Des adieux en bon terme

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Le 14 janvier, à 14:00
Alba me parle de je ne sais quoi. À vrai dire, j'ai la tête ailleurs car j'essaie de retrouver qu'elle est la chose importante qui doit se passer aujourd'hui, mais je ne trouve pas.

« Hm... » Commençais-je en interrompant mon amie. « Comment cela se fait que le réfectoire soit aussi... vide? »

Elle regarde autour d'elle et remarque la facilité de se déplacer, puisqu'il n'y a plus de foule.

« Ah. » Se rappelle-t-elle. « Les étudiants étrangers sont sensés... »

« Partir aujourd'hui. » Je dis en même temps qu'elle.

J'écarquille les yeux. Niccoló part aujourd'hui. Je notifie Alba de la nouvelle, elle sait absolument tout ce qu'il s'est passé.

« Et donc? Tu vas faire quoi? Aller le voir? »

« Je ne sais pas. Je devrai? »

« D'un côté, vous vous êtes tout dit, vous n'êtes plus ensemble et ça s'est mal terminé. »

Je regarde mon assiette vide.

« D'un autre... Vous étiez amis? Je ne sais pas. Fais comme tu le sens. »

Mon instinct me dit d'aller le voir, pour clarifier certaines choses avant son départ.

Je me lève et commande rapidement un taxi pour aller à l'aéroport.

Après vingt minutes et avoir donné quarante euros —ça m'a fait mal— j'arrive à l'aéroport, vide. Après quelques minutes à marcher dans le hall, j'arrive devant le tableau affichant les départs et arrivées des avions.

Je lis le panneau. Le vol pour Rome est prévu à seize heures et quart. Je suis arrivée plus tôt que les étudiants.

Je piétine dans tout l'aéroport en attendant. Je me dirige une vingtaine de minutes plus tard vers le stand d'enregistrement des billets. Je vois une masse de jeunes entourés de valise.

J'essaie de trouver le châtain, mais ils se ressemblent tous, ce n'est pas croyable. Je retourne les gens et les interpelle. Après avoir reçu plusieurs mauvais regards, j'abandonne et pars m'assoir sur un siège.

Quelques minutes plus tard, aussitôt lassée de fixer mon reflet dans le carrelage, je vois des chaussures que je reconnais. Ce sont les Lacoste d'Ander. Je lève la tête et d'un air interrogé, je lui demande: « Qu'est-ce que tu fais là? »

J'espère que lui aussi il part, loin de moi afin de ne me causer plus aucun problème. Mais il n'a pas de bagage, rien qui prouverait qu'il s'enfui de Madrid.

« J'amène un ami à moi. Son avion vient de partir. »

Je ne réponds pas et prends ma tête dans mes mains avant de chercher du regard le châtain. Il reste encore devant moi.

« Tu veux quelque chose? » Je rabats mon regard vers le bouclé, stoïque.

« Comment tu es venue? » Me demande-t-il tout en m'épiant.

« En taxi. »

« D'accord, quand tu as fini, tu repars avec moi. »

Je lève le regard vers lui, intriguée. En temps normal, il ne m'aurait jamais proposé ceci. Je suis sûre qu'il culpabilise. Il faut l'avouer, il a raison de culpabiliser. Je n'étais pas la seule à l'embrasser.

« Et pourquoi je devrai repartir avec toi? »

« Parce que le trajet te coûtera encore quarante euros, et tu mettras une heure en métro. Je crois que ça suffit comme raisons pour que je te paie le retour.

Promiscuité - Ander MuñozOù les histoires vivent. Découvrez maintenant