Être au pied du mur

404 12 0
                                    

Le 1er mai, à 10:50
Je me réveille et vérifie les notifications sur mon portable. Je n'en n'ai aucune qui sont importantes. Je souffle et quitte mon lit. Lorsque j'ouvre la porte, je me rappelle que mon frère est ici. Alors je la referme doucement avant d'ouvrir les stores pour que le soleil nous réveille bien. J'entends Fran grogner avec le peu de voix qu'il a et je me tourne vers lui, mal avachi dans le canapé trois places. La capuche de son sweat cache sa tête, qui elle tient sur son bras mort. Il a mit le coussin entre ses jambes qui sont pliées car trop grandes pour le sofa. Il n'a pas dû passer une bonne nuit. Doucement, à son niveau, je m'accroupis vers lui et l'interpelle à voix basse.

« Je dois passer au bureau de mon patron, tu veux venir? »

« C'est férié, aujourd'hui. Tu travailles quand même? » J'acquiesce. « Argh, j'ai trop la flemme. Vas-y, je reste là. »

Je tire la moue. « Allez, frérot. On pourrait se faire un brunch avant que tu ne partes. »

« Tu sais que je n'ai pas faim, le matin. »

« Sauf qu'il est onze heures. » Je me lève avant de soulever mes cheveux, les conséquences de la chaleur se retrouvent tous au même endroit: ma nuque. « Et Lucrecia va bientôt se lever. »

En moins de trente secondes, il a réussi à se tenir au garde-à-vous, les cheveux ébouriffés par sa nuit tourmentée. Je ricane à son comportement.

Il se trouve que la nuit dernière, ils ont beaucoup discuté. Enfin, elle a beaucoup parlé. Il ne pouvait pas placer une seule parole. Alors, dès qu'elle avait le dos tourné, il me donnait son regard qui signifiait qu'il n'en pouvait plus. Un regard suffit pour qu'on puisse se comprendre. C'est le genre de regard que tout le monde comprend: les yeux grand ouverts, à la limite de tomber et de rouler sur la table. La bouche remplie d'air mais cousue. J'avais haussé les épaules et je l'ai laissé patauger tout le reste de la soirée en allant me coucher.

Je me suis douchée le temps qu'il range ses affaires. Ensuite, pendant qu'il se prépare dans la salle de bain, j'ai arrangé mon lit et me suis rapidement habillée. Une dizaine de minutes plus tard, nous sommes prêts, ma pochette de dessins bien emprisonnée entre mes bras, faisant soupirer mon frère.

« Pas besoin de les tenir comme ça, ils ne vont pas s'envoler. »

Je verrouille l'appartement après sa sortie et nous prenons l'ascenseur. « Ce n'est pas toi qui a passé des soirées à les faire, alors ta gueule. »

Il glousse et regarde ses chaussures avant de tourner la tête de soirée à gauche: « T'es vraiment trop vulgaire comme fille. Tu te rappelles quand tu disais 'flûte!', 'mince!', 'saperlipopette!' devant les parents jusqu'à ta majorité? »

Je serre ma mâchoire et nous arrivons rapidement à l'arrêt de bus. Il passe dans cinq minutes, normalement.

« Et toi? Tu te rappelles quand un faux prince africain avait besoin de deux cents euros pour quitter son pays, et tu lui a donné les données bancaires de papa? » Je me mets à rire de toutes mes forces.

Il me donne une tape dans le bras avant de monter dans le bus. Nous restons calme dans le bus, mais cette anecdote m'empêche de rester à ma place. « Arrête! Papa s'en est rendu compte avant qu'il ne soit trop tard! » Dit-il doucement mais à la fois sec, irrité parce que j'ai trouvé son point sensible. « Puis j'avais dix ans. »

« L'âge ne pardonne rien. » Pouffais-je. En une dizaine de minutes, nous nous retrouvons dans le centre de la capitale. Je lui fait rapidement visiter, puisque tout est fermé aujourd'hui. En nous promenant quelques mètres, nous nous retrouvons devant le siège social de l'entreprise de Monsieur Rosón. Il a l'air ébahi. Le bâtiment est énorme vu de l'extérieur, mais de l'intérieur il est gigantesque.

Promiscuité - Ander MuñozOù les histoires vivent. Découvrez maintenant