Tapis!

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Le 29 mars, à 20:59
Le concours s'est très bien passé. Plus pour mon adversaire que moi, mais ça m'importait peu. Puis, madame Giani nous a affirmé que nous avions excellé, et le jury a classé Ander sur la troisième place du podium. Pour fêter cette victoire, Carla nous invite à manger dans un restaurant. C'est d'ailleurs cette dernière qui toque à notre porte. Je pars ouvrir et je découvre la blonde parfaitement coiffée et maquillée. Elle me salue d'une bise et part s'assoir en discutant.

« Les autres ne vont pas tarder. »

J'acquiesce. Elle trouve que je suis très belle, même trop.

« Comment ça? » Je pouffe à ce qu'elle dit, un soupçon d'interrogation dans mon regard.

« Je ne sais pas! » S'écrie-t-elle d'excitation. « J'ai l'impression que tu t'es mise sur ton trente-et-un. »

Avec ma robe satinée noire de mauvaise qualité, je fais tache face à elle. Mes cheveux sont comme d'habitude, quoique si on regarde avec une loupe, on peut voir qu'ils ont légèrement brunis à la racine. Je sens le fond de teint s'incruster dans ma peau. Carla ment, je ne vois que ça.

« Pas du tout. » Répondais-je. « Je ne me suis faite belle pour personne, si c'est ce que tu crois. »

Elle n'a pas le temps de répondre qu'on toque à la porte. Je pars l'ouvrir et tombe sur Valerio et Cristian. Je les invite à rentrer, et Valerio me secoue en me prenant dans les bras, content de ma réussite pour le concours. Il porte un t-shirt vert foncé et par dessus une chemise en soie véritable brodée Prada. Son bleu marine s'associe très bien au vert.

Nadia sort enfin de la salle de bain, pile à temps pour ouvrir la porte à Ander. Son kimono kaki allonge ses jambes pendant qu'elle défile jusqu'à la porte. Le bouclé lui salue d'un sourire tendre avant de la prendre dans ses bras. Il se décale et apparaît complètement devant nous. Il nous salue de la main avant de la cacher dans la poche de son pantalon à pince noir. Il est coiffé de la même façon: il ne dompte pas ses bouclettes brunes, il les laisse aller partout et ça lui donne un style. Je sens qu'il fuit mon regard, mais je ne sais pourquoi. Il se contente de parler avec l'autre bouclé en passant une main sur son menton en regardant la terrasse. Je ne peux avouer qu'il est beau.

Aussitôt l'arrivée de tous nos amis dans l'appartement, nous le quittons pour prendre un van, en route pour le restaurant. Rapidement, nous débarquons dans le centre ville et entrons dans la masse de passants. La rue est magnifiquement bien illuminée, l'insouciance qui règne sur nos visages me procure une sensation de soulagement et je me dis enfin que Madrid, avec eux, c'est là où je suis sensée être. C'est ma place. Me voyant stoïque dans la rue, admirant tout à la fois, Marina, en face de moi se retourne et me tend sa main. Je lui souris et nous faisons notre petit bonhomme de chemin.

Un restaurant prestigieux se dresse à mes pieds. Je vois les souliers de mes amis entrer naturellement, tandis que je reste coincée sur le palier à examiner de font en comble le hall. L'intérieur est emplit de gravures dorées et de frises romanesques. Ça ne m'étonne pas, venant de Carla. Je vois une sophistication que elle seule est dotée dans la camaraderie.

« Siro. » M'interpelle Ander derrière moi. Il est là, seul face au restaurateur. Je ne me retourne vers lui que lorsqu'il me surprend à poser sa main sur mon épaule. « Tu ne t'es pas dit que peut-être c'est tout aussi beau à l'intérieur? Voire plus beau qu'ici? Allé. » Il m'indique d'emboîter le pas et j'obéis. Nous retrouvons rapidement les madrilènes assis. Nous les rejoignons et je m'installe à côté de Lucrecia et en face de Marina. Face à la brune, Ander pose sa veste sur sa chaise. Rapidement, un serveur semble nous être assigné et rejoint notre table. Il ouvre un débat en demandant ce que nous voulions boire.

Promiscuité - Ander MuñozOù les histoires vivent. Découvrez maintenant