Je n'ai pas gagné, je t'ai perdu

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Le 25 avril, à 13:09
J'arrive à Madrid après six heures de train. J'ai laissé toutes mes affaires chez mes parents, puisque je pense passer mes deux derniers jours ici. Lorsque ma colocataire a entendu que je venais ici, elle et Nadia se sont dévouées à me raccompagner, en me payant le taxi. Je tiens ma veste entre les mains et descends du train. À peine avoir fait mes premiers pas sur le quais sans avoir eu le temps de lever la tête vers la gare, je reçois un message.

Lu
Tu es où??

Je regarde autour de moi et je la retrouve finalement à quelques mètres de moi, sur un banc, avachie. Automatiquement, mon plus grand sourire sort avant de courir vers elles deux sans qu'elles ne m'aient vues. Quand je sors un petit cri, elle tourne la tête et en une fraction de seconde un sourire se dessine sur leur lèvres. Je saute dans leurs bras et elles m'accueillent avec des petits cris.

« Tu nous as manqué! » S'exclame Lucrecia en caressant mes cheveux.

« Où sont tes valises? »

Je leur sort une mine embêtée en me grattant la nuque. Je glousse nerveusement avant de leur dire: « Je vous en parlerai plus tard. Bon, on y va? » Elles acquiescent et tout en quittant l'endroit, je me pose entre elles deux, bras dessus bras dessous.

Lu s'écrie: « Oh! Et si on mangeait au restaurant? »

Je regarde Nadia pour voir ce qu'elle en pense. J'espère qu'elle refusera, puisque je n'ai plus d'argent sur moi.

« Peut-être que Siro est fatiguée de son voyage... » Nadia hausse les épaules.

« Mais regardez-moi ce temps! C'est la première fois qu'il fait aussi beau, c'est un signe qu'il faut manger en terrasse! »

« Lu, j'ai dépensé tout ce que j'avais pour le billet de train. »

« Je vous invite. » Riposte-t-elle. On dirait qu'elle supplie, presque. Nous ne trouvons rien d'autre à faire que d'acquiescer. Lorsque le taxi nous laisse dans le centre-ville, la brune devenue presque blonde durant mon séjour nous guide vers un grand restaurant s'étalant sur une grande partie de la place. Nous nous asseyons à table et les filles me racontent les commérages que j'ai raté.

« Emma et Lucía se sont battues devant tout le monde, la semaine dernière. »

« C'était pathétique. » Commente ma colocataire.

Nadia acquiesce. « Pourquoi elles se sont battues? » Demandais-je.

« Personne ne sait vraiment, mais les rumeurs fusent. J'ai entendu que Emma a balancé la sextape de Lucía. »

Je tire une mine dégoûtée. Quelle horreur de faire ce genre d'acte. Je ne ferai même pas ça à mon pire ennemi, par respect. Ce sont ces genres d'actes qui montrent que les filles peuvent être des garces, et des grosses garces tout droit descendues d'enfer lorsqu'elles sont entre elles.

« Guzman m'a avoué qu'Ander y est pour quelque chose— »

Je virevolte vers Nadia, qui est à ma droite. « Sérieusement? » La coupais-je. Elle acquiesce tandis que je sens mes membres se crisper.

« Il était énervé qu'elles soient jalouses, alors il a dit qu'il ne voulait plus jamais les voir. » Elle glousse et continue: « Le lendemain matin, il est allé voir Lucía à part pour lui dire que tout était de la faute à Emma. L'après-midi, il a fait l'inverse: donc vendredi dernier, c'était sûr qu'il allait se passer quelque chose. »

« Mais alors, ce n'est pas lui qui a divulgué la vidéo? »

« Siro. Ander est peut-être une garce, mais ce n'est pas un chien. » M'apprend la fille en face de moi. Ça me soulage de savoir que je... je ne traîne pas avec ce genre de garçon.

Promiscuité - Ander MuñozOù les histoires vivent. Découvrez maintenant