander un garçon sincèrement attachant et moi je dois me résigner à me coltiner quelqu'un qui me rend chèvre et qui est complètement lunatique. Ce n'est pas juste! Je n'ai rien fait à Ander pour qu'il ne m'aime pas. Croit-il que je ne mérite pas son amitié? Méritais-je son amitié?

Je me recentre et les regarde se séparer. Il passe une main dans ses cheveux bouclés. « C'est quoi ce papier. » Demandais-je plus froid que prévu.

« Ça ne te regarde pas. »

« Si ça ne me regardais vraiment pas, tu l'aurais caché dans ta poche pour ne pas que je te demande. »

« On ne peut rien te cacher à toi. » Nadia s'éloigne avec son téléphone à l'oreille vers le balcon. « C'est les sujets du concours. »

J'écarquille les yeux en trottinant vers lui pour m'accaparer des sujets. Lorsque je suis à deux doigts de l'attraper, il lève son bras au dessus de sa tête. Je me mets sur la pointe des pieds et tends le bras bien haut. « Donne! » Ordonnais-je.

« Ouh. » commence-t-il, amusé de me voir m'agiter rien que pour son plaisir. « On s'est levé du mauvais pied? Siro est toute ronchonne. »

« Donne-moi ce foutu papier! »

« Je te l'aurais donné si tu ne t'étais pas lancée sur moi comme une furie. J'aime pas trop ça. »

« Oh arrête. » Je me repose sur mes pieds, nus. « Tu aimes quand c'est sauvage. » Le provoquais-je.

« Ce sont les filles qui sont passées dans mon lit qui t'ont dit ça? Eh bien, je me suis fait une petite réputation. »

Il a le don de retourner tout à son avantage. Et ça m'énerve parce que je n'arrive pas à le faire.

« Qu'est-ce tu fais là? » Répétais-je. Je m'éloigne d'un pas.

« Je suis venue pour te parler des sujets. »

« Eh bien si tu ne veux pas me les donner, tu sais où est la sortie. »

Il lève les yeux au ciel et me le tend, en fuyant mon regard. Je remarque que lorsque la situation n'est pas prometteuse pour lui ou le rend défaitiste, il échappe aux regards. C'est son issue de secours. Je trouve ça dommage, parce qu'il a de très beau yeux noisette. Si seulement il arrêtait de me jeter des regards désintéressés et agressifs avec, le monde, mon monde serait plus calme.

Promiscuité - Ander MuñozOù les histoires vivent. Découvrez maintenant