Une retrouvaille inattendue

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Le 26 avril, à 20:04
« Merci. Merci à chacun d'entre vous. À vos relations, à vos parents. Qu'est-ce que j'aurais fait sans vous? » Je glousse mais je n'en deviens pas moins émotive. Je commence à avoir une crampe à mon annulaire à force de tenir la flûte. Il me regardent tous, Guzmán et Omar ont leur bras posé sur mes épaules, désormais légères. « Je vous suis redevable, à tous. Ça m'a vraiment touché. Alors, je lève mon verre à vous tous, qui êtes ma plus belle rencontre. » Avouais-je avant que les verres ne se cognent et font résonner le tintement. Je bois le champagne avant que tous les autres ne créaient une grande embrassade.

Tout le monde sort un petit cri prouvant qu'ils sont déjà ivres et vaquent à leurs occupations. Je regarde autour de moi mon appartement qui est plongé dans l'obscurité. Nous sommes illuminés par un grand stroboscope et un projecteur. En plein mois d'avril, je me retrouve à avoir chaud. Alors j'ouvre la porte de la terrasse et m'y niche en ne pensant à rien pendant quelques minutes. Enfin, c'est ce que j'ai dit lorsque Valerio m'a interrogé. Je ne sais pas s'il y a cru, puisque ça semble être écrit sur mon front. Ander Muñoz. Je pense à lui. 

Je regarde son appartement vide de toute vie. Je le fixe et repense à la dispute que nous avions eu, la veille, alors que nous nous embrassions. Qu'est-ce qu'on est cons, et pas ordinaires. On ne pouvait pas passer dix minutes sans s'engueuler. Ensuite, on a passé le reste de notre temps à se toucher, frissonner. J'étais troublée. J'ai, pour la première fois, couché avec un garçon qui n'est pas mon copain. Et j'espère que c'est la dernière fois. Car oui, peut-être qu'Ander est à mes yeux le plus beau garçon que j'ai rencontré, fort au lit et à la fois doux, avec lui je me pose trop de questions. Trop de questions qui signifient que je me prends trop la tête avec notre relation. Et je ne peux pas vivre comme ça. Tout le monde l'a deviné, je ne suis pas le genre de fille qui vit au jour le jour. Ça me rend trop anxieuse. 'Où va-t-on', 'comment y va-t-on', 'que va-t-il se passer' sont des questions que je ne me poserai jamais si j'ai étudié la situation. Évidemment, je ne suis pas toujours maître de la situation. Mais si quelque chose m'échappe, je fais confiance à mon instinct. Et tout de suite, mon instinct me dit d'aller parler à Ander afin de mettre les choses au clair.

Je crois que Valerio est entrain de me parler. Mais tout ce qu'il me dit entre dans une oreille et sort de l'autre.

« ... se réveille en m— »

« Tu sais où est Ander? » Le coupais-je. Je tourne ma tête vers lui, sa bouche était sur le point de continuer son histoire. Il hausse brièvement les sourcils et ses épaules et en tournant la tête vers l'appartement du bouclé.

« Je sais pas. Il a dû être invité autre part. Pourquoi? »

J'hausse les sourcils pour marquer ma réponse qui me paraît évidente: « Je sais pas, d'habitude il vient tout le temps. »

« Ah. Eh bien, j'en sais rien d'où il est. » Je hausse les épaules. Au cours de la soirée, j'ai demandé à plusieurs personnes, mais personne ne sait vraiment où il est. Est-ce que je dois m'inquiéter? Non, il est peut-être à une autre soirée. Ou peut-être qu'il m'évite. Il est de ce genre? Je n'espère pas, sinon ça ne facilite pas la tâche. Je vais juste lui envoyer un message.

Tu m'évites? On peut se voir pour parler?

Guzman apparaît, suffisamment soûl pour ne plus savoir ce qu'il dit ni ce qu'il fait. Il me pousse sans faire exprès et se retourne. Il prend mon téléphone et l'approche très près de ses yeux. Il a une démarche bancale et met trop de temps pour lire le message. Je récupère rapidement mon téléphone avant de le verrouiller, je l'enverrai plus tard.

« Tu parles à Ander? » Fait-il, le dos avachi.

Je pouffe, quelque peu gênée. « Quoi? Non... Je ne dirai pas qu'on parle. »

Promiscuité - Ander MuñozOù les histoires vivent. Découvrez maintenant